La truffe d'Automne, une spécialité de la région, est surveillée de près. Dans la Marne, la production est modeste, entre 200 et 300 kilos les bonnes années. Mais les chercheurs de l'INRA surveillent de près ce délicieux champignon pour mieux comprendre son mécanisme.
Pour trouver des truffes, Benoit Jacquinet a besoin de son chien, Honey, un labrador. Un travail qu'il ne fait pas par hasard. Dans sa famille, ils sont agriculteurs depuis sept générations. Lui s'est lancé dans la production de la truffe d'Automne en 2001.
15 ans de passion et 5 hectares de truffières plus tard, le site de Benoit fait partie d'un programme de recherche nationale de l'INRA afin de comprendre la fructification de ce champignon.
Processus long
Tout commence par la plantation d'arbres mycorhizés. Un savoir-faire développé au début des années 1970 :"Lorsque l'on va planter cet arbre, la truffe est déjà installée au niveau des racines. Ensuite, l'arbre va pousser, le système racinaire se développer et dans 3, 4, 5 ou 10 ans, la truffe va arriver à sa maturité sexuelle si l'on veut et va faire son cycle de reproduction sexuelle et c'est ça que l'on recherche, c'est la fructification du champignon", explique Claude Murat, ingénieur de recherche INRA Grand Est - centre de Nancy.
La truffe d'Automne appelée encore récemment truffe de Bourgogne ou truffes de Champagne est aussi récoltée dans la Meuse.
Pendant 3 ans, Honey a appris à les détecter jusqu'à parfois 23 centimètres de profondeur. Cette femelle labrador a donc pour mission non seulement de découvrir les truffes, mais aussi de détecter celles mûres.
Victime de la sécheresse
Pour produire de la truffe il faut un sol et de l'eau. En 2015, il n'y a pas eu une seule truffe et l'année dernière, à peine 30% de la production des années précédentes.Benoit s'est donc résolu cette année à irriguer pour contrecarrer la sécheresse intervenue au moment de la fructification de la truffe.
"J'ai apporté au plus près du besoin de l'eau par rapport aux champignons. Il va falloir encore attendre la fin de la saison, dans deux mois, pour dire si cela a été bénéfique ou pas. Ce dont j'ai peur, c'est que cela fasse un effet feu de paille et que l'eau que j'ai apporté ait favorisé la production mais sur un court moment", raconte le truffier.
Des boitiers reliés à des sondes enregistrent l'eau contenue dans le sol. Le programme d'expérimentation nationale appelé "Culture truffe" a démarré en 2016.
Produit luxueux
De retour au laboratoire Benoit Jacquinet doit procéder au nettoyage et au caniffage des truffes.Pour 1 kg de truffes récolté, une heure de nettoyage est nécessaire. Viennent ensuite le séchage et le tri.
"Cette phase-là est très importante puisqu'elle détermine vraiment la qualité de la truffe, ce qu'il y a à vendre. En général, lorsque l'on sort 1 kg de truffes brut, avec la terre, après nettoyage, on a au final, entre 600 et 400 grammes."
La truffe d'Automne se récoltera jusqu'en décembre. Viendra ensuite la truffe d'hiver, cultivée dans le sud-est plus forte, plus musquée plus animale.
Voir notre reportage :
Dans la Marne, la production de truffe est insuffisante pour répondre au marché avec les bonnes années, 200 à 300 kilos de truffes.
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©France 3 Champagne-Ardenne