Le plus grand centre éducatif fermé de la Marne vient d’ouvrir ses portes ce mardi 4 janvier à Épernay. D’une surface de 2.000 mètres carrés, la structure, gérée par Sauvegarde 51, va permettre d’accueillir 12 adolescents en réinsertion. Une ultime alternative face à la prison.
Le hall d’entrée sent encore la peinture. Ici et là, salariés et ouvriers s’activent pour brancher les ordinateurs et monter les derniers meubles. L’ancien bâtiment qui appartient au ministère de la Justice reprend vie. D’ici quelques jours, le premier adolescent rejoindra la structure pour un parcours d’environ six mois, renouvelable une fois.
Les centres éducatifs fermés ont été créés en 2002 par le Garde des Sceaux de l’époque, Dominique Perben. Ces structures, qui existent partout sur le territoire national, permettent d’accueillir des mineurs de 15 à 18 ans. Ils sont délinquants sexuels, toxicomanes ou multirécidivistes. C’est la justice qui décide de leur placement en alternative à des peines de prisons qui conduisent bien souvent à un échec lors du retour dans la vie active. Avec deux millions d’euros de budget annuel, il s’agit du 51ème centre de ce genre à ouvrir ses portes en France.
La dernière chance
Ces centres éducatifs sont l’une des solutions aujourd’hui proposées par la justice comme une alternative à la prison. Les mineurs qui seront accueillis à Épernay dans les prochaines semaines viennent de la moitié nord de la France. Ils ont des parcours de vie chaotique, des problèmes avec la justice, une dépendance aux drogues. La trentaine de salariés du centre a pour mission de les écouter, les comprendre, les aider et leur donner les clés pour une réinsertion sociale et professionnelle.
Ce n'est pas une prison
Philippe Colautti
Douze éducateurs seront en permanence présents dans la structure pour leur accompagnement et leur sécurité. Philippe Colautti est le directeur général de l'association qui gère la structure, Sauvegarde 51. Il insiste sur le fait que "ce n’est pas une prison". En effet, pas de barreaux aux fenêtres ou de filet dans la cour. "Les déplacements sont libres mais surveillés. Si l’un des jeunes venait à fuguer, la justice pourrait ordonner son placement immédiat en détention. C’est une chance pour ces jeunes", insiste Philippe Colautti.
Du confort et des activités
Les douze adolescents, fille ou garçon, dormiront durant leur séjour sur place. Au premier étage du bâtiment, des chambres avec lit, table de chevet, armoire et sanitaire individuel ont été créés. "Il y a même une laverie à côté des chambres, nous explique Guillaume Gintrand, le directeur du site d’Épernay. Beaucoup de jeunes n’ont pas de repères, ne savent même pas faire leur lit ou lancer une machine. Ici, ils vont apprendre ces gestes du quotidien."
Au rez-de-chausée, les espaces de vie commune. Une infirmerie pour les bobos du quotidien, un espace de détente pour visionner des films ou discuter, le réfectoire, où les jeunes pourront préparer leurs repas avec la cuisinière en chef.
Un accompagnement à l’emploi
Pour offrir une insertion professionnelle aux adolescents, le centre s’est entouré des compétences d’éducateurs spécialisés qui apportent une formation. Un petit garage automobile a été créé pour l’atelier mécanique, un salon de coiffure et d’esthétique, mais aussi du sport avec une salle dédiée à la musculation et un parcours sportif adapté. "L’idée n’est pas que ces jeunes deviennent accroc au sport, mais c’est de canaliser leur énergie et de les accompagner avec une approche différente par le sport", détaille Guillaume Gintrand. Trois éducateurs sportifs ont été recrutés pour l’encadrement.
Une maison des parents
Le centre d’Épernay est le deuxième de France à se doter d’une maison des parents. "Bien souvent, le lien est rompu ou difficile avec la famille. Mais reconnecter les liens, fait partie du parcours de vie. Ces jeunes, ne peuvent pas sortir pour voir leur famille, donc c’est leur famille qui pourra venir à eux." Juste a côté du bâtiment principal, une petite maison a été construite. Un grand salon, une cuisine et des chambres. Les parents pourront venir passer du temps avec leur enfant, tisser de nouveaux liens.
"C’est aussi important pour nous de voir comment l’adolescent réagit avec sa famille. Certaines baissent les bras, d’autres non. C’est une chance que d’avoir ce type de structure", nous détaille Guillaume Gintrand.