C'est une première pour les salariés du site Médiapost à Reims, spécialisé dans la distribution d'imprimés publicitaires. Ce mercredi 9 octobre, les syndicats ont appelé le personnel à débrayer pour demander la reprise des négociations salariales.
Leur travail consiste à glisser des publicités dans nos boîtes à lettre. Au départ c'était un métier qui leur servait à arrondir les fins de mois. Au fil des ans, il est devenu un emploi à part entière. Et aujourd'hui, selon eux, la reconnaissance de ce travail n'est pas au rendez-vous. À 10h, ce mercredi 9 octobre, tous les salariés de l'équipe du matin étaient sur le parking de l'entreprise Médiapost à Reims. Une soixantaine d'employés qui ont tous répondu à l'appel national à la grève, lancé par l'intersyndicale ( CGT, CFDT, FO et Sud). Ils demandent la réouverture de la négociation annuelle obligatoire et une augmentation de salaires significative.
On nous propose 0,3% d'augmentation ce qui correspond à 4 euros brut pour un 35 heures. C'est une insulte quand on sait que chez nous, la plupart des salariés sont à temps partiel.
- Jean Roy, délégué syndical SUD à MédiaPost
Linda Huet 46 ans fait partie des employés à temps partiel. Cela fait 14 ans qu'elle distribue des catalogues publicitaires dans les boîtes aux lettres de Troyes."Sur le papier, je suis à 24 heures mais en réalité je suis souvent à 32 heures par semaine. Au début, j'avais fait ça parce que je voulais m'occuper de mes enfants. Mais en fait, c'est prenant." confie-elle. La maman de deux enfants gagne 800 euros par mois.
Médiapost, leader de la distribution d'imprimés publicitaires en boîte aux lettres, pratique la modulation annuelle du temps de travail. Le salaire mensuel ne varie pas, même si Lynda travaille plus certains mois. Cela permet à l'entreprise de laisser ses salariés chez eux lorsque l'activité diminue. Mais avec les fêtes de Noël qui approchent, la Troyenne risque de voir son quota d'heures grimper. L'augmentation de 0,3% proposée par la direction, elle trouve cela "ridicule".
J'utilise ma voiture perso lors de mes distributions. L'entretien et l'essence, tout est à mes frais,
-Linda Huet, distributrice à MédiaPost
Changer de métier, elle y a déjà pensé. Tout comme Stéphane Sonet, manutentionnaire de 53 ans. C'est lui qui prépare les colis de publicités pour les distributeurs. "C'est un travail pénible. On fait toujours les mêmes gestes", explique-t-il. Entré comme simple ouvrier, ce père de famille de 7 enfants est passé chef d'équipe puis pilote de machine.
28 ans de boîte et je suis à 1500 euros.
-Stéphane Sonet, manutentionaire à MédiaPost
C'est la première fois que Stéphane Sonet et ses collègues font grève. Il espère que la direction entendra "leur ras-de-bol général" et reviendra à la table des négociations. Un autre débrayage est prévu cet après-midi de 4h à 16h. Nul doute qu'il sera aussi très suivi.
La direction répond
Dans un communiqué, MédiaPost affirme qu'en dépit de nombreux échanges entre juin et septembre 2019, les organisations syndicales et la direction de MEDIAPOST n’ont pas pu s’entendre sur un accord. Une augmentation et une prime exceptionnelle ont toutefois été accordées par la direction à tous les employés et agents de maîtrise, et ce malgré un marché complexe sur l’imprimé publicitaire". Elle ajoute par ailleurs que "la revalorisation du SMIC a eu lieu en janvier 2019 et une prime exceptionnelle pouvoir d’achat a également versée en janvier 2019".
MédiaPost à Reims
Le groupe, filiale de la Poste, est le leader de la distribution d'imprimés publicitaires en boîte aux lettres. L'entreprise s'est implantée à Reims en février 2017 sur un site de 4400 m2. Elle regroupe les activités de distribution et de mécanisation. Chaque semaine, 4 à 6 millions d'imprimés sont réceptionnés sur la plateforme rémoise. Ils seront ensuite assemblés puis distribués dans les boîtes aux lettres.