Depuis dimanche 19 novembre, de nombreux panneaux de communes marnaises ont été retournés. Un geste symbolique à l'initiative de la FDSEA et des Jeunes Agriculteurs, pour montrer que le gouvernement français "marche sur la tête" avec sa politique agricole.
Imaginez-vous sur une route de campagne, les mains sur le volant, à chercher la commune de Châtelraould-Saint-Louvent dans la Marne. Soudain, vous tombez sur un panneau de commune des plus insolites. Les lettres s'entremêlent, rien n'a de sens, et pour cause : le panneau est à l'envers.
Étrange. Qui a bien pu retourner ce panneau et pourquoi ? Derrière ce curieux geste se cache un symbole fort : "nous marchons sur la tête". Voilà le message envoyé par les agriculteurs marnais, à l'origine d'une épidémie de panneaux retournés dans le département depuis dimanche 19 novembre. "Je pense que nous avons touché environ 20% des communes de la Marne", estime Bastien Lombard, président des Jeunes Agriculteurs de la Marne.
Dénoncer les contradictions du gouvernement
"Nous avons une belle agriculture et nous sommes en train de la sacrifier". Les mots de Laurent Champenois, secrétaire de la FDSEA de la Marne sont forts. Cette initiative est le fruit d'une collaboration entre la fédération et les Jeunes Agriculteurs. Elle vise à dénoncer les contradictions du gouvernement, comme le mentionne la FDSEA sur les réseaux sociaux :
"Nous partons d'un constat, explique Laurent Champenois, notre président de la République a annoncé en 2020 qu'il ne fallait pas confier son alimentation à d'autres pays. Mais ce ne sont que des discours de façade. Par exemple, on nous demande à côté de ça de mettre 4% de notre surface en jachère en 2024. C'est uniquement de l'herbe, qu'on ne pourra même pas récolter pour nourrir les bovins. On ne peut pas demander ça et parler de souveraineté alimentaire !"
Les agriculteurs participant à cette initiative, née dans le Tarn, regrettent aussi le nombre d'importations, notamment de viandes bovine et porcine, qui pourraient être selon eux produites et consommées sur place.
Qui pour remplacer nos agriculteurs ?
Pour les Jeunes Agriculteurs, le principal motif d'inquiétude reste le renouvellement des générations. Selon les chiffres fournis par l'Etat : 166.000 exploitants agricoles seront partis à la retraite d'ici dix ans en France, soit plus d'un tiers d'entre eux. Qui pour leur succéder ? Selon Bastien Lombard, président des Jeunes Agriculteurs de la Marne, la tâche n'est pas simple.
Il faut mettre en place des outils fiscaux permettant de transmettre une exploitation à un jeune plus facilement ! Nous attendons ça, pour permettre aux jeunes de s'installer sans avoir de surcoût.
Bastien Lombard, président des Jeunes Agriculteurs de la Marne
Quelle réponse du gouvernement sur ces potentiels outils fiscaux ? Aucune, selon Bastien Lombard. Pour mieux se faire entendre, les agriculteurs ne comptent pas s'arrêter aux panneaux de commune mis à l'envers. Ils se donnent rendez-vous le vendredi 24 Novembre 2023 devant la préfecture, lors d'un rassemblement, "qui se veut pacifique" précise Laurent Champenois. L'objectif : montrer leur mécontentement sans faire de casse.