"Pour la reconnaissance de la médecine générale en France", les généralistes sont appelés à fermer leurs cabinets à partir du vendredi 13 octobre 2023. Le mouvement est lancé par un collectif de 12 organisations syndicales pour une durée illimitée.
Ce vendredi 13 octobre 2023 devrait être un vendredi noir pour les patients. Le mouvement risque d’être d’une ampleur sans précédent. Tous les syndicats de médecins généralistes libéraux mais aussi les organisations d’étudiants en médecine appellent à fermer les cabinets dans toute la France. Une grève illimitée.
Désengagement de l’Etat
Premier et principal motif de grève, le projet de loi Valletoux qui prévoit de rassembler les médecins dans des conseils territoriaux de santé. Des structures, qui, pour les médecins, leur laisseraient la charge des problèmes d’organisation du système de soin.
"L’État veut faire en sorte que les médecins soient responsables de l’état de santé des territoires alors que lui-même s’en désengage totalement. Nous serions responsables d’une situation sanitaire pour laquelle on ne nous donne aucun moyen. Cela va entraîner encore plus de difficultés d’installation ou de confrères qui partiront à l’étranger", explique Soline Guillaumin, généraliste à Rozérieulles en Moselle et porte-parole nationale du collectif "Médecins pour demain".
"En 27 ans d’activité, j’ai vu la situation se dégrader petit à petit", ajoute-t-elle. "Il y a 27 ans, on obtenait un scanner en 8 jours. Aujourd’hui, il faut un mois ou deux et huit mois pour un rendez-vous chez un neurologue".
Elle se dit prête à faire dix jours de grève.
Une grogne ancienne
Second motif de colère : la demande de réouverture de négociations tarifaires. Il y a quelques mois, celles-ci avaient échoué. La revalorisation de la consultation s’était faite a minima (1,50 euro de plus pour la consultation de base soit 26,50 euros pour le généraliste). Ce nouveau tarif doit entrer en vigueur au 1er novembre.
Selon les syndicats, la consultation devrait être au moins à 30 euros, voire 50 pour certains.
Quand on parle de revalorisation ce n’est pas pour nous enrichir mais pour ne pas faire de l’abattage.
Soline Guillaumin, porte-parole du collectif "Médecins pour demain"
Pas une question d’argent pour le Docteur Guillaumin. Il s'agit pour elle de pouvoir accomplir son travail sans enchaîner les consultations à un rythme effréné : "la médecine libérale, toutes spécialités confondues, s’occupe de 90 % des soins en amont de l'hôpital. Il faut avoir un budget adapté à une vraie médecine de ville pour soigner correctement nos patients."
Le principal syndicat de généralistes MG France, lui, précise dans un communiqué: "La fermeture des cabinets est à la fois un mouvement justifié de protestation, mais aussi la préfiguration de ce qui se passerait dans notre pays si la médecine générale disparaissait faute d'être reconnue."