Paul-Bernard Munch et Philippe Lacourt, tous deux professeurs d'histoire, viennent de publier leur deuxième ouvrage sur les "métiers d'autrefois dans le Sundgau". Leurs livres répertorient d'anciens métiers, insolites ou répandus, de la Préhistoire à la Seconde Guerre mondiale.
Forgeron, rémouleur, montreur d'ours ou encore chaisier... des métiers plus ou moins insolites, plus ou moins anciens, dont certains ont disparus et d'autres sont toujours exercés. Leur point commun ? Tous ont été exercés dans le Sundgau. Paul-Bernard Munch et Philippe Lacourt se sont intéressés à ces métiers et ont publié deux ouvrages relatant ces métiers.
Tout a commencé il y a 20 ans. En dehors de son travail de professeur d'histoire, Paul-Bernard Munch a pris pour habitude de se rendre au sein de plusieurs centres d'archives. Bâle, Colmar, Saint-Louis... Ce passionné d'histoire est parti à la recherche de toutes sortes de documents. "J'ai consulté des alsatiques, des textes, des photos... pour trouver des traces de métiers anciens". Un travail de longue haleine, car "pour certains métiers, je n'avais aucun document. J'ai donc poursuivi mes recherches jusqu'à trouver des éléments".
Pour trouver de la documentation sur les différents métiers, le professeur a pu compter sur son père. En effet, Claude Munch collectionne toutes sortes d'objets "depuis 60 ans", dit-il, tout sourire. Des pièces de monnaie mais aussi des timbres et des cartes postales, qui ont donné de précieuses informations à son fils. Peu à peu, les données se sont cumulées et précisées.
Parmi les métiers, certains sont insolites et ont disparu avec les années. D'autres sont toujours exercés, comme forgeron. A Lutter, Pierre Grisweg a repris l'atelier de son grand-père puis de son oncle il y a 30 ans. Son travail nécessite beaucoup de précision, mais ce qui l'anime, "c'est la vie que l'on met dans l'objet. Si un objet est fabriqué de manière industrielle en 1000 exemplaires, toutes les pièces seront totalement identiques. Si je fabrique 1000 fois le même objet, il sera à chaque fois un peu différent", explique-t-il tendrement. "C'est un peu de la personnalité de l'artisan à chaque fois".
Paul-Bernard Munch et Philippe Lacourt ont mis deux ans à tout écrire. En mettant tous les éléments en forme, ils ont été surpris par certaines spécificités villageoises. "A Brinckheim, un curé a rapporté qu'il y avait plein de chaisiers. Très étonnant, non ?" lance Philippe Lacourt. "De manière générale, j'ai été très surpris par le nombre de métiers liés au bois. On pense bien sûr aux menuisiers mais il y avait plein de métiers surprenants, comme des ramasseurs de bois mort, qui ne vivaient que de cela", pousuit l'auteur.
Les auteurs ont fait traduire le nom des métiers en alsacien par Yves Bisch. Si certains métiers avaient déjà une traduction, pour d'autres, il a fallu faire preuve de créativité et en inventer. "Pour que la langue vive, si un mot n'existe pas, il est important de le créer, pour que l'on puisse continuer de s'exprimer en alsacien". De manière générale, le traducteur apprécie particulièrement les métiers en alsacien : "dr Scharraschliffer, dr Totagräber, dr Schualmeischter (le rémouleur, le fossoyeur, le maître d'école)... vous voyez, ces noms sont extrêments parlant. En français, les mots sont aussi jolis, mais en alsacien c'est bien plus imagé, on a tout de suite l'image du métier en tête", conclut Yves Bisch.