Ils fleurissent dans de nombreuses communes rurales : les distributeurs alimentaires permettent de s'approvisionner en légumes, oeufs, farine et même charcuterie 24h/24. Souvent, ils remplacent les magasins d'alimentation absents des petites communes.
Ouvrir un distributeur automatique plutôt qu’un magasin... C’est le choix qu’ont fait Léo Quirin et sa mère Sabine Freund, associés depuis deux ans et créateurs de l’entreprise « De la fourche à la fourchette ». Le jeune homme de 23 ans a suivi une formation de boucher-traiteur, et fabrique les produits qu’il vend : jambon, tourte à la volaille, saucisses, ou encore ses fameuses ravioles farcies - « notre produit number one, le plus vendu », nous explique Sabine.
Les associés ont installé leur premier distributeur automatique à Domfessel, à l’été 2018. « Nous ne sommes qu’à deux, il n’était pas pensable que l’un d’entre nous reste toute la journée dans un magasin », nous assure Léo. Sans compter qu’ils vendent aussi leurs marchandise sur les marchés plusieurs fois par semaine... L’idée leur a été soufflée par un collègue maraîcher. 30.000 euros d’investissement plus tard, leur machine était prête à l’emploi.
Et le succès, au rendez-vous. Tellement que la commune mosellane de Willerwald, à quelques kilomètres de là, les a approchés pour qu’ils installent un distributeur de charcuterie et de produits traiteur au centre de la commune. Une cabine de 9 mètres carrés, qu’ils approvisionnent tous les jours.
Une tendance favorisée par la crise sanitaire
De tels distributeurs automatiques fleurissent dans les campagnes, que ce soit pour les légumes, les oeufs, le pain ou encore les pizzas. L’entreprise alsacienne Filbing SARL, installatrice de distributeurs depuis plus de dix ans, a vu son chiffre d’affaires augmenter de 45% en 2020. « Tout est possible avec de telles machines, et on a parfois du mal à répondre à la demande », avoue Joël Graz, commercial Grand Est de l’entreprise.
Tout est possible, y compris un distributeur automatique de fleurs. Une machine que se fait justement installer Stéphane Schwarz, horticulteur à Geudertheim. « Nous avions peur d’être reconfinés, de ne pas pouvoir ouvrir, alors c’était le bon moment ». L’automate compte des casiers de différentes tailles, pour s’adapter aux divers bouquets et orchidées mis à disposition des futurs clients.
L’idée n’est pas nouvelle ; les parents de Stéphane Schwarz en avaient installé déjà près de l’hôpital de Strasbourg, il y a trente ans... mais l’approvisionnement s’est avéré trop compliqué. Là, avec un distributeur sur le parking de son commerce, l’horticulteur fait aussi le choix de la facilité.
Des distributeurs qui remplacent les magasins d’alimentation
Dans certaines communes, les distributeurs automatiques remplacent les commerces de bouche. A Westhoffen, la Coop du village a fermé ses portes il y a deux ans. Alors, Nathalie et Daniel Dettling, arboriculteurs, ont ouvert un distributeur au coeur de la commune il y a six mois, à 50 mètres de leur exploitation. Le couple remplit les casiers plusieurs fois par jour avec des pommes, des jus de fruits, des légumes issus de producteurs locaux, des oeufs - un signal automatique les avertit sur leur téléphone lorsqu’un emplacement doit être réapprovisionné.
Pour Nathalie Dettling, il s’agissait d’être moins dérangés que par la vente directe. Or, pas sûr que le distributeur leur permette de profiter de plus de tranquillité, le flux des clients étant assez régulier... et à toute heure! « C’est mon meilleur employé », sourit Daniel Dettling. « On l’a même appelé Jean-Claude ». Il est pratique aussi pour les clients voulant éviter la foule dans les magasins, les portes sont nettoyées à l’alcool quotidiennement.
Les produits locaux ayant le vent en poupe, le couple a décidé d’ouvrir un petit magasin juste à côté du distributeur automatique. Ouvert à des heures classiques, cette fois-ci. La clientèle du distributeur se laissera peut-être, là aussi, charmer.