Romane Rodrigues a officiellement rejoint le centre de secours de Sermaize-les-Bains (Marne) en tant que sapeur-pompier volontaire (SPV), durant le mois d'août. Elle a 17 ans.
On ne trouve pas que des canards dans certaines casernes de pompiers : on trouve aussi des petits jeunes. Romane Rodrigues en fait partie.
À 17 ans, elle a rejoint le centre de secours de Sermaize-les-Bains (Marne), qui a bien communiqué sur sa jeune nouvelle sapeur-pompier volontaire (SPV). Ou sapeuse-pompière, comme on le voit parfois sur Internet.
France 3 Champagne-Ardenne l'a interrogée, après son premier mois d'activité. Et on part directement sur une histoire de famille. "Mon père est également sapeur-pompier, dans le même centre."
Passion depuis la plus tendre enfance
"C'est pour ça que j'ai voulu devenir SPV. Ça m'a donné envie : j'y allais tout le temps pour fêter Noël, les choses comme ça. Il y avait des activités, on pouvait voir les camions, tout ça. C'est de là qu'est venue la passion, en fait."
Romane Rodrigues est évidemment faite du bois des SPV. "J'aime bien aider les gens, rendre service." C'est pour cela qu'elle a étudié à l'école des jeunes sapeurs-pompiers (JSP). "J'ai pu m'inscrire, passer les examens sportifs, pratiquer les premiers secours." Elle est alors devenue JSP au centre de Sermaize (localisé sur la carte ci-dessous).
"Le métier de sapeur-pompier demande beaucoup de condition physique. Et aussi du mental. Être à l'écoute aussi : des patients, des victimes." Sans oublier de la hiérarchie : il faut de la discipline.
Force mentale
"On peut être amené à voir des choses qu'on n'a pas l'habitude de voir. Certaines interventions peuvent être super difficiles. Mais on peut en parler avec sa famille, avec les collègues du centre. On a du monde pour être soutenu : c'est une grande famille, il y a de la cohésion, de l'entraide." On voit là l'intérêt de faire partie de cette corporation.
Les interventions de Romane Rodrigues ne concernent pas les incendies pour le moment (elle doit attendre le 9 mai prochain pour devenir majeure). Aussi, assure-t-elle pas mal de secours aux victimes, et il ne suffit pas de savoir poser des pansements. "C'est une grande responsabilité. Il y a un peu de feeling. Il faut savoir la rassurer, lui dire que tout va bien, qu'on est là pour l'aider." Plus étonnement, elle peut aussi être missionnée "pour des inondations, ou la capture d'animaux sauvages posant un danger".
Par contre, ce n'est pas à elle de répondre au téléphone. "Le centre de Sermaize-les-Bains ne reçoit pas les appels. C'est le CTA - le Centre des appels - qui est au Sdis à Fagnières. C'est eux qui nous transmettent l'alerte, pour qu'on parte en intervention."
Je me demande parfois comment je fais, mais j'arrive à gérer mon temps.
Romane Rodrigues, sapeur-pompier volontaire
Reste à avoir le temps... d'avoir du temps. "C'est difficile car je suis lycéenne, j'ai les cours à côté. Et le week-end, je suis aide-animateur [elle les assiste dans les manoeuvres et enseignements dispensés; ndlr] aux jeunes sapeurs-pompiers [qui apprennent le métier; ndlr]. Je me demande parfois comment je fais, mais j'arrive à gérer. Le samedi, je suis aux JSP. Le dimanche, je me mets de garde [elle peut alors être appelée à tout moment; ndlr] si je n'ai pas trop de devoirs." Mais elle ne sacrifie pas ses études pour autant et étudie sérieusement. "Je reste une lycéenne comme les autres. La plupart de mes professeurs ne savent pas que je suis sapeur-pompier volontaire."
Cet engagement si tôt, même s'il est très prenant, elle ne le regretterait pour rien au monde. "J'ai fait les jeunes sapeurs-pompiers, pendant quatre ans. J'ai passé mon brevet de SPV cet été. À 17 ans, mais je sais dans quoi je me suis engagée. Pour moi, ce n'est pas trop tôt, et je sais que je suis bien entourée." Romane Rodrigues a déjà muri son projet professionnel. Elle se destine, une fois son Bac en poche (ce sera en mars), à une Ifsi (école d'infirmières) ou un concours d'infirmière militaire. "Forcément, je serais éloignée des pompiers et j'aurai beaucoup moins de temps à donner au centre de secours." Mais ce sera toujours pour une noble cause : servir et prendre soin des autres.
Besoin de volontaires
"Je pense qu'il y a un manque de sapeurs-pompiers volontaires. On a besoin de monde. Mais d'un autre côté, ce n'est pas fait pour tout le monde. Il faut le mental, ce n'est pas facile de trouver des personnes qui aimeraient faire ça." Un constat particulièrement visible après les violents feux de forêts de l'été 2022.
"Mais les efforts payent toujours", souligne Romane Rodrigues : c'était "un pur bonheur" quand les siens ont abouti à son brevet de SPV au terme de ses "quatre années difficiles" (la pandémie n'a pas aidé). "Mieux vaut essayer que de ne jamais rien faire." Une manière de faire référence à Romain Rolland, qui disait "qu'en agissant, on se trompe parfois; mais qu'en ne faisant rien, on se trompe toujours".
Tous les renseignements et procédures sont disponibles en ligne. On peut candidater dès 16 ans. Les pompiers ont besoin de bras, et peut-être pourriez-vous là découvrir votre vocation.