A 4 mois des élections municipales, de plus en plus de maires annoncent ne pas vouloir se représenter. Une tendance nationale qui n’épargne pas l’Alsace. Pression, temps, manque de moyens... Deux maires nous expliquent leur choix.

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Alexis Clur termine son premier mandat en tant que maire de Dessenheim, dans le Haut-Rhin. A 36 ans, ce jeune père de famille a arrêté sa décision : il ne se représentera pas aux prochaines élections municipales. Egalement professeur de droit et de communication à l’IUT de Colmar, il explique : « avec ces trois fonctions, c’est sans cesse la course ». Il passe 1 à 2 heures à la mairie, tous les soirs, avant de rentrer chez lui. Le mercredi, il y est toute l’après-midi.

Si pour beaucoup de maires qui s’arrêtent, l’âge est un facteur déterminant, Alexis Clur regrette qu’il ne soit pas possible de concilier vie professionnelle, familiale et mandat de maire. Pour lui, la solution serait de prendre exemple sur l’Allemagne, où les maires se consacrent exclusivement à leur fonction le temps de leur mandat. « Nous avons souvent des réunions transfrontalières et nos collègues allemands s’étonnent toujours. Ils se demandent comment nous faisons pour assurer notre vie professionnelle chaque jour puis prendre notre fonction de maire uniquement le soir, après le travail », explique-t-il.

Gérer sa commune de 1400 habitants prend du temps, surtout avec les contraintes qui s’accentuent. « L’Etat dit vouloir simplifier les choses pour les communes. Nous, nous ressentons que chaque année cela devient de plus en plus difficile, nous avons de plus en plus de choses à gérer », poursuit le jeune maire. Par exemple, des lois à respecter. La commune est en train de rénover la mairie pour qu’elle réponde aux normes d’accessibilité. Le problème : l’Etat a baissé sa dotation. Les travaux revenant à 1,3 million d’euros, la commune doit trouver le financement pour environ un million. Un vrai casse-tête pour des communes qui n’ont pas les moyens.

Même son de cloche à Plobsheim, dans le Bas-Rhin. Anne-Catherine Weber passe tous les jours à la mairie et reçoit au moins 50 mails par jour. « Si j’en reçois moins, c’est qu’il y a un problème ! » explique-t-elle en riant. Le problème, c’est que ça ne s’arrête jamais. « Le week-end, je me rends aux événements organisés par les associations. Evidemment, ça me fait plaisir d’y aller mais en attendant, je ne suis jamais chez moi, mon ménage n’est pas fait depuis longtemps ! », poursuit-elle. Adjointe avant de devenir maire, elle savait quelle tâche l’attendait. Pourtant, tout comme Alexis Clur, elle aussi a l’impression que sa fonction est de plus en plus difficile à assumer.

La ville de Plobsheim, 4400 habitants, se développe beaucoup. Par sa situation géographique, au sein de l’Eurométropole, elle doit arriver à 25% de logements sociaux. Pour cela, la ville construit. Mais cette hausse de la population s’accompagne nécessairement d’un développement des infrastructures. Or la commune n’en a pas les moyens. Résultat : lors de la rentrée de l’année dernière, 50 enfants se sont retrouvés sans place au périscolaire. Anne-Catherine Weber a « passé des nuits sans dormir, à chercher des solutions », raconte-t-elle. Finalement, les enfants ont été divisés dans plusieurs lieux selon leur âge, seule solution à défaut de pouvoir construire un nouveau bâtiment.

Anne-Catherine Weber pense à l’avenir et à son successeur. Les problématiques telles que la hausse de la population sont déterminantes dans les projets de la ville. Par exemple, une nouvelle école est en train d’être construite. Elle doit répondre aux normes d’accessibilité, ce qui n’est pas le cas des écoles actuelles, et offrir plus d’espace pour accueillir davantage d’élèves. Le chantier se situe non loin de la mairie ; Anne-Catherine Weber y anticipe les futures constructions : « nous faisons construire l’école ici, de sorte à ce qu’un périscolaire puisse voir le jour juste à côté. Il aurait été dommage de construire l’école en plein milieu et regretter ensuite parce qu’on n’a pas de place pour un autre bâtiment. » Des projets qui seront étudiés au fur et à mesure, car la commune manque de financement. « C’est très frustrant, on se dit qu’il faut faire ci et ça, on se renseigne, puis on est obligés d’abandonner car on n’a pas les moyens ». Une situation que déplore Anne-Catherine Weber. Elle a décidé de s’arrêter après son premier mandat de maire.

L’association des maires du Haut-Rhin estime que le problème ne concerne pas uniquement les maires, mais toutes les équipes municipales. « C’est comme dans les associations, les communes manquent de bénévoles. Je pense qu’il sera de plus en plus difficile de compléter les listes », explique Christian Klinger, président de l’association et maire de Houssen. Aux dernières municipales, en 2014, 35% des maires ne s’étaient pas représentés. Aujourd’hui, alors qu’il reste quatre mois aux maires pour faire part de leur décision, on sait déjà que dans le Haut-Rhin, plus de 40% des maires s’arrêtent.
 

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