Trois hommes, originaires du Kurdistan irakien, ont été interpellés à Calais pour trafic de migrants. Les passeurs présumés transportaient des clandestins depuis la Marne jusqu'en Angleterre. Ils devaient passer en comparution immédiate ce lundi, mais leur procès a été renvoyé au 22 novembre.
Les trois hommes interpellés mardi dernier, 20 septembre, et suspectés d'avoir transporté clandestinement des migrants depuis la Marne vers l'Angleterre devaient être jugés ce lundi après-midi en comparution immédiate au tribunal de Reims. Mais les avocats des passeurs présumés ont demandé le renvoi du procès afin qu'ils puissent préparer leur défense. L'audience a été reportée au mardi 22 novembre, à 14 heures.
"Il s'agit d'une organisation mafieuse, à but exclusivement lucratif." Tels sont les mots employés par Matthieu Bourrette, procureur de la République à Reims.
Trois hommes, originaires du Kurdistan irakien, ont été interpellés le mardi 20 septembre à Calais pour "aide au séjour irrégulier en bande organisée". Depuis cinq mois, les passeurs présumés transportaient des émigrés depuis les aires marnaises de l'A26, loin des contrôles opérés autour de la "jungle", jusqu'en Angleterre.
1 000 à 6 000 dollars par trajet
Parmi les trois suspects, âgés de 20 à 25 ans, un seul a reconnu les faits. L'individu a détaillé aux enquêteurs les différentes "missions" qui leur étaient attachées : les mis en cause convoyaient les migrants depuis Calais jusque dans les aires d'autoroute de la Marne, où ils fracturaient ensuite des poids-lourds pour y entasser les clandestins.Sur la base de ces aveux, le parquet estime que 1 500 à 2 000 personnes, déboursant pour chaque trajet 1 000 à 6 000 dollars, ont pu entrer illégalement sur le sol britannique.
Les trois hommes sont placés en détention provisoire, et seront jugés lundi en comparution immédiate. Le procureur de la République a justifié cette procédure par la volonté d'apporter la réponse la plus "rapide, dynamique et ferme possible".
Un vaste réseau, piloté depuis le Royaume-Uni
Pour autant, les investigations ne s'acheveront pas de sitôt : le parquet évoque l'existence d'un réseau beaucoup plus vaste, piloté depuis le Royaume-Uni, qui engrangerait des flux financiers s'élevant à plusieurs centaines de milliers d'euros, "rapidement externalisées".Les premiers soupçons remontent à janvier 2016, date à laquelle l'escadron départemental de sécurité routière de la Marne avait découvert un groupe de clandestins caché à l'arrière d'un camion. Un téléphone portable, dont les communications retracées ont permis d'entamer des écoutes, surveillances et géolocalisations, avait été retrouvé à bord.
Les trois détenus encourent une peine de 10 ans d'emprisonnement et de 750 000 euros d'amende.
Voir notre reportage diffusé dans le JT 19/20 du lundi 26 septembre 2016 :
Revoir notre interview du procureur de la République dans le 19/20 du vendredi 23 septembre :
Conférence de presse de Matthieu Bourrette, procureur de la République à Reims, suite à l'interpellation de trois hommes suspectés de trafic de migrants.