Un important dispositif policier est en place près de l'université de droit à Reims. Le tramway était bloqué dans le secteur ce vendredi 5 avril en début de soirée. Une fausse alerte téléphonique, semble-t-il, mais qui a paralysé tout un quartier.
Un quartier du nord de Reims, Croix Rouge, a été placé en état d'alerte le vendredi 5 avril en fin de journée. Le tramway a été mis à l'arrêt vers 18h30. Des policiers ont bloqué les accès à proximité de l'université de Reims Champagne-Ardenne. Suite à une alerte attentat qui s'est avérée être un canular téléphonique, selon une de nos sources, confirmée en soirée par le procureur de la République de Reims, et la municipalité.
Mais la présence de policiers a été massive, l'antenne du GIGN de Reims s'est rendue sur place. Le procureur de la République et l'université confirment une opération conjointe de la préfecture et des forces de police devant l'université de droit. Le président de la faculté s'est rendu sur les lieux de l’alerte. L’ensemble des étudiants et du personnel ont été évacués.
Un arrêté d'interdiction d'accès au campus a été publié jusqu'à samedi matin 6 avril huit heures. Dans un message reçu vendredi soir, les étudiants ont appris que "l'accès aux locaux était interdit jusqu'au samedi 6 avril au matin afin de permettre la vérification totale de l'ensemble des bâtiments. Les affaires des étudiants et du personnel laissées à l'intérieur pourront être récupérées dès samedi."
Le réseau de transports a fait état de cette immobilisation du trafic suite à une intervention de la police. "Suite à une intervention de Police, la ligne 11 est déviée de l'arrêt Franchet d'Espérey à l'arrêt Kennedy, dans les deux sens".
🔴Immobilisation du réseau tramway suite à une intervention de police pic.twitter.com/nSN9bvKVyn
— Grand Reims Mobilités (@GrandReims_Mob) April 5, 2024
Les étudiants sont informés d'une présence policière importante. Plusieurs d'entre eux ont été évacués vers 18h45. "Il y avait des policiers de partout", raconte une étudiante en droit, qui était en cours en fin de journée, contactée par France 3 Champagne-Ardenne.
Clotilde est étudiante en 1ère année de droit : "on est sorti de notre TD, on a eu des messages qu'il y avait beaucoup de policiers à l'extérieur. Nous nous sommes regroupés. On ne peut pas repartir parce que tous les transports sont bloqués."
Illona raconte qu'elle était en cours : "À la sortie, on nous a demandé de suivre le mouvement vers l'hippodrome. En fait, la police nous demandait de reculer par rapport au point de départ. Et puis, il y a eu de nombreuses rumeurs comme une alerte à la bombe, des coups de feu. Il y a même des classes qui ont dû interrompre les contrôles pour pouvoir sortir. On n'a rien entendu. Mais c'était angoissant parce que beaucoup de gens étaient affolés. Malgré tout, ça va."
De sources judiciaires, il pourrait s'agir d'un canular téléphonique. Un "swatting" (alerte maveillante en anglais). "Ce mauvais jeu consiste à provoquer une intervention inutile des forces de l'ordre en prétextant un grand danger chez un streamer. Cette pratique, venue des Etats-Unis, est pénalement répréhensible et peut entraîner de graves conséquences."
Étudiants évacués en pleurs
Ram, étudiant en première année de droit en plein examen raconte à notre équipe sur place : "Un agent de la BRI a ouvert la porte de la classe, nous disant il faut sortir, il a crié, on a pris nos affaires en plein stress. En sortant, certains pleuraient, un policier nous a dit c'est une alerte à la bombe, certains parlaient de tir. Je n’ai pas entendu, la porte était fermée. Des gens pleuraient d'angoisse, vu le contexte ça provoque du traumatisme. Rien de grave, finalement on nous a rassurés".
Les pompiers de la Marne n'ont pas reçu d'appels téléphoniques de témoins, mais ils ont été alertés par la préfecture, alors que le centre opérationnel départemental a été activé. Une vingtaine de pompiers ont été dépêchés sur place, selon nos informations. GIGN, et service de déminage ont été appelés sur place. Une enquête devra déterminer l'origine de l'appel, et son auteur risque une sanction à la hauteur de cette mobilisation d'ampleur, dans un contexte de vigilance rouge attentat dans le pays.
Selon la préfecture de la Marne, il s'agit bien d'une fausse alerte qui a mobilisé beaucoup de monde. Au total 40 policiers, 34 pompiers, les services municipaux, le GIGN, ont été mobilisés pendant cette soirée. Soit en tout 90 personnes, encore mobilisées vers 22h. "Le processus est long pour la levée de doute. Il y aura des suites judiciaires menées par le parquet de Reims. Il est probable qu’il y ait des suites, une plainte sera déposée par l'université. On a été obligé de prendre cela au sérieux, l’appel a été traité selon la procédure qui suit son cours", nous indique la préfecture.
Le maire dénonce "un intolérable climat de terreur"
La mairie de Reims a précisé dans un communiqué que dans l’après-midi de ce vendredi 5 avril 2024, la Police municipale de Reims a reçu un appel téléphonique, faisant état d’une fusillade en cours à l'UFR Droit et Science Politique de l’Université de Reims Champagne-Ardenne, située sur le Campus Croix-Rouge à Reims. "Il s'agissait en réalité d’un appel malveillant destiné à diffuser une fausse alerte attentat".
Suite à cette fausse alerte attentat, "des agents de la police municipale se sont rendus sur place, accompagnés d'équipes de la Police nationale, afin d'examiner la situation, d'établir un périmètre de sécurité et de se préparer à une éventuelle intervention. Ils ont rapidement été rejoints par des équipes du GIGN qui se sont déployées sur le site du signalement et ont pu vérifier qu'aucun attentat n'était effectivement en cours".
Le maire (Horizons) de la Ville de Reims, Arnaud Robinet, a dénoncé vivement cette pratique du "canular téléphonique" : "La plus grande fermeté doit s'appliquer pour sanctionner les auteurs irresponsables qui diffusent ces fausses informations malveillantes, destinées à attaquer notre République en instaurant un intolérable climat de terreur. Nous ne devons rien céder à l’obscurantisme et à ceux qui s’en font les relais".