Déraillement d'un TGV en Alsace en 2015 : trois personnes mises en examen

Trois personnes ont été mises en examen dans l'enquête sur le déraillement d'une rame d'essai de la SNCF en novembre 2015. L'accident avait fait 11 morts, dont deux Marnais.

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Près d'un an après le déraillement d'une rame d'essai de TGV en Alsace le 14 novembre 2015 qui avait fait 11 morts et 42 blessés, l'enquête s'est accélérée avec les premières mises en examen de trois salariés de la SNCF et de sa filiale Systra. 

Tous membres de l'équipe de test, deux employés de la SNCF - un conducteur et un cadre - et un salarié de Systra, la filiale chargée des essais, ont été mis en examen pour homicides et blessures involontaires et placés sous contrôle judiciaire.

Ils avaient été entendus en garde à vue lundi 10 octobre par les gendarmes de la section de recherches de Strasbourg, saisie des investigations sous l'autorité de deux juges d'instruction du pôle "Accidents collectifs" du tribunal de grande instance de Paris.

"Nous ne faisons pas de commentaire car SNCF Mobilités, SNCF Réseau et Systra ne sont pas partie au dossier et n'ont pas accès aux éléments de l'enquête", a déclaré la SNCF.

Deux Marnais décédés dans l'accident

Le 14 novembre 2015 à 15h04, le TGV qui effectuait son dernier test sur le tronçon de la ligne à grande vitesse (LGV) Paris-Strasbourg avait déraillé à l'entrée de la courbe de raccordement de la ligne nouvelle avec la ligne classique sur la commune d'Eckwersheim (Bas-Rhin), à 20 km de Strasbourg, avant de percuter un pont.

Cet accident spectaculaire, survenu au lendemain des attentats de Paris, a constitué le premier déraillement mortel dans l'histoire du TGV depuis sa mise en service en 1981. 

Deux Marnais se trouvaient parmi les victimes de l'accident du TGV du 14 novembre 2015. Alain Rolland, 60 ans, était "expert voie" pour la Sytra. Stéphane Briet, 42 ans, était technicien ferroviaire pour la SNCF.

Personnalité de la région, Alain Cuccaroni est lui aussi décédé dans l'accident. Il était pilote pour la première phase de la ligne à grande vitesse Est. Les tests auxquels il avait participé ont permis l'arrivée du TGV sur cette ligne. 

Vitesse excessive de la rame d'essai

Depuis près d'un an, les enquêteurs s'interrogent sur d'éventuelles failles dans la mise en oeuvre de cet essai opéré dans le cadre du projet de ligne à grande vitesse LGV Est européenne.

Gérard Chemla, avocat d'une douzaine de familles de victimes, s'est dit "satisfait de constater que l'information judiciaire progresse" et "convaincu que d'autres suivront, notamment de personnes morales".

A la mi-février, une note d'étape du Bureau d'enquêtes sur les accidents de transport terrestre (BEA-TT), avait estimé que "la vitesse très excessive de la rame d'essai était la cause unique du déraillement" du TGV.

Depuis, un rapport d'étape de l'expertise judiciaire ordonnée par les juges est venu "conforter l'hypothèse d'une sur-vitesse et de manquements dans le processus de freinage", a souligné mercredi une source proche du dossier.

Le train avait basculé dans le canal de la Marne au Rhin après avoir abordé une courbe à 265 km/h alors que la vitesse prescrite pour cet essai était de 176 km/h, selon l'enquête du BEA. Au point de déraillement, il circulait à 243 km/h.

Le drame d'Eckwersheim avait retardé de trois mois la mise en service de la deuxième phase de la LGV Est. Depuis le 3 juillet, Strasbourg est à moins d'1h50 de Paris contre 2h20 auparavant.
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