L’annonce de la reprise des concerts et événements culturels, à partir du 19 mai, satisfait les mélomanes comme les professionnels du secteur. Mais les situations sont contrastées en Lorraine, suivant le registre musical ou la taille des événements programmés.
"On se réjouit de pouvoir de nouveau accueillir du public, c’est très clair".
Olivier Perry, le directeur du centre culturel André Malraux de Vandoeuvre-lès-Nancy, n’a pas hésité une seconde. Dès les annonces gouvernementales connues, il a annoncé la reprise de la programmation : "et ça tombe bien, puisque nous avons un spectacle le 20 mai (Oikos Logos/danse hip-hop jeune public), donc ça sera notre rentrée". La règle est simple : une jauge à 35% maximum de sa capacité, avec des conditions sanitaires précises "encore à venir, puisqu’on nous a dit qu’on recevrait le protocole complet la semaine prochaine, mais on sait faire puisqu'on a accueilli du public dans cette configuration en septembre et octobre derniers".
La structure, qui accueille principalement du théâtre, de la danse et de la musique contemporaine, n’accueille que des spectateurs assis, donc "forcément, nous n’avons pas les problématiques de nos confrères des musiques actuelles".
Reconnu depuis plus de trente ans comme un lieu incontournable de la musique contemporaine, notamment à travers son festival Musique Action, le centre André Malraux a dû adapter sa programmation à la pandémie. Traditionnellement, il fonctionne en saison, mais depuis l’année dernière, "on est passé en demi-saison parce que ça n’avait plus de sens de se lancer dans une saison complète".
La programmation de la prochaine demi-saison sera annoncée fin juin, "en priorité on programmera ce qu’on a co-produit, et on essaye aussi de faire jouer ceux qu’on a déprogrammés… On va aussi jouer davantage en juin, alors que normalement, on laisse la fin de saison aux autres utilisateurs du lieu, à la MJC etc.". Moment phare de cette fin de semestre, "L’étang" avec notamment l’actrice Adèle Haenel les 8 et 9 juillet prochains, "qu’on espère pouvoir jouer avec une jauge complète, parce que le spectacle est très attendu par le public".
Lettre ouverte
L’inquiétude la plus forte se trouve chez les organisateurs de festival.
Le Jardin du Michel, festival de musiques actuelles à Toul, a signé, au côté de plusieurs autres festivals, une lettre adressée au président de la République mercredi 05 mai 2021, par la voix du syndicat des musiques actuelles (SMA). Celui-ci demande à Emmanuel Macron de préciser les conditions d’accueil des festivaliers.
"Nous avons déjà dû annuler l’an passé, et puis cette année repousser à début septembre, mais même là, nous ne savons pas précisément ce que nous pouvons faire ou pas. Nous avons à cœur de retrouver nos festivaliers, mais nous voulons le faire dans de bonnes conditions", explique la chargée de communication du festival, Maryline Tona.
Alors que la plupart des gros festivals d’été de l’hexagone ont préféré annuler, le Hellfest en tête, beaucoup d’autres s’accrochent à l’espoir de pouvoir tout de même jouer.
Ce qui coince : l’exigence ou non d’un pass sanitaire, "qui révulse la profession" selon un autre organisateur lorrain, et la jauge maximale. Dans sa lettre, le SMA doute de la levée de la jauge des 5.000 personnes. Et pour cause : elle bloquerait les billetteries, et donc les ressources des festivals. A quelques semaines de leurs événements, ceux-ci ont grandement besoin de vendre des billets, car tant que les festivaliers ne connaîtront pas les conditions d’accès, ils ne se bousculeront pas pour réserver…
Concert pilote à la Rockhal
Après plusieurs concerts dans un cadre proche, la salle luxembourgeoise renouvelle l’expérience le 21 mai prochain.
Dans un communiqué, la Rockhal annonce la venue de la star locale Serge Tonnar pour un millier de spectateurs : "outre les mesures sanitaires mises en place, incluant distanciation physique et port obligatoire du masque, l'achat des billets de ce concert implique l'engagement du spectateur de se soumettre à un test antigénique gratuit à l’entrée du concert, ainsi qu’à un deuxième test (PCR) sept jours plus tard, afin de permettre un suivi par les autorités sanitaires, dans une démarche d’accompagnement à la reprise des concerts en toute sécurité pour tous".
Avec la levée des limites de déplacement, il est théoriquement possible d’aller fréquenter les événements culturels de nos voisins, sous réserve de respecter leurs protocoles sanitaires.
Et le couvre-feu français, qui ne sera complètement levé que le 30 juin. Il est par exemple de nouveau autorisé de se rendre en Sarre, sans test PCR, ni motif précis, pour une durée de 24 heures. Suffisant pour un concert… Mais pas un festival !