Les fortes pluies d'avril 2023 ont rendu les sols humides. Le changement climatique est bien installé. En première ligne, les agriculteurs qui restent sur le qui-vive pour avoir un temps d’avance.
Un printemps très humide qui n’est pas sans conséquence. Les intempéries en continu au mois d’avril ont retardé les semis. "On a eu des terres très humides. Impossible donc de travailler. Mes tournesols, je n’ai pu seulement les planter que le 24 avril. Soit 1 mois en retard. C’est compliqué de dire si ça va être réussi, il faut attendre les premières feuilles", explique Daniel Dellenbach, agriculteur à Longeville-en-Barrois, en Moselle.
J’ai dû ressemer pour la première fois en dix ans mes tournesols.
Jérémy Jenneson, président de la Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles (FDSEA)
Le président des Jeunes Agriculteurs de la Meurthe-et-Moselle, Antoine Clavel se veut rassurant : "on est beaucoup moins touchés que le Nord-Pas-De Calais. Ça dépend vraiment des secteurs, des terres agricoles. D’une manière générale, le développement de nos céréales dans nos champs est satisfaisant".
De son côté, Jérémy Jenneson, président de la Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles (FDSEA) de la Meurthe-et-Moselle, dresse lui un constat amer concernant sa production : "j’ai dû ressemer pour la première fois en dix ans mes tournesols. Cette année, c’est sûr, la récolte ne sera pas rentable". Il renchérit : "l’été arrivé et je m’inquiète d’une potentielle période de sécheresse".
2003 et 2015 un tournant pour la profession
Un réchauffement climatique qui n’aide pas les agriculteurs. Certains évènements ont marqué les terres. "La canicule de 2003, ça était un changement radical pour l’agriculture", se souvient Daniel Dellenbach. Aujourd’hui, les insectes mettent en difficulté les agriculteurs : "les champs sont sales. J’ai du mal à les désherber en raison des réglementations en vigueur. Notamment avec l’interdiction des pesticides". Des limaces et taupins viennent manger les semis.
Si on ne s’adapte pas, on ne sera plus là.
Antoine Clavel, président des Jeunes Agriculteurs de la Meurthe-et-Moselle
"Depuis l’été 2015 et sa canicule, on n’a pas eu une année normale au niveau climatique. Soit c’est une sécheresse, soit une canicule, c’est sans fin. Il n’y a plus de normalité. On manque tout simplement de régularité", se désole Antoine Clavel. Son mot d’ordre : "si on ne s’adapte pas, on ne sera plus là", conclu-t-il.
Il faut savoir diversifier sa production
Il y a 10 ans dans la région, seulement l’orge, le colza et le blé étaient cultivés : "aujourd’hui pour gagner en rendement et faire face au dérèglement climatique, on multiplie les sources. On sème des poids, du maïs, des tournesols. Ça nous permet de récolter de fin avril, à fin octobre. Et donc d’assurer notre rentabilité si jamais la météo n’est pas de saison".
A Laquenexy, en Moselle, Germain Bach fait partie de ses exploitants qui anticipent les saisons. Cet agriculteur a une prairie permanente, sur laquelle toute l’année, il fait pousser de l’herbe. En plus de celle-ci, il dispose d’une prairie cultivée, où il plante de l’herbe en fonction de la saison et de la météo : "ça permet d’assurer une rentabilité qu’elle que soit les climats, car je stocke cette herbe. Et surtout, ça me permet de nourrir mes 120 vaches, même si on vient de subir une période de gel par exemple", détaille Germain Bach