Un petit magasin de chaussures dans une camionnette. Bertrand Pfister est cordonnier, et vend sa marchandise sur les marchés ou dans les villages au cours de ses tournées. Il aime que ses clients trouvent chaussure à leur pied et répare aussi leurs précieuses paires dans son atelier, à Lichtenberg.
Bien calées sur les étagères inclinées de sa camionnette aménagée, les baskets, sandales et autres chaussons ne bougent pas d'un pouce pendant le trajet. Même sur les routes de campagne un peu cahoteuses. Il faut dire que Bertrand Pfister les connaît bien, ces routes. "Je n'ai jamais aimé rester enfermé dans un magasin, c'est pour cela que je fais mes tournées et les marchés depuis 34 ans", nous raconte-t-il.
Une camionnette reconnaissable au klaxon
Ce jour-là, direction Schillersdorf, avant de faire étape à Mulhausen. Les villages qu'il parcourt en tournée sont un peu isolés, et ne comptent pas de magasin de chaussures. Les mêmes, souvent, que ceux qu'il traversait déjà avec son père, cordonnier lui aussi, jusqu'à ce qu'il prenne sa retraite. Certains villageois connaissent d'ailleurs Bertrand Pfister depuis cette époque. A l'instar de Lily Merckling : "J'achetais déjà chez son père. Il y a le choix, il laisse le temps au client de se décider, et les prix sont raisonnables!"
Lorsque le cordonnier itinérant arrive dans une commune, on le reconnaît à son klaxon. Bertrand Pfister marque plusieurs arrêts, et ouvre en grand la porte de son magasin ambulant avant d'attendre les clients. L'affluence est variable et dépend pour beaucoup de la météo, comme sur les marchés où on le trouve trois jours par semaine. Mais il assure qu'il ne changerait de métier pour rien au monde.
Un atelier à Lichtenberg
D'autant plus qu'il a aussi d'autres cordes à son arc. Dans son atelier, le même que celui de son père, au pied du château de Lichtenberg, il répare semelles et talons. Au bas de la fenêtre trône une énorme machine venue d'une autre époque : un banc de finition hérité de son père, cordonnier et orthopédiste. Il sert à polir et limer le caoutchouc qu'il colle et cloue sous les mocassins et bottines de ses clients. "J'ai toujours connu cette machine, elle a plus de cinquante ans. J'étais tout le temps fourré dans l'atelier paternel", raconte Bertrand Pfister. "Et je compte bien faire ce métier jusqu'à la retraite!"