Comme 130 000 autres Français, Baptiste, 21 ans, est pour l'instant bloqué aux Philippines par la pandémie de coronavirus. À Reims,
sa mère, elle même diagnostiquée comme malade du Covid-19, tente par tous les moyens de le rapatrier dans l'hexagone.
Cela devait être des vacances de rêves. Trois mois à l'autre bout du monde avec son amie d'enfance, Samantha, à multiplier les plongées dans les eaux turquoises des Philippines. Mais pour Baptiste, jeune scaphandrier professionnel de 21 ans parti en Asie assouvir sa passion, la carte postale a viré au casse-tête...
Il y a deux semaines, alors qu'ils visitent l'île de Siargao, réputée pour ses spots de surf, les deux jeunes se réveillent un matin dans un hôtel vidé de ses clients. Dans la nuit, tout le monde a plié bagage, à l'approche du Covid-19. Impossible de prendre un billet d'avion. Tous les vols sont complets ou hors de prix, les compagnies aériennes profitant de la panique pour augmenter leurs tarifs : jusqu'à 800 euros pour un trajet de 30 minutes...
"On a du rentrer en bateau, explique Baptiste, joint via la messagerie WhatsApp. Cela débordait de gens qui fuyaient malgré le blocage par le gouvernement de tous les moyens de transport entre les îles." Depuis, les deux amis sont confinés en location dans un appartement dont le bail expire le 30 mars, avec seulement 300 euros en poche. A Cebu city, le port du masque est obligatoire et les prises de température omniprésentes. Dans les rues, l'armée veille sans ménagement au respect du couvre-feu.
Tous les jours je me rends quand même à l'aéroport où plus de 300 personnes dorment à même le sol. Mais les billets sont rares et parfois à plus de 6.000 euros.
-Baptiste, expatrié
Inscrits sur liste d'attente, Baptiste et Samantha tenteront dans deux jours d'embarquer dans un vol Air France à destination de Prague. Sans aucune certitude.
Comment réussir à quitter les Philippines et rentrer en France ? Comment gérer ce sentiment d'abandon ? A plus de 11.000 kilomètres, à Reims, pour sa mère Pascale, 50 ans, c'est l'inquiétude. Elle même atteinte du covid-19, et patiente à risque, en raison de son asthme chronique, elle appelle aujourd'hui la France à mettre immédiatement en place des avions spéciaux pour faire revenir l'ensemble des expatriés dans des conditions sanitaires optimales, et sécuriser ainsi leur retour.
On a l'impression que la France a totalement abandonné mon fils et son amie. Il s'est bien sûr enregistré sur le portail ARIANE afin de signaler sa présence auprès des autorités et envoie chaque jours des mails à l'ambassade...
-Pascale, mère de Baptiste
Mais aucune nouvelle : le consulat français à Cebu est fermé et l'ambassade, à Manille, est elle même à cours d'informations.
Lassée des "effets d'annonce et du manque de bon sens d'Emmanuel Macron", Pascale attend plus que jamais du concret de la part de l'Etat et se dit bien sûr, prête à financer le coût du rapatriement.
La voix fatiguée par les insomnies et la maladie, Pascale le sait. Le jour où son fils parviendra à rentrer en France, elle ne pourra ni le voir, ni le serrer contre elle. Une douleur supplémentaire.
De rares contacts par SMS
Depuis une semaine, diagnostiquée porteuse du covid-19 par son médecin, sans avoir fait de tests, elle tente tous les jours d'avançer, malgré les fortes fièvres désormais passées, et les quintes de toux, tout juste arrivées. " J'ai comme des brûlures au niveau de la cage thoracique et de la trachée. J'ai l'impression d'avoir le feu dans mes poumons avec en même temps une grande sensation de froid..." Pour se soigner, du tamiflu, un médicament antiviral, du paracétamol et des sirops anti toux, déposés devant la porte par une amie.Des journées rythmées par de rares contacts avec son fils par SMS, et les deux appels quotidiens de son médecin afin de mesurer son évolution et celle de son compagnon, lui aussi touché. Pour le confinement de Baptiste après son retour, Pascale a tout prévu. Son fils passera 14 jours dans l'appartement d'une amie, prêté pour l'occasion.
" La France ne s'occupe pas de nous. Alors c'est encore plus mon devoir de mère et de citoyenne de le faire. "