A quelques kilomètres de Reims, à Auménancourt, l'église de la commune a été transformée en centre d'art et de culture. Un lieu insolite qui accueille à partir du 20 septembre et jusqu'au 6 octobre l'exposition "Quand les mots se taisent" de l'artiste rémoise Pauline de Cabarrus.
C'est une église comme presque chacune des 36.000 communes de France en connaît. Sauf qu'à Auménancourt, l'édifice religieux est "désacralisé", et depuis 10 ans, les vernissages d'exposition y ont remplacé les offices religieux. "J'ai découvert cette église Sainte-Félicité, son atmosphère et sa sérénité, en étant moi-même spectatrice d'expositions qui s'y déroulaient, explique Pauline de Cabarrus, d'une voix résonnant légèrement dans cette enceinte romane, couverte de ses oeuvres et autres installations. Un lieu majestueux à la mémoire palpable, géré par l'association La Pierre Longe, qui invite désormais exclusivement des artistes locaux et régionaux.
"On peut dire que j'ai adapté mon travail au lieu où il allait être exposé, poursuit Pauline de Cabarrus. Du fait de ces 8 mètres sous voûtes par exemple, j'ai fait construire sur mesure une structure de 4 mètres sur 4...J'ai vraiment voulu investir l'espace, ce qui donne à mes oeuvres une dimension non pas religieuse, mais spirituelle peut-être...Et puis, assez étrangement, la couleur de la pierre évoque celles de mes tableaux ".
Pendant un an passé en résidence au sein de la friche artistique "La fileuse", la jeune femme prend le temps de préparer son exposition. 35 œuvres en tout, peintures, gravures, monotypes ou collages, et 3 installations. Des créations autour du langage et des traces écrites, les thèmes de prédilection de la plasticienne. Dès l'entrée dans l'édifice, le ton est donné avec sur les murs, plusieurs tableaux où l'oeil distingue d'anciens courriers, documents ou lettres d'époques collés sur les œuvres.
C'est une série qui s'appelle "paysages oniriques". Chacun est libre de projeter ce qu'il veut sur ces paysages. Les mots sont quasi illisibles, c'est plus leur graphisme qui m'intéresse et qui évoque des souvenirs aux spectateurs.
-Pauline de Cabarrus, artiste
Parmi les installations, "520 palimpsestes" soit 520 boites de 8 centimètres sur 4 contenant chacune un palimpseste, un manuscrit dont on a fait disparaître les écrits pour y inscrire un nouveau texte, en l'espèce un ancien document de la poste recouvert d'un monotype japonisant réalisé à l'encre sur papier de soie. Pourquoi 520 ? "En chinois, 520 se prononce comme "je t'aime", explique la plasticienne. C'est un moyen d'exprimer son amour sans avoir besoin des mots...". Originalité de l'exposition, moyennant 10 euros les visiteurs pourront repartir avec l'une de ces petites boites, rendant ainsi l'installation modulable.
Autre installation , 150 cerfs-volants de soie cousus main et quasi-transparents, eux aussi recouverts de monotypes représentant des paysages imaginaires. "C'est une oeuvre immersive, l'idée est qu'on puisse se mettre à l'intérieur, poursuit la jeune plasticienne. Les visiteurs, une fois en marche sous les cerfs-volants, vont remuer l'air et ainsi provoquer un bruissement de papier."
A la fin de l'exposition, le 6 octobre prochain, afin de rendre les lieux en bonne et dûe forme avant qu'ils n'accueillent un nouvel artiste, un concert se tiendra en l'église Sainte-Félicité. Pas de chants grégoriens au programme, mais du jazz manouche...
Infos pratiques
Exposition "Quand les mots se taisent" de Pauline de Cabarrus, organisée par la gallerie "La réserve" au Centre d'Art et de Culture d'AuménancourtVernissage en présence de l'artiste le vendredi 20 septembre 2019 à 18h30.
Horaires : samedi et dimanche de 14h30 à 18h30 / Semaine sur RDV
A découvrir jusqu'au 6 octobre.