Envie de découvrir un sport de rue original et accessible à tous ? Deux passionnés de parkour proposent des sessions d'entraînement à Reims. Objectif : apprendre à surmonter les obstacles. Au sens propre comme au figuré.
Passements, sauts de chat, passe-muraille... Claire Buat, 26 ans, et Quentin Delavigne, 24 ans, enchaînent les figures avec aisance sur l'esplanade de la Comédie de Reims. "On vient régulièrement ici, car il y a pas mal d'obstacles à franchir, expliquent-ils. Mais on change souvent de spot pour ne pas se lasser." Les quartiers Europe, Croix-Rouge ou encore Saint-Remi font aussi partie de leurs nombreux terrains de jeu rémois.
Tous deux sont passionnés par le parkour (avec un k), cette discipline sportive qui consiste à franchir des obstacles urbains comme des murs ou des barrières. Sans aucun matériel, juste avec son corps. "On n'a besoin de rien, juste d'une paire de baskets."
Apparu dans les années 90 autour d'Evry en banlieue parisienne, le parkour, appelé aussi art du déplacement, s'est développé dans le monde entier. En France, la fédération de parkour compte aujourd'hui plus de 1.350 adhérents. Des films comme le mythique Yamakasi ou Banlieue 13 ont popularisé cette pratique, véhiculant parfois une image de sport spectaculaire, frôlant avec le danger.On peut s'amuser n'importe où, les possibilités sont assez infinies
- Quentin Delavigne, prof de parkour
Prévenir les blessures
"Ce n'est pas un sport extrême, réplique Claire Buat. Nous on est plus dans la pédagogie, dans l'esthétique du mouvement que dans la performance à tout prix." Au début de chaque séance, les pratiquants sont interrogés sur leur état de santé, leur fatigue du moment. "Le coeur de l'activité, c'est de pratiquer en toute sécurité et d'éviter les blessures. Les parents des plus jeunes nous font confiance, on ne fait pas n'importe quoi."Originaire de Haute-Marne, la jeune femme a commencé le parkour dans son village de Vaux-sur-Blaise. "Avec un ami, on regardait des vidéos sur internet pour apprendre les mouvements et on sautait un peu partout sur les murs de notre village, se souvient-elle. Les gens trouvaient cela un peu bizarre." Très vite, elle se prend au jeu et continue sa pratique à Reims, où elle est étudiante en Staps.
Avec un ami, elle crée il y a huit ans l'association Reims Parkour School. Sa passion la fait voyager un peu partout en Europe, du Portugal au Danemark, en passant par l'Allemagne ou la Croatie, à la rencontre d'autres "traceurs" comme on les appelle dans le milieu. Elle se rend même aux Etats-Unis pour participer à la saison 2 d'Ultimate beastmaster, sorte de parkour extrême diffusée sur Netflix.Le parkour développe des qualités telles que la motricité, l'agilité, la souplesse, l'endurance, la concentration, la confiance en soi. C'est un sport relativement complet.
- Claire Buat, prof de parkour
Transformer leur passion en métier
Lors d'un rassemblement en France, elle rencontre un autre passionné, Quentin Delavigne, son binôme actuel. Le jeune homme débarque ensuite à Reims pour ses études de Staps et, rapidement, rejoint l'association rémoise qui passe en huit ans de 2 à 80 adhérents. Une évolution qui donne des idées d'expansion à Claire et Quentin. Leur but : vivre de leur passion. Ils montent l'an passé une société baptisée Henaliið. "Ce terme vient de la contraction, retranscrit en langues nordiques, de nos quatre piliers fondateurs : la santé, le naturel, le mouvement et l'esprit de communauté", explique Quentin.Tous deux proposent des cours de parkour, mais aussi de mouvement et de renforcement musculaire pour améliorer sa pratique. La plupart de leurs élèves ont entre 9 et 15 ans. "Le plus vieux a 38 ans, précise Claire, mais ce sport est accessible à tous, les juniors, les seniors, les filles, même si elles sont encore peu nombreuses, on adapte l'apprentissage en fontion du public." Leur devise : persévérance, discipline, partage.Ce qui me plaît, c'est la possibilité de se dépasser physiquement et mentalement à chaque fois qu'on franchit les obstacles. Mais aussi le partage, l'échange entre pratiquants.
- Claire Buat, cofondatrice d'Henaliið
"Ce qui m'intéresse plus particulièrement dans le parkour, c'est le développement mental. On réussit à franchir des obstacles qui paraissaient insurmontables au départ, mais finalement avec un entraînement qui se veut rigoureux et régulier on arrive à des belles choses", assure Claire qui avoue elle-même avoir réussi à dépasser sa timidité grâce à cette discipline.La pluie et la neige, ce n'est pas un problème, cela fait partie de l'apprentissage, il faut juste une tenue adaptée et faire attention à ses appuis.
- Quentin Delavigne, cofondateur d'Henaliið
Surmonter l'échec
Etre à l'aise dans ses baskets, améliorer sa confiance en soi et sa peur de l'échec, ce sont les promesses de ce sport qui combine des éléments de force, de danse, d'acrobatie et même d'arts martiaux. "On apprend à se réapproprier son corps et ses capacités, car le mouvement, c'est la santé."Les deux éducateurs sportifs dispensent aussi leurs services lors d'enterrements de vie de garçon ou de jeune fille, des anniversaires ou encore des séminaires d'entreprise. Soutenus par la Région Grand Est, les jeunes entrepreneurs aimeraient voir plus grand. "On voudrait ouvrir dans deux ans une salle dédiée au parkour et au mouvement comme il en existe à Bordeaux, Lyon ou Paris." Une épreuve de plus à franchir pour ces deux passionnés.