L'histoire est complexe. Elle s'est construite sur des désaccords familiaux. Un homme de 37 ans, hospitalisé depuis 4 ans au CHU de Reims, n'était plus alimenté ni hydraté depuis plusieurs jours. La décision avait été prise par sa conjointe. Les parents n'étaient pas au courant.
Comme le rapporte France Bleu Champagne, en 2008, Vincent fait un grave accident de voiture et se retrouve dans un état pauci-relationnel, c'est-à-dire un état de conscience minimale. Installé dans l'unité de soins palliatifs du CHU de Reims, il reçoit des soins quotidiens. Sa compagne présente à ces côtés chaque jour, en froid avec les parents de Vincent, a confirmé la décision des médecins de stopper l'accompagnement thérapeutique du patient.
Écoutez le témoignage de la mère de Vincent
Seulement, la famille de Vincent n'a pas été tenue au courant. Ce sont ses frères qui après une visite se sont aperçus que la poche de nourriture avait disparu. L'hydratation avait également été limitée. Les avis de différents membres de la famille semblent diverger. La mère de Vincent demande alors un rendez-vous avec le médecin qui avoue après coup avoir "failli sur une partie de l'accompagnement de sa famille" en raison du manque de précision de la loi Leonetti relative aux droits des patients en fin de vie, avance-t-il.Voir le reportage du 12/13
La loi Leonetti jugée trop floue
Le 11 mai 2013, à la demande des parents qui ont saisi le tribunal administratif de Châlons-en-Champagne, le juge des référés a rendu une ordonnance enjoignant le CHU de Reims de rétablir l’alimentation et l’hydratation de ce patient.
L'Observatoire National de la fin de vie écrivait dans un communiqué diffusé le mercredi 15 mai : "Pour l’ONFV cette décision de la Justice est importante : d’abord parce qu’elle constitue un cas concret d’application de la Loi Leonetti, et ensuite parce qu’elle contribue à clarifier la façon dont l’avis des différents membres de la famille doivent être pris en compte avant que l’équipe médicale ne prenne sa décision."
En effet, la loi Leonetti du 22 avril 2005 recèle quelques zones nébuleuses. "Lorsqu’une personne n’est plus en capacité d’exprimer sa volonté, la loi Leonetti prévoit que toute décision susceptible d’engager son pronostic vital soit prise à l’issue d’une discussion collégiale associant plusieurs médecins ainsi que l’équipe de soins, et qu’elle prenne en compte l’avis de la famille (ce qui suppose de l’avoir demandé au préalable)" précise l'ONFV.