Des grues cendrées viennent abîmer les champs de deux agriculteurs de Scrupt (Marne). En cette fin d'année, ils redoublent d'idées pour éloigner ces gourmands oiseaux.
Il faut que les grues cendrées mangent. Mais il faut bien aussi que les agriculteurs ne voient pas leurs champs, tout juste semés de jeune blé, devenir de vastes garde-mangers aviaires. On y trouve des restes d'épis de maïs épars dont elles raffolent : elles grattent la terre (et retournent les pousses de blé) pour les becqueter.
Tel est le cas à Scrupt (Marne), où deux agriculteurs tentent de lutter contre les dégâts causés par les grues cendrées sur leurs futures récoltes. Leur mission : effaroucher ces empêcheuses de cultiver en rond.
Les moyens employés doivent être non-offensifs car il s'agit d'une espèce strictement protégée. L'un des plus efficaces : rouler en voiture citadine au milieu du champ... et klaxonner. Les grues s'envolent alors.
Ce n'est pas la seule idée ayant germé dans l'esprit des deux confrères. Au micro de Clément Pravaz, journaliste de France 3 Champagne-Ardenne, Jean-Claude Laffrique déclare avoir perché au milieu de son champ une vieille remorque, "avec des big bags pendus [qui volent au vent; ndlr] : on s'est dit que ça allait peut-être leur faire peur. On la trimballe comme ça à l'automne et au printemps." Mais il se lamente bientôt. "Ça ne marche que quelques jours, et ensuite c'est terminé..."
Le bruit appelé au secours
Autre initiative, un peu plus sonore : accrocher des boîtes de conserve (vides) à un poteau. Le vent les fait s'entrechoquer. Et le bruit éloigne les oiseaux voraces. Mais sur une soixantaine d'ares seulement : il faut donc multiplier ces dispositifs pour que ce soit réellement dissuasif. "On essaye de trouver des trucs", commente doctement Jean-Claude Laffrique (qui est à pied d'oeuvre malgré sa retraite).
Un canon effaroucheur, automatisé, peut être mis en route par Baptiste, son fils qui a repris l'exploitation, pour "tirer" des salves toutes les cinq minutes. Il ne s'agit évidemment pas d'une pièce d'artillerie, mais d'un dispositif sonore : on n'en est plus à l'épisode de la guerre des émeux, quand le gouvernement australien avait tenté de mitrailler des troupeaux d'oiseaux exotiques envahissants.
Sinon, il reste une solution relativement radicale, mais très ponctuelle. Le pistolet effaroucheur. Il ne tire pas des balles, mais "des cartouches crépitantes". L'idée est toujours de faire du bruit pour éloigner les grues cendrées, explique Baptiste Laffrique. "Si on n'avait pas tous ces instruments de dissuasion, à l'heure actuelle, le champ serait détruit et on perdrait 50% de rendement." Mais tel n'est pas le cas : elles iront manger ailleurs.