Accusé d’agression sexuelle au Japon, le joueur de football du Stade de Reims Junya Ito contre-attaque

Accusé d'agression sexuelle par deux femmes au Japon, le joueur de football du Stade de Reims Junya Ito, star de l'équipe nationale nippone, a porté plainte et réclame 1.2 million d'euros. L'annonce a été faite ce mardi 20 février. Pour la décrypter, nous avons posé trois questions à Florent Dabadie, journaliste installé au Japon depuis 1998.

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Nouveau rebondissement dans l’affaire Junya Ito, joueur japonais et milieu de terrain du Stade de Reims depuis 2022. Son avocat a annoncé ce mardi 20 février que le joueur international, accusé d’agression sexuelle par deux femmes au Japon, a porté plainte contre elles et leur réclame 200 millions de yens, soit 1.2 million d’euros de dommages et intérêts. Il dénonce de fausses accusations aux répercussions importantes sur son image. 

Après l’ouverture de l’enquête par la police japonaise, le 1er février, le joueur de 30 ans a été mis à l’écart de la sélection nationale et a regagné la France. Il n’a donc pas participé au dernier match de l’équipe nippone en Coupe d’Asie, éliminée face à l’Iran. Quant au club champenois, il avait affirmé dans un communiqué être “solidaire” de son joueur, “dans l’attente d’éléments concrets”. 

Pour comprendre l’ampleur de cette affaire au pays du soleil levant, France 3 Champagne-Ardenne a échangé avec Florent Dabadie, aux multiples casquettes : journaliste au Japon pour des médias nippons et français; ancien interprète et assistant personnel d’un entraîneur de l’équipe de football japonaise :

Comment expliquer cette contre-attaque de l’avocat de Junya Ito ?

L’avocat a déposé plainte pour des dommages et intérêts d’1.2 million d’euros, ce qui correspond au dommage moral et à la perte de ses contrats publicitaires, parce que même s’il y a la présomption d'innocence, le monde des affaires japonais est assez frileux. Il a perdu d’énormes contrats. En même temps que la plainte, ils ont donné plusieurs témoignages aux journaux, notamment sur le fait qu’une des plaignantes se soit contredite. Pour l’instant, l’avocat de la modèle à l’origine de cette plainte refuse de commenter. 

 Combien de temps pourrait durer l’enquête et quel impact peut-elle avoir sur sa carrière, dans un futur proche ?

Ça risque d’être très lent. Les Japonais sont très prudents et les procureurs ne communiquent jamais à la presse avant d’avoir une certitude à 99%. Ils vont attendre, attendre, attendre, donc ça peut prendre beaucoup de temps. Quand l’affaire a pris de l’ampleur, tout le monde a essayé de faire marche arrière. Il y a eu des témoignages enregistrés trop vite, une marche arrière du côté des plaignants mais aussi des procédures policières avec beaucoup de largesse. 

La participation d’Ito au match contre la Corée du Nord, qui est la prochaine échéance de l’équipe nationale le 21 mars, me paraît donc très compromise. Je ne pense pas que les Japonais feront comme le Stade de Reims. Ils ne prendront pas le risque de le mettre sur le terrain avec le maillot de l’équipe nationale alors qu’il y a une procédure en cours. 

Aujourd’hui, quelle est la réaction de l’opinion publique japonaise ?

L’opinion publique est partagée parce qu’elle évolue. Le Japon est une société très machiste avec très peu de parité dans le gouvernement, mais petit à petit les jeunes générations sont en train de se rebeller contre ça. MeToo n’a pas pris beaucoup d'ampleur ici mais c’est appelé à changer, il y a un courant qui commence à naître. C’est tout à fait possible qu’il y ait une vague qui se serve de cette histoire Ito pour revendiquer des droits. 

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