Depuis le 21 mai, les facteurs de Bétheny (Marne) sont entrés en grève illimitée en raison de l'alourdissement de leurs taches à venir et de leurs conditions de travail générales.
Pour les facteurs de Bétheny, c'est la goutte d'eau qui fait déborder le vase, ou plutôt la publicité qui fait déborder la boîte aux lettres. Depuis le mardi 21 mai, ces derniers sont entrés en grève illimitée et appellent la population à les soutenir aux Docks Rémois. La raison de ce mouvement social ? Les imprimés publicitaires, initialement distribués par leurs collègues de Médiapost, viendront bientôt alourdir leur sacoche, à l'heure "où beaucoup se mettent déjà en danger sur la route", le tout pour "très peu de considération".
"On fait très rarement grève, mais là, on veut montrer qu'on en a marre", lance un gréviste sur place, qui estime la proportion de gréviste à 80 % chez les facteurs. "Pour vous dire, la dernière fois, c'était en 2006", se rappelle-t-il, déterminé à faire entendre sa voix et celles de ses collègues. Puisque si la nouvelle tâche attribuée aux facteurs est la raison principale de cette grève, les syndicalistes insistent sur un malaise bien plus profond et général.
Salaires insuffisants et heures supplémentaires non payées
"Les facteurs crèvent la dalle parce que les salaires ne sont pas suffisants, et ils crèvent de leurs conditions de travail. Ils sont épuisés, ils n'en peuvent plus", affirme Christelle Tonneillier, secrétaire générale de la CGT FAPT. Elle poursuit : "La Poste veut recruter, mais elle n'y arrive pas. Les salaires y sont peut-être pour quelque chose. L'écart de salaire entre quelqu'un à l'embauche et un facteur avec 28 ans d'ancienneté est de 136 euros. Le salaire d'un facteur avec 28 ans d'ancienneté se situe à 131 euros au-dessus du SMIC (2024)".
On se met en danger sur les routes, beaucoup viennent plus tôt, travaillent gratuitement avant le début de la journée et sur leurs pauses, et on n'a pas le moindre merci
Une gréviste souhaitant rester anonyme
À cela s'ajoute la problématique des heures supplémentaires quotidiennes non payées, en raison "d'une surcharge de travail". "La plupart des facteurs n'arrivent pas à finir leur tournée dans les temps, et en quelques années, La Poste a déjà supprimé 4 à 5 positions de travail. On est super chargés sur les vélos, les scooters et les voitures. On se met en danger sur les routes, beaucoup viennent plus tôt, travaillent gratuitement avant le début de la journée et sur leurs pauses, et on n'a pas le moindre merci", regrette une gréviste, qui déclare en moyenne une vingtaine d'heures supplémentaires par mois, chiffre estimé "largement à la baisse" par rapport au réel travail effectué selon ses collègues.
"Les sanctions se multiplient depuis un an et demi"
Et pour ne rien arranger à la situation, "les sanctions se multiplient depuis un an et demi", instaurant un "climat tendu" au sein de l'entreprise. "Si vous ne travaillez pas avant l'heure ou pendant vos pauses pour finir la tournée, on vous fait comprendre que vous êtes fainéants par rapport aux autres, qui viennent souvent entre trente minutes et une heure avant le début de la journée sans être payé davantage. Il faut vraiment aimer son travail... C'est un métier difficile, et en plus, c'est mal payé", soupire une syndicaliste.
Pour le moment, aucune suite n'a été donnée par la direction quant aux différentes revendications des facteurs. Pendant ce temps, "des facteurs du Grand-Est sont sollicités" pour assurer le service.