On le surnommait l’increvable, ou encore l’inimitable : René Dorme, un as de l’aviation, considéré par certains comme le meilleur pilote français de la première guerre mondiale.
Un héros, plutôt discret, qui ne chercha même pas à faire homologuer la plupart de ses victoires!
Lorsque la guerre éclate, René Dorme se trouve à Bizerte en Tunisie où il officie comme maréchal des logis d’artillerie. Volontaire pour intégrer l’aviation militaire, il est breveté pilote en juin 1915 avant d’intégrer un an plus tard la prestigieuse escadrille des cigognes, encensée par la presse et formée de gloires nationales comme Guynemer et Nungesser.
Moins charismatique que les autres pilotes, René Dorme, lorrain d’origine, s’illustre pourtant très vite dans les aires, mû par une irrépressible envie d’abattre des avions allemands. Le 3 avril 1916, il remporte son premier combat. Ce sera le premier d’une très longue série.
Aux commandes de son Nieuport 17, à la croix de lorraine peinte le long du fuselage, René Dorme multiplie rapidement les exploits.
Au total, il s’attribuera plus de 90 victoires aériennes, dont seulement 23 furent homologuées.
En cause, le terrain de chasse de Dorme, trop vaste.
Le pilote vole parfois jusqu’à 30 kilomètres derrière les lignes allemandes à la recherche d’ennemis.
Admiré de ses camarades, craint par les pilotes allemands, ses victoires successives lui valent le titre de recordman de vitesse de la chasse.
En mars 1917, l’offensive française dans l’Aisne et notamment le chemin des Dames lui donne une ultime occasion d’exercer ses talents.
« Ultime », car comme beaucoup d’autres gloires de l’aviation, sa bonne fortune va finir par le lacher.
Le 25 mai 1917, c’est la sortie aérienne de trop pour le jeune pilote. Seul, face à une patrouille allemande, le sous-lieutenant René Dorme disparait sans que l’on retrouve jamais ni son corps ni son avion.
L’increvable venait de perdre son surnom, à seulement 23 ans.