Deux jeunes Rémois ont mis au point Qoeur, un bijou connecté. Grâce à un QR code, il donne accès à votre identité et à vos données médicales, en cas d'urgence. Si ce bracelet peut vous sauver la vie, il pose aussi quelques questions éthiques.

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Il y a un an, Nicolas Thouvenot et Kamel Ouchefoun lançaient leur campagne de financement. Aujourd’hui, leur bracelet Qoeur a conquis celui de quelques milliers d’utilisateurs. Les deux jeunes entrepreneurs de Reims ont imaginé ce bijou connecté après l’accident d’un ami. Renversé en pleine nuit par une voiture, le jeune homme avait bien une fiche médicale d’urgence sur son portable, mais avec le choc, son téléphone était en mille morceaux. Impossible pour les secours de l’identifier. L’histoire se finit bien, leur proche s’en sort avec une minerve. Eux, avec un projet de start-up.

« L’idée n’est pas révolutionnaire » admet Nicolas Thouvenot. « Il existe déjà des gourmettes, des bracelets médicaux où les informations sont gravées mais on trouvait cela stigmatisant. » Avec Qoeur, aucun renseignement visible, mais un code-barres. Un QR code. Pour obtenir les données, il suffit de le scanner avec un smartphone.
 

Il s’agit juste de quelques infos de santé. Chaque utilisateur renseigne les données qu'il souhaite 

Nicolas Thouvenot, co-fondateur de Qoeur


Nom, prénom, âge, groupe sanguin, traitements, allergies, contacts à appeler en cas d’urgence, l’utilisateur inscrit ce qu’il veut. « C’est différent d’un passeport médical. On n’est pas dans une intimité extrême. Il s’agit juste de quelques renseignements de santé. Si on ne souhaite pas indiquer son poids, on ne le met pas. Chacun est libre », précise l’entrepreneur rémois. Les informations sont protégées sur un serveur sécurisé.

En matière d'identification médicale, les Rémois ne sont pas les seuls sur le marché. L'entreprise MYPOM propose également des bracelets personnalisés. Principale différence, les données sont directement marquées sur le bijou.
 

Un outil supplémentaire pour les secouristes

Pour ce pompier châlonnais, qui a souhaité garder l’anonymat, « c’est un outil supplémentaire mais il faut rester prudent, tout ce qui est informatisé peut être dévié.» Néanmoins, il admet que lors d’un accident, c’est toujours important d’avoir des documents sur soi, cela permet de mieux orienter le médecin, lors du bilan. « On est déjà connecté, les ambulances sont équipées de tablettes opérationnelles. Sur les voitures récentes, il existe aujourd’hui des QR codes, on a ainsi des informations techniques sur le véhicule comme des fiches de désincarcération.»

Le soldat du feu se demande tout de même qui va avoir accès à ces informations. Et bien, tout le monde ou presque, à condition d’avoir un smartphone et le bracelet en main. Il y a, en effet, une sécurité avec un code caché sous l’avant-bras. « Si l’on perd son bijou, on peut le désactiver, à tout moment », ajoute le co-fondateur de Qoeur.
 

Cet accessoire peut aider un malade d’Alzheimer, perdu, qui demande de l’aide tout comme rassurer certains parents. Le modèle pour enfants, en forme de nuage, fonctionne bien. Nicolas Thouvenot et Kamel Ouchefoun ne cessent d’innover. Dernière fonctionnalité de Qoeur : la géolocalisation.

Des stickers pour les casques de motards ou de cyclistes

En quelques mois seulement, la start-up a également mis au point des « stiQoeur », toujours sur le même principe du code-barres. « Une bonne idée » pour François Thibault, président du moto-club mc8.60 de Fagnières, dans la Marne. « On ne pense jamais à nous, les motards. » Les motards, mais aussi les cyclistes ou les adeptes de la trottinette électrique. « S’il faut apposer un autocollant sur un casque, je le ferai, il faut que je me renseigne » ajoute le jeune retraité, ancien informaticien à l’hôpital. Les questions de santé, il connaît. « Et si on prête notre casque ? » renchérit un autre motard.

Les deux chefs d’entreprises rémois ont réfléchi à la question, il est désormais possible d’intégrer sa photo dans sa fiche médicale. Sur leur galerie Instagram, on retrouve les différents types de bracelets et coloris ainsi que ces « stiQoeur » directement collés sur un casque de moto. 
 

Un bracelet connecté joli comme un Qoeur

Ce bijou intelligent est aussi tendance. Dans cette boutique éphémère du centre-ville de Reims, le vendeur le porte fièrement à son poignet. « Si je fais un malaise dans la rue, quelqu’un vient me secourir, il suffit juste de scanner le QR code, il y a une clé de sécurité derrière, et vous avez toutes mes informations médicales.»  Enzo Nuzzo parle de Qoeur avec enthousiasme. Il n’a pas peur de perdre son bracelet et qu’un parfait inconnu s’empare de ses données personnelles. Il ne s’est même pas posé la question. « C’est assez solide, ça tient, on le garde sur soi, sous la douche. On a dû en vendre 80 depuis novembre et on n’a pas eu de retour dans ce sens.»

 
 
Soigneusement disposés dans la boutique, les bijoux attirent l'oeil. Au premier regard, impossible d'imaginer ce qu'ils cachent. Des bracelets oui, mais pas que. Une fiche d'identité à portée de main qui inquiète la Ligue des Droits de l'Homme et le défenseur des droits de la Marne.
 

Pratique mais pas éthique pour la Ligue des Droits de l’Homme

Ce bracelet connecté, un gadget, pour Maryse Artiguelong. « On ne peut pas tout confier aux technologies numériques. » Vice-présidente de la Ligue des Droits de l’Homme, l’élue ne mâche pas ses mots. Quitte à être un peu cynique, « pourquoi ne pas l’activer directement sur la peau.» Choquée, elle ne comprend pas que l’on puisse communiquer ces précieux renseignements sur notre santé. « Vous avez une maladie rare, on pirate votre bracelet, imaginez que l’on revende ces informations personnelles à votre banquier, à votre assureur », met en garde Maryse Artiguelong.  « C’est donner le bâton pour se faire battre pour un service aléatoire » conclut-elle.

C’est formidable ! Les technologies permettent de réduire les humains à des objets, à des animaux.

Maryse Artiguelong, vice-présidente de la Ligue des Droits de l’Homme


La Ligue des Droits de l’Homme continue d’alerter sur les dangers du traçage numérique. Dernier combat en date : l’application StopCovid, qui, selon l’association, porte atteinte aux libertés individuelles et collectives.
 
Un avis partagé par le défenseur des droits de la Marne. « Si c’est utile, ça peut aussi être dangereux. » Pour Claude Hénon, il faut s’assurer que ces données resteront bien confidentielles. Le Marnais s’interroge également sur la nécessité d’un tel bracelet. « On a déjà la sécurité sociale, on a assez de fichiers comme cela, on n’a pas besoin de ce type d’accessoires. »

Un accessoire qui peut sauver des vies, mais aussi rendre celle de ses utilisateurs difficile, s’il tombe entre de mauvaises mains.
 
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