Les Scheer, producteurs de sapins de Noël en famille

Depuis une vingtaine d'années, Thierry Scheer s'est lancé dans la production de sapins pour Noël. Avec succès. La demande augmente d'année en année, et tous les ans, depuis début novembre, il est en plein boom, secondé par toute sa famille.
 

Durant les deux mois précédant Noël, la famille Scheer de Cosswiller oublie les jours de congés. Dès début novembre, il faut couper et mettre en filet les sapins destinés aux collectivités, communes et associations. Et à partir de fin novembre, chaque soir et chaque week-end, ce sont les particuliers qui défilent, à la recherche de l'arbre idéal à mettre dans leur salon. Pour pouvoir répondre à la demande, toute la famille met la main à la pâte.


Un pépiniériste passionné de sapins Nordmann


Dans la famille Scheer, il y a le père, Thierry. En 1998, ce pépiniériste de formation, passionné de sapins Nordmann, s'est mis à planter des sapins : "J'étais passionné de Nordmann, je pensais Nordmann, je rêvais Nordmann, et un jour, j'ai commencé." Originaire de Cosswiller (Bas-Rhin), où il vit toujours avec sa famille, Thierry y possède quelques parcelles. "Le sol de Cosswiller n'est pas très adapté à d'autres cultures, mais les sapins s'y sentent à l'aise (…) On a eu du succès, on a continué, et la demande augmente chaque année." Aujourd'hui, ses milliers de sapins de différentes tailles sont répartis sur une surface totale de trois hectares.

Dans la famille Scheer, il y a aussi la mère, Sylvie, qui prend les commandes et gère le contact avec les clients. Elle se souvient de leurs débuts, des premiers arbres vendus en 2003 : "On a commencé dans le village, devant la salle communale, avec quelques clients. Puis, peu à peu, on s'est fait connaître." Cette année, ils prévoient d'écouler 1.500 arbres. Mais malgré la grande charge de travail, Sylvie aime cette "jolie période" de préparatifs. Et les quatre week-end de l'Avent, elle accueille les clients dans sa cour avec "du vin chaud et des bredele".
 
 


Tout le monde participe


Il y a aussi les enfants du couple, déjà de grands ados. Tombés "dans" les sapins depuis leur naissance. Des ados qui renoncent volontiers à leurs week-ends durant deux mois, pour aider comme ils le peuvent. "J'aime le faire, et ça me plaît, explique Cécile, 12 ans et tout sourire. Au début, je répondais au téléphone, maintenant j'aide à la vente, car je suis plus grande. Je conseille les gens, je mets les sapins en filet, c'est sympa." Victor, 15 ans, étudie au lycée agricole d'Obernai. Son idée est de pouvoir, un jour, "reprendre l'exploitation", car lui aussi a grandi au milieu des sapins. "Quand j'étais petit, mon père m'a "mis dedans", j'ai eu du plaisir, et à chaque saison je l'aide et on travaille ensemble."

Dans la famille Scheer, il y a aussi le beau-frère et un ami qui aident aussi à la coupe, quand il faut faire vite. Et les grands-mères qui font la cuisine les jours de travail intensif, pour nourrir tout ce beau monde. Mais surtout, il y a le grand-père, Bernard. Spécialiste des bottes de branches de sapin, vendues au poids. "Chacune fait 10kg, souvent plus, tant pis pour le client" sourit-il. Une seule botte suffit pour décorer plusieurs rebords de fenêtres, ou fabriquer une bonne demi-douzaine de couronnes de l'Avent. Elles sont livrées aux fleuristes et aux associations, et certains particuliers en sont friands "pour en recouvrir leurs plates-bandes." Les branches proviennent principalement des chutes des grands arbres, de 6 à 8 mètres de haut, commandés par les communes pour décorer les places et les ronds-points. Mais quand la demande est trop forte, "on sacrifie un sapin complet" reconnaît Bernard.
 


Les sapins sont répartis sur quatre parcelles, des tout petits de six ans, hauts d'une cinquantaine de centimètres, aux plus grands de 8 mètres. Thierry Scheer en propose trois variétés : le traditionnel épicéa autochtone, l'épicéa bleu, originaire des Etats-Unis, et le sapin Nordmann, 80% de la production, dont les graines sont importées de Georgie. D'ordinaire, un autre pépiniériste assure les semis et les premiers soins. C'est vers l'âge de trois ans que les tout petits arbrisseaux d'une vingtaine de centimètre de haut sont replantés à Cosswiller, lorsqu'ils sont un peu moins délicats. Mais Thierry "craint toujours un nuage de grêle ou un gel printanier lorsqu'ils bourgeonnent." Et reconnaît que "c'est toujours stressant." Autre problème : le temps d'inertie, six à 7 ans, entre la plantation la coupe. Donc, avec une demande en constante croissance, difficile de prévoir les besoins avec exactitude, une bonne demi-douzaine d'années à l'avance.


Des besoins modestes, mais un bel avenir


Après les fêtes, la parcelle où se trouvent les plus grands arbres devrait être vide, chacun ayant trouvé preneur. Les souches seront broyées, le PH du sol analysé, et dès février, de nouveaux petits sapins y seront replantés. Un semis de trèfle et d'herbe permettra d'éviter les mauvaises herbes. Ensuite il suffira de "tondre, souvent, et de passer régulièrement avec un sécateur" pour permettre à chaque arbrisseau de grandir harmonieusement. En cette fin d'année, un seul grand sapin, celui de 11 mètres de haut, sera épargné et pourra poursuivre sa croissance. A raison d'un mètre supplémentaire par an, d'ici à ce que son producteur prenne sa retraite, il aura atteint une taille très respectable… indispensable au destin qui l'attend. Car le jour venu, Thierry Scheer voudrait l'offrir à la ville de Strasbourg. Afin qu'un sapin Cosswillerois puisse, lui aussi, honorer la place Kléber de sa présence.     
 
 
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