A quelques jours de Noël, deux collectionneurs de crèches nous ouvrent leurs portes. Le premier en possède plus de 80, le second les fabrique lui-même et les expose dans sa cour pour un but caritatif. Et cela plaît : les visiteurs sont émerveillés. Rencontres.
A Sundhoffen, la passion de Francis Ernst se fait tout de suite apercevoir. Dès l'entrée de sa maison, de petites crèches accueillent le visiteur. "Venez-voir dans le salon, n'ayez pas peur, c'est Noël !". D'un air rieur, Francis Ernst avance dans la maison et présente sa collection. Des crèches, il en possède de toutes petites, des plus grandes, des colorées... Sa préférée, c'est celle par laquelle il a commencé sa collection. "Au début des années 1980, avec ma femme, nous avons acheté cette crèche, avec les personnnages principaux. Puis, chaque année, nous avons acheté deux santons de Provence supplémentaires. Cette année, je me suis procuré cette nourrice avec le bébé ainsi que la poussette, car je suis devenu grand-père !"
Au total, Francis Ernst compte plus de 80 crèches. Forcément, il n'a pas assez de place chez lui. Il en expose donc une soixantaine au sein du garage dans lequel il travaille à temps partiel, et dont le gérant est un ami. "Je ne collectionne pas les crèches que pour moi, cela me fait plaisir de présenter le fabuleux travail des artisans au public. Et c'est une manière originale de les exposer !". Original, effectivement, car l'on trouve une crèche toute de couleurs pastels sur le capot d'une 2CV, une autre en ouvrant le coffre d'une autre voiture ancienne... Le directeur de la carrosserie, Jacky Zins, n'a pas hésité une seconde. "Quand Francis est venu me dire qu'il n'avait plus assez de place chez lui, je lui ai tout de suite proposé d'installer des crèches ici", explique-t-il, tout sourire.
Si Francis Ernst achète des crèches en grande quantité, à Ittenheim, Charly Feigenbrugel les conçoit lui-même. Il en a sept au compteur, dont la crèche du Tyrol du Sud, la dernière qu'il a réalisée. "Nous sommes allés en vacances là-bas et avons ramené des cailloux. Un beau jour, je me suis dit : pourquoi n'en ferai-je pas une crèche ? Je me suis donc lancé. Le bois, je le ramasse dans la forêt. J'ai construit la maison de façon à ce qu'elle ressemble à de la pierre, comme c'est là-bas. Seules les figurines sont achetées". Un travail minutieux, qui demande beaucoup de patience : cette crèche, Charly Feigenbrugel l'a réalisée en trois semaines.
Parmi ses crèches, l'une attire particulièrement l'attention. Il s'agit de la crèche africaine. Des zèbres, girafes et autres léopards évoluent dans un univers tout à fait particulier, à côté de Massaïs et de huttes. C'est la plus grandes des crèches, mais ce n'est pas pour cette raison que Charly Feigenbrugel y est particulièrement attaché. En effet, de 1993 à 2008, il a voyagé au Kenya chaque année. "La première fois, nous avons été choqués par la pauvreté, le manque d'hygiène et les mauvaises conditions de vie des habitants... Sur le vol du retour, nous nous sommes dit qu'il fallait faire quelque chose". Le couple a alors lancé son association. Depuis, ils ont fait bâtir trois écoles, une quatrième est en cours de construction.
Pour récolter des dons pour l'association, Charly Feigenbrugel associe magie de Noël et oeuvre de charité. Tous les soirs, de 17h à 22h, il ouvre les portes de sa cour pour accueillir les visiteurs. Parmi eux, des habitants d'Ittenheim et alentours mais également des touristes. L'année dernière, ils étaient plus de 1.000 à venir admirer les crèches. Pour certains, la cour de Charly Feigenbrugel est un rendez-vous incontournable avant Noël. "C'est magnifique, chaque année on voit qu'il fait un effort pour faire encore mieux, c'est de plus en plus beau !", s'enthousiasme Bernard Matt. "Cette année, avec la Covid, ça fait encore plus de bien de se plonger dans une belle ambiance, ça réchauffe nos coeurs" estime quant à lui André Westermann.
Pour le couple Feigenbrugel, accueillir autant de personnes chaque soir chez lui n'est que du bonheur. Charly Feigenbrugel explique : "les retours positifs des visiteurs me vont droit au coeur. Et de voir les enfants totalement plongés dans cette ambiance particulière, quel bonheur !". Et si cette année, les visiteurs seront certainement moins nombreux en raison de la situation sanitaire, pour le couple, le plus important est de garder l'esprit de Noël. "Cela a toujours été pour nous et restera toujours la fête la plus importante de l'année !", conclut Charly Feigenbrugel.