Mehdi et Léa, 24 et 22 ans, étudiants en fac de médecine à Reims, se préparent à partir aider dans les hôpitaux pour lutter, à leur échelle, contre la crise du Coronavirus. Témoignages.
Ils devaient tomber dans trois semaines, mais pour Mehdi et Léa, en cinquième année de médecine à Reims, les partiels ne sont plus la priorité. "Pas la tête à ça, et en un sens, tant mieux, je serai sûrement allé au rattrapage", confesse Mehdi, futur médecin urgentiste. Léa, elle, occupe désormais ses journées à réviser. Pour la forme. Ils le savent déjà : même si leurs professeurs s'apprêtent à mettre leurs cours et leurs enseignements dirigés en ligne, leurs examens, eux, seront probablement reportés.
Le Covid-19 est passé par là. Un moment "historique", déjà marquant pour ces étudiants. "Je ne pensais pas voir cela un jour, clairement pas, explique Léa. Cela prouve que tout peut arriver..."Une réalité que ces deux assistants régulateurs volontaires au SAMU de Reims plusieurs après-midi par semaine, vivaient déjà au quotidien, surchargés d'appels.
La journée de samedi, on a du recevoir plus de 800 coups de fil et confiné de nombreuses familles, avec les médecins régulateurs. C'est à peine si on a eu le temps d'aller aux toilettes.
- Mehdi, externe en médecine à Reims
"Plein à Craquer"
Au CHU de Reims, les externes n'ont pas l'autorisation de pénétrer dans les services accueillant des patients touchés. " Les malades, entre 30 et 50, sont regroupés en médecine interne et en maladies infectieuses, dans les unités 83 et 82, explique Mehdi. D'autres sont bien sûr en réanimation, au sous-sol de l'hôpital Robert Debré, le CHU de Reims, où paraît-il, c'est "plein à craquer". Il n'y a plus de places... Les salles de réveil sont utilisées pour soigner les malades..."Et en parallèle du coronavirus, d'autres patients continuent de se rendre à Robert Debré pour soigner d'autre pathologies.
Les deux jeunes gens s'attendent, d'un jour à l'autre, à être réquisitionnés par la direction médicale du CHU de Reims afin de soulager les équipes soignantes et leur permettre de se concentrer sur la lutte contre le virus. "C'est difficile de dire que l'on est à 100% opérationnel, reconnait Léa. On sait reconnaitre et analyser des cas mais nous ne sommes pas encore médecins. On devra forcément être encadré par des internes qui eux aussi seront sûrement réquisitionnés.Il faut toujours traiter les AVC, les infarctus, la médecine de tous les jours.
-Léa, externe en médecine
"Grave d'en arriver là"
"Cela me fait plaisir bien sûr de pouvoir aider, c'est ma vocation. Mais c'est quand même grave d'en arriver là, à cette nécessité. C'est révélateur de l'échec de notre système hospitalier : personne n'était préparé à affronter cela, analyse Mehdi. Et pour cause. Ces dernières années, la logique financière des hôpitaux et les coupes budgétaires ont abouti à de nombreuses fermetures de lits. On en voit les conséquences aujourd'hui..."A moyen ou long terme, Mehdi souhaite que le Covid-19 devienne une "épidémie formatrice, bénéfique", malgré les morts déjà recensés, et les autres, à venir. Une triste expérience qui permettra de repenser l'organisation des hôpitaux français et d'apprendre à mieux financer les stocks et gérer le flux des patients. "Il faut une prise de conscience de la population et des pouvoirs publics, conclue t-il. Cela coûte de l'argent mais tout le monde doit comprendre qu'il faudra investir dans la santé, beaucoup plus qu'avant la crise. Alors, le coronavirus aura au moins servi à quelque chose..."