C’est une première en Champagne-Ardenne. Le service des Douanes et celui de l’INRAP ont collaboré pour permettre de lever le voile sur une découverte archéologique datant du néolithique. La masse de terre radiographiée provenait de fouilles réalisées à Saint-Memmie en 2019. Elle renfermait bien un corps.
Les Douanes françaises disposent de deux camions scanners. Le samedi 25 février, l’un d’eux a participé, et c’est une première en Champagne-Ardenne, aux recherches de l’INRAP.
Tout débute à l’automne 2019. Près de Châlons-en-Champagne, une équipe de l’INRAP procède à des fouilles, à Saint-Memmie, sur un terrain de 5 000 m2. Des fouilles productives. A l’époque, les archéologues découvrent trois fosses contenant des restes humains et un hypogée. Pendant des semaines, l’équipe travaille sur des crânes, des ossements datant du néolithique, mais il reste un bloc de terre trop dense, trop compact pour être étudié sur place. Le scanner mobile des Douanes a permis de faire avancer les recherches.
Une opération rare
Le service des Douanes utilise ce camion très particulier pour ses missions habituelles : détection de stupéfiants, d’armes, d’explosifs ou encore de marchandises introduites en fraude. Les douaniers disposent également de scanners fixes installés dans les ports.
"Les marchandises, camions, containers qui descendent des bateaux sont passés dans le scanner, pour éviter de les ouvrir", déclare Mireille Romboni, Directrice régionale des Douanes en Champagne-Ardenne. "On ne sélectionne que ceux qui pourraient potentiellement contenir des marchandises de fraude". Mais à Châlons-en-Champagne, c’est un vestige qui a été radiographié.
Sur le parking de l’INRAP, le camion scanner, une fois positionné, a déployé l’arche sous laquelle le bloc de terre venant de Saint-Memmie a été installé, à l’intérieur du périmètre de sécurité mis en place pour prévenir les radiations. L’opération sur ce prélèvement entouré de bandelettes de plâtre n’a duré que quelques minutes, le temps d’en radiographier l’intérieur.
On a la certitude qu'il y avait un corps parce que ça a laissé des vides dans la terre. On ne peut même pas dire tout de suite que c'est de l'humain.
Isabelle Richard, anthropologue INRAP, responsable des fouilles.
"Ce scanner est une technologie à rayons x qui a pour vocation de pénétrer les masses pour pouvoir discerner les densités, les épaisseurs, et déterminer la nature de ce qui est scanné", explique Régis Friedrich, contrôleur principal des Douanes qui connaît bien cet outil de pointe.
Les études vont se poursuivre
A l’intérieur du camion où seuls les douaniers et les archéologues ont pu pénétrer, les images produites par le scanner ont révélé ce que pressentait, l’équipe de l’INRAP. "On a la certitude qu’il y avait un corps parce que ça a laissé des vides dans la terre", raconte Isabelle Richard, anthropologue de l’INRAP qui était responsable des fouilles, à Saint-Memmie. Retrouver la position du corps est une autre histoire, et "On ne peut même pas dire tout de suite que c’est de l’humain", poursuit-elle.
En effet, le terrain où ont été réalisées les fouilles était utilisé pour la chasse. Quatre sépultures gauloises y ont été découvertes. Les ossements qui avaient été repérés étaient contenus dans une gangue très dure. Maintenant que le scanner a été réalisé, les chercheurs vont pouvoir aller chercher dans le prélèvement.
"On aimerait beaucoup faire de la tomographie", dit Isabelle Richard. "Cela a démontré plus d’une fois que cela permet de voir plus facilement et de reconstituer une position".
Agnès Balmelle, Directrice adjointe scientifique et technique à l’INRAP de Reims, confirme pour sa part que cette collaboration entre les Douanes et l’INRAP va permettre d’aller au bout des recherches. "Cela nous permet d’anticiper la méthode qu’on va mettre en place pour étudier les vestiges en laboratoire", précise-t-elle.
Encore quelques mois de patience donc et cette découverte livrera peut-être ses secrets.