Cette ancienne école se transforme en café associatif, brocante et friperie, "un lieu de partage et d'échanges dans le village"

L'inauguration a eu lieu à la mi-mai. Le village de Villers-Allerand (Marne) est désormais doté d'un lieu d'échanges, de partages et de chine. La Marelle, café associatif, regroupe trois passionnés de vintage et de brocante. En plus de déguster un thé, un café, les fondateurs proposent de découvrir leur univers de fripes et d'objets anciens.

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C'est une vieille bâtisse aux murs de pierre qui n'a pas vu âme qui vive depuis des années. Depuis quelques semaines, le lieu reprend des couleurs. Des parapluies multicolores suspendus laissent planer un sentiment de quiétude. Les chaises longues incitent à s'installer, le temps d'une pause. La vieille bâtisse s'anime à nouveau.

Nichée dans un recoin du village de Villers-Allerand, à quelque 10 kilomètres de Reims, l'ancienne école publique Roger Garitan n'a que la marelle au sol pour ce souvenir du temps passé. Lorsque Céline découvre le lieu, c'est un coup de cœur. Comme celui qu'elle a pour le village, en 2017, lorsqu'elle s'y installe. "J'ai découvert le lieu par hasard, explique-t-elle. Une amie visitait l'appartement du dessus pour une location et nous sommes aussi entrées au rez-de-chaussée. Je n'ai rien dit pour ne pas l'influencer, mais l'idée d'y installer un lieu de vie m'a très vite traversé l'esprit. Elle n'a pas pris l'appartement et moi, j'ai contacté deux autres amis pour leur faire part de mon projet".

L'idée d'un café associatif germe alors, "mais le mettre en place, toute seule, ça n'avait pas de sens", reprend Céline. Avec Barbara et Kevin à ses côtés et la signature avec la municipalité d'un bail éphémère, les trois amis se lancent. "J'ai tâté le terrain dans le village et la population était impatiente de voir naître ce lieu alternatif. Il fallait donc que l'on se dépêche d'ouvrir".

La Marelle retrouve des couleurs

Villers-Allerand, 800 habitants, n'a plus de commerces depuis quelques années déjà. La place des déportés martyrs 1945 vit aujourd'hui au rythme des marchands ambulants du jeudi et du vendredi. Les jours des crêpes de Béa ou du food-truck de pizza, les habitants se retrouvent sur cette fameuse place de village qui s'anime, alors, à nouveau. Installer un lieu alternatif, associatif, un lieu de vie, à cet endroit c'était permettre de prolonger ces moments d'échanges.

Lorsque nous avons choisi le nom, nous ne savions pas que nous étions dans l'ancienne école du village.

Céline, l'une des trois fondatrices de La Marelle

"Nous nous sommes retrouvés dans le lieu avec Barbara et Kevin pour trouver un nom à notre projet, raconte Céline. Il y avait plein de scarabées et nous avons évoqué les "trois scarabées" et puis non, il fallait que nous soyons en lien avec le village. Nous sommes sortis dans la cour et nous avons vu cette marelle au sol. La Marelle est alors née". C'est le maire actuel du village qui a fait peindre cette marelle. Sans doute pour les enfants du village, à l'époque où le lieu servait aux activités périscolaires. "Quand nous avons révélé au maire le nom de notre collectif, il était très ému et ravi. Il aime son village et a très envie de le voir s'animer". 

60 ans après l'installation de son école, transformée ensuite en appartements pour les instituteurs du village, puis mis en location, ce lieu retrouve une âme. La Marelle est finalement un juste retour aux sources. "Lorsque nous avons choisi le nom, nous ne savions pas que nous étions dans l'ancienne école du village".

Le partage comme credo

Mais avant de s'installer, il a fallu nettoyer ! "Lorsque j'ai ouvert les volets, j'y suis allée avec un ballet pour retirer les toiles d'araignées qui tapissaient toutes les fenêtres extérieures. Des araignées énormes y étaient installées, explique encore Céline, en frissonnant encore ! Sans compter la vieille moquette poussiéreuse à décoller."

Nous voulons vraiment que La Marelle soit un lieu de vie, où les gens du village mais aussi de Reims et d'ailleurs puissent se retrouver.

Céline, fondatrice de La Marelle

Le projet est né en avril et l'objectif est d'ouvrir mi-mai. Il faut donc faire vite. Ils astiquent, mais laissent "dans leur jus" les pièces. L'entrée avec son escalier en bois servira de lieu d'exposition, comme la cuisine aux couleurs d'antan, jaune moutarde et carreaux verts au mur et cheminée de marbre. Tout une histoire se raconte ici. "Alors cette pièce je ne la modifierai pas", sourit Céline. Un total look vintage qui donne une ambiance comme les trois amis l'aiment... "Nous sommes tous les trois passionnés". Passionnés justement de choses anciennes avec un point commun : la seconde main.

"Ce qui nous porte, c'est l'amour des matières", précise encore Céline. Avec Barabara, elles ont, depuis quelques années déjà, chacune leur friperie, en ligne ou installée dans leur maison. "Maurice en salopette" ou la "Petite Saperie" ont élu domicile à La Marelle. "Nous aimons les imprimés, les coupes, le vintage, Kevin, lui, est brocanteur professionnel". En plus de leurs passions respectives, les trois amis accueillent d'autres artisans locaux et veulent développer cette idée de partager. "Sonia, une coiffeuse vient occasionnellement. Nous avons découvert une artiste locale que nous souhaitons faire découvrir en exposant ses œuvres. Nous voulons vraiment que La Marelle soit un lieu de vie, reprend Céline. Où les gens du village mais aussi de Reims et d'ailleurs puissent se retrouver".

Qualité des objets, des vêtements et de l'échange

Les trois amis cherchent aussi la meilleure façon d'installer durablement leur collectif. Ils souhaitent se monter en association pour travailler avec la municipalité notamment. Mais aussi avoir le meilleur cadre institutionnel et juridique pour que tous ceux qui franchiront la porte, public, artistes, artisans, pussent être encadrés au mieux. À commencer par leurs propres microentreprises.

Les vieux vêtements, c'est beaucoup plus original. C'est faire revivre des vêtements qui ont déjà vécu, continuer leur histoire et faire barrage au marché de première main peu qualitatif.

Lola, jeune cliente de 20 ans.

"Je chine depuis l'âge de 18-20 ans, explique Barbara. Depuis 5 ans, je lâche un bout de mon travail pour créer cet univers. Avec Céline nous nous sommes rencontrés sur des évènements et avons décidé d'en créer d'autres. Depuis longtemps j'avais envie d'avoir un lieu, d'abord pour stocker mes vêtements et partager cette passion pour la seconde main. Mais seule, financièrement et en termes d'énergie à déployer, c'était compliqué. Céline est arrivée à point nommé !"  "Nous recherchons la qualité des matières, l'originalité des objets aussi pour Kevin, explique Barbara. Il faut vraiment que la pièce me plaise. C'est à chaque fois un coup de cœur. Je ne chine pas du "Chine"", entendez du fabriqué en Chine. Céline et Barbara insistent aussi sur le fait que La Marelle n'est pas un dépôt-vente. Elles aiment dénicher des vêtements anciens, des pièces uniques. Brocantes, vide maison, friperies des associations caritatives sont leurs lieux préférés. "Je chine tous les jours. Je vais faire un petit tour, ça ne prend pas longtemps" précise Barbara.

L'euphorie

Inaugurée le 17 mai 2024, La Marelle connaît, depuis, un joli succès. "Je l'espérai de tout cœur, dit encore Céline, mais cela a pris des proportions que je n'osais imaginer. Même si la volonté était avant tout de se retrouver et de partager, les ventes ont bien marché aussi. Et puis, il y a déjà des gens qui reviennent" C'est le cas de ces habitantes de Rilly-le-Montagne, le village d'à côté. "Et à chaque fois, c'est 100% d'achat, dit l'une d'entre elles avec le sourire. Agate et Lola ont, elles aussi, déjà rendu visite à la Marelle. Elles ont 20 ans et se veulent "en marge de la mode, quitte à s'en émanciper complètement. Il y a beaucoup trop de "fast-fashion" disent-elles. Les vieux vêtements, c'est beaucoup plus original, explique Lola. C'est faire revivre des vêtements qui ont déjà vécu, continuer leur histoire et faire barrage au marché de première main peu qualitatif". "Je trouve, en friperie, plus de couleurs qui me correspondent, reprend Agate. Et puis c'est toujours intéressant de fouiller pour trouver finalement que des modèles uniques. 

Jean-Christophe et Marlène découvrent le lieu et y font leurs premiers achats. "Ce qui nous intéresse, c'est l'objet unique, explique Jean-Christophe, les bras chargés d'un mathusalem (vide) de Champagne d'une célèbre marque. On aime avoir l'objet que les autres n'ont pas". Jean-Christophe est aussi originaire de Viller-Allerand. "Avant il y avait une boulangerie et même un restaurant. C'est bien que cela reprenne vie".

"Chez mes parents, il y avait cela". Catherine découvre le lieu. Et quand on lui demande ce qu'elle aime, elle répond spontanément : "tous mes souvenirs d'enfance sont là. À l’époque, c'était aussi des choses de qualité".

Éphémère, à voir

Céline et ses camarades se veulent méfiants face à  "cette euphorie" des premières semaines. "Nous avons créé un lieu éphémère puisque le bail avec la municipalité l'est, précise encore Céline. Nous pouvons le renouveler une fois. Nous avons fait le buzz ces derniers jours, mais nous nous posons beaucoup de questions déjà. Nous ferons le point en novembre et ce qui nous inquiète, c'est l'hiver. Est-ce que les gens vont venir nous voir ? Notre lieu sera-t-il viable? À nous, de le maintenir avec des évènements"."Nous devons jouer aussi sur la carte touristique, reprend Barbara, et contacter tous les acteurs pour qu'ils communiquent auprès de leurs clients".

Heureux, ils le sont. Mais très conscients que l'on ne vit pas dans l'euphorie tout le temps ! C'est pour cette raison que l'été sera chaud à La Marelle avec quelques animations prévues et d'autres en réflexion. Le 29  juin prochain, le collectif s'associe à l'animation prévue dans le village pour fêter, comme il se doit, l'été. Et puis le 7 juillet, ils organisent dans la cour de la Marelle, une brocante.

"Toutes les idées sont bonnes à prendre et, dans l'idée de partager le lieu le plus possible, nous incitons aussi le public à nous faire part des leurs, reprend Céline."Nous sommes tous les trois assez discrets. Ce qui nous tombe dessus là, c'est un truc de fou !" "Mais on veut faire du bien aux gens et se faire du bien aussi à nous", sourit Barbara.

Rien de mieux que le partage pour cela.

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