Les associations de protection des animaux croulent sous le nombre d'abandons cet été : 14% de plus qu'en 2019 pour la SPA par exemple. Dans la Marne, ce triste record pousse les associations à chercher des familles d'accueil, qui hébergent chats et chiens en attendant leur adoption.
A Reims, Carole couve du regard Bohème, une petite chatte noire et blanche allongée confortablement entre ses bras. "Elle aime beaucoup les humains, elle n'a peur de rien, assure Carole. En revanche, elle aime bien taquiner ses congénères." La scène ressemble à un portrait de famille, et pourtant, Carole n'est pas la propriétaire de Bohème, mais sa famille d'accueil. Elle héberge l'animal le temps de son adoption.
Un relais indispensable
Pour les associations, ces familles d'accueil sont indispensables, surtout cet été, alors que le nombre d'abandons d'animaux explose, comme en attestent les nombreuses publications des bénévoles sur les réseaux sociaux.
Selon Célia Hansquine, bénévole à la Ronron Association à Reims, le nombre de familles d'accueil est bien trop insuffisant : "Il nous en faudrait une cinquantaine pour reccueillir convenablement les chats, mais nous n'en n'avons qu'une trentaine."
Carole, elle, ne prévoyait pas d'héberger Bohème, en plus de Tigry, qui loge déjà chez elle en attendant d'être adopté. Mais cette hausse des abandons pendant l'été a fini par la convaincre.
Aider sans trop s'engager
Comme beaucoup de passionnés d'animaux, Carole aurait aimé adopter tous ces chats à la figure si malheureuse, dans la rue ou derrière les barreaux de leur refuge. Impossible à réaliser, bien sûr, surtout dans un appartement en plein centre-ville.
On aime les chats, on a envie qu'ils soient dans une bonne maison. Mais on est des colibris, on ne peut pas tout prendre sous sa responsabilité. On fait ce qu'on peut.
Être famille d'accueil permet donc d'aider malgré tout ces animaux, en leur donnant un nid douillet, le temps qu'ils trouvent leur foyer pour la vie. "Les frais vétérinaires sont pris en charge, détaille Marine, une autre famille d'accueil. Pour ce qui est de la nourriture, on en paye une partie, mais s'il y a des dons faits à l'association, on se les répartit entre familles d'accueil."
En cas d'absence prolongée, la famille d'accueil peut également trouver des arrangements avec l'association.
Un engagement limité, qui a séduit de nombreux étudiants selon Célia Hansquine, bénévole de la Ronron Association : "Cela leur permet d'avoir une présence, mais de ne pas adopter un chat. Car prendre un animal, c'est s'engager sur quinze ou vingt ans, et ça représente aussi un budget considérable pour un étudiant."
Mais pendant l'été, les étudiants, commes les autres familles d'accueil, partent en vacances. Sur les réseaux sociaux, les appels à l'aide des associations se multiplient, comme dans la publication de Owlie's Friends ci-dessous : un cri de SOS pour hébéger la maman de deux chatons.
Sociabiliser l'animal avant son adoption
Reccueillis dans la rue ou parfois victimes de maltraitance, les animaux reccueillis par les associations ont besoin de retrouver confiance en l'Homme. Selon Ketty, elle-aussi famille d'accueil dans la Marne, c'est aussi ça le rôle des "FA", comme on les surnomme.
"On les traite comme si c'était les nôtres, explique-t-elle. On leur apprend à faire confiance à l'humain, à leur montrer que nous ne sommes pas tous méchants. On leur montre aussi ce que sont le confort, les jeux, les enfants et les autres animaux."
La plupart des animaux confiés aux nouvelles familles d'accueil ne sont pas dits "difficiles", mais Ketty, elle, a de la bouteille : au moins cinq ans non-stop en tant que famille d'accueil et au moins une vingtaine d'animaux reccueillis. Elle a parfois eu affaire à des chiens peureux, sans éducation et donc parfois agressifs.
Rien que le fait d'avoir des câlins, les animaux sont choqués.
Les résultat sont parfois bluffants. Marine, qui héberge deux petites chattes du nom de Rosette et Raclette, a pu le constater. D'abord très peureuses et impossibles à approcher, elles se laissent désormais caresser sans problème. "On y va étape par étape et à leur rythme, en utilisant notamment de la nourriture, explique Marine. Ils prennent ensuite leurs habitudes et ils se rendent compte qu'en fait, on n'est pas méchants."
Après tous ces efforts, voir partir l'animal avec ses adoptants est parfois un déchirement. "Il y en a avec qui le feeling passe, et dans ce cas, c'est très difficile, confirme Marine, mais c'est pour une bonne cause. Et s'il y en a qu'un qui part, ça veut dire qu'un autre arrive."
D'autres familles d'accueil, elles, n'ont pas su résister. Carole vient d'adopter Sultan, un chat qu'elle avait hébergé pendant quelques mois. "Un coup de coeur."