Après des semaines de confinement et de frontières fermées, le secteur des Trois Frontières, tout au sud du Haut-Rhin, se prépare à une lente reprise de ses activités touristiques. Il compte sur ses voisins suisses et allemands, qui représentent d'ordinaire plus de la moitié des nuitées réservées.
La région des Trois Frontières, vers Saint-Louis (Haut-Rhin), accueille 250 000 touristes chaque année. La plupart viennent pour des activités d’extérieur, des balades le long du Rhin, des randonnées en forêt… mais aussi pour des activités nautiques au parc des eaux vives à Huningue, pour flâner au sein de la Petite Camargue Alsacienne ou pour visiter le château du Landskron, à Leymen.
Mais avec le coronavirus qui a durement frappé le Haut-Rhin ces dernières semaines, l’image de la région s’est ternie. "A présent, cette image est triste", déplore Gérard Kielwasser, président de l’office de tourisme du Pays de Saint-Louis. "Il faut tout faire pour la redorer et redonner envie aux gens de venir chez nous", poursuit-il. Pour cela, l’office de tourisme travaille de concert avec ses homologues suisses et allemands. Le but : qu’aucun touriste ne s’empêche de venir par peur.
Mais si la région compte sur ses voisins suisses et allemands pour le tourisme de loisirs à l'horizon de cet été, elle vit surtout du tourisme d'affaires. 70% des nuitées réservées le sont par des hommes et des femmes venant pour leur travail. C'est le cas chez Marie-Jeanne Morgen, qui tient 5 chambres d'hôtes à Leymen. Plus de la moitié de ses clients sont suisses et allemands. Mais depuis le 14 mars, où elle a accueilli son dernier client, "c'est la pause. Plus personne n'est venu". Avec la fermeture des frontières et le confinement, son activité a totalement cessé. Mais Marie-Jeanne Morgen reste optimiste : "cela fait 10 ans que j'ai ouvert. Les réservations reprendront, c'est certain", assure-t-elle.
Si elle se montre confiante, c'est parce qu'elle compte sur le retour de ses touristes d'affaires, d'ordinaire nombreux. "Je figure dans le prospectus de Bâle-Ville ainsi que dans celui de Bâle-Campagne, ce qui me ramène toujours des clients. Ils sont distribués un peu partout, dans les banques, dans les hôtels...". Même si elle ne compte pas de réservation pour le moment, Marie-Jeanne Morgen est persuadée qu'avec la réouverture des frontières, les clients reviendront.
J'avais peur pour l'hôtel et les employés
A quelques kilomètres de Leymen, à l'hôtel Jenny à Hagenthal-le-Bas, le constat est le même. Pas de réservation des semaines durant, mais avec le déconfinement, l'activité reprend son cours. Là aussi, les Suisses et les Allemands représentent la majorité de la clientèle : 52%. "La semaine, ce sont plutôt des gens d'affaires, et le week-end, certains viennent pour faire de l'équitation ou du golf'", explique Monique Koehl, propriétaire.
A présent, la fin du mois de juin et le mois d'août sont bientôt complets. Un soulagement après des semaines d'angoisse. "La situation était tellement incertaine... nous nous demandions déjà ce que nous allions faire de tout cela si la crise s'empirait. Rénover et en faire des appartements ? Ou bien une maison de retraite ? Ou alors tout vendre ? C'était déjà dans nos idées. J'avais peur pour l'hôtel et pour les employés", confesse Monique Koehl.
Monique Koehl se réjouit : "quel plaisir d'accueillir à nouveau nos clients. Même si tout le monde porte un masque et que cela empêche de voir le sourire, nous avons à nouveau ce contact, cette convivialité... ce qui fait notre vie." Le coronavirus aura marqué l'histoire cet hôtel, créé en 1930, mais pour le personnel, l'essentiel est que l'activité reprenne. Et que leurs voisins suisses et allemands reviennent passer du temps de l'autre côté du Rhin.