Canicule : quatorze chiens d'un refuge évacués après la mobilisation d'associations

Une vingtaine de membres d'associations se sont mobilisés contre la présence de chiens dans un refuge à Sainte-Menehould (Marne). En l'absence de présence humaine, la chaleur faisait craindre pour leur survie. Si les bêtes ont été jugées en bonne santé, le président de l'association L'Arche de Bouba a tout de même été contraint de les évacuer.

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C’est un vaste bâtiment isolé au milieu d’une prairie à la frontière entre Meuse et Marne, sur un lieu-dit rattaché à la commune de Sainte-Menehould (Marne) à côté du village des Islettes (Meuse). C’est ici que depuis 2016, année de la construction de la structure, l’association L’Arche de Bouba accueille des chiens. Comme il est précisé sur le site internet de l’association, l’idée est de proposer une "maison d'accueil dans laquelle les chiens pourraient couler leurs vieux jours paisiblement" et d'apporter aux animaux "la nourriture, les soins et le confort qu'ils méritent" ainsi que "les accueillir du mieux possible en attendant que leur futur famille les adoptent".

Seulement depuis quelques mois, il semble ne plus y avoir de présence quotidienne dans la structure marnaise. D'anciens bénévoles et des membres de l'association L'Arche de Bouba, rejoints par des associations de défense des animaux, dénoncent les conditions de vie des animaux tout autant que les méthodes du président de la structure, Jean-Claude Toppeta.

"J'ai été bénévole et je suis venue aider, ici à Sainte-Menehould, à L'Arche de Bouba de 2019 à février 2022. Avec mon compagnon, on sortait les chiens, on nettoyait, indique Brigitte Siegwarth, toujours officiellement trésorière adjointe au sein de l'association. Puis nous avons commencé à poser des questions, le président nous parlait très mal et nous avons décidé d'arrêter. D'autres personnes ont jeté l'éponge ou ont été interdites d'accès par monsieur Toppeta. Depuis, il n'y a plus de présence quotidienne auprès des chiens et nous sommes inquiets pour eux. Il ne se rend sur place que toutes les 48 heures, les chiens ne peuvent pas sortir, il n'y a pas d'infirmerie et beaucoup de rats."

Des associations inquiètes

Car l'homme de 70 ans est également à la tête d'une activité de fourrière d'animaux à Ranguevaux (Moselle). Soit à une heure et demie de route. Il ne pourrait donc pas venir tous les jours. En février 2022, suite à une première alerte de bénévoles, la direction des services vétérinaires de la Marne avait procédé à un contrôle et trois chiens avaient été saisis sans pour autant remettre en question l'activité du refuge.

Avec la canicule, une vingtaine de membres de cinq associations (Fondation Brigitte Bardot, Association Stéphane Lamart, Les Anges d'AEP, 4newlife et l'Association de la Brigade de protection animale), se sont à nouveau mobilisés ce vendredi 17 juin. Face à ce qu'ils estiment être une mise en danger des animaux, ces derniers étant présents dans une structure exposée au soleil, sans aération et sans présence humaine, ils demandaient à pouvoir accéder au bâtiment pour constater l'état de santé des bêtes et procéder à leur évacuation.

"Par une ouverture, nous avons fait glisser un thermomètre le long de la paroi à l'intérieur. La température atteint près de 41°C degrés en seulement quelques minutes. Comment peut-on laisser des animaux dans de telles conditions ?", s'insurge la représentante de l'association Les Anges d'AEP.

Les quatorze chiens évacués ce samedi

Et le moins que l'on puisse dire, c'est que l'après-midi a été longue. Contactés par les associations, les gendarmes de la communauté de brigade de Sainte-Menehould se sont rendus sur place vers 15h15. Après de longues minutes de discussion, ils ont été rejoints par l'adjoint au maire en charge de la sécurité, François Goulet, avant de décider de contacter, vers 17h, le président de l'association. Celui-ci est arrivé sur place vers 18h30 et a fait entrer l'adjudant Jonathan Da Mota, l'adjoint au maire ainsi que les services vétérinaires de la Marne, arrivés entre-temps, dans son local. La presse et les membres des associations de défense de la cause animale étant tenus à distance.

Au bout d'une heure, le bilan tombe. "Par rapport à ce que j'ai pu voir en février, le local est beaucoup plus propre, les chiens ont de l'eau claire à boire, pas fraîche mais tiède comme si quand vous en versez chez vous au bout d'une heure, indique l'adjudant Jonathan Da Mota. Monsieur Toppeta a accepté de ramener les quatorze chiens présents en Moselle dès demain (samedi 18 juin). Sur demande des services vétérinaires, il ne sera autorisé à faire revenir des chiens ici au refuge qu'après avoir produit des documents et après avoir fourni la preuve qu'une personne sera présente ici quotidiennement."

Une décision qui aurait été motivée également par la venue des services vétérinaires à plusieurs reprises les jours précédents, confirmant le peu de présence du président de l'association sur le site.

"C'est une belle victoire"

"C'est une belle victoire même si, pour nous, monsieur Toppeta ne doit plus pouvoir s'occuper d'animaux", lâche Bernadette Rohrer, enquêtrice pour la Fondation Brigitte-Bardot. Même son de cloche du côté de l'adjoint au maire, François Goulet. "Les voisins se plaignent depuis un moment d'entendre les chiens qui aboient et certaines de nos demandes n'ont par le passé pas été satisfaites par monsieur Toppeta. Je viendrai demain vérifier que les chiens ont bien été évacués et, pour éliminer les rats qui prolifèrent, la commune va également fournir du raticide", indique-t-il.

Les chiens seront donc conduits à la fourrière de Ranguevaux. Un lieu qui a aussi fait parler de lui à plusieurs reprises ces dernières années avec notamment une saisie d'animaux en 2014 lié à un nombre trop important de bêtes présentes pour la capacité du site. Ou encore en 2019, où l'activité a été suspendue plusieurs semaines en raisons d'irrégularités administratives et sanitaires. 

Contacté par téléphone, vendredi soir après l'intervention des associations et des gendarmes, Jean-Claude Toppeta assure quant à lui que cette affaire est liée à un groupe d'anciens bénévoles qui veulent lui nuire. Il maintient par ailleurs "venir tous les jours". "Je produirai tous les papiers. Je vais également aménager une ouverture au-dessus des portes d'entrées pour que l'air circule et, dès lundi, je vais me rendre à Pôle emploi pour trouver une personne qui pourra être présente quelques heures tous les jours. Il n'y a pas de problème", conclut-il.

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