Materne Andres, l'humaniste au service des autres

Durant 42 ans, Materne Andres était médecin à l'hôpital de Sélestat.
Depuis sa retraite, il préside la grande association régionale Arsea, forte de plus de 1200 salariés, engagés pour la protection de l'enfance, le handicap et le développement social.
 

Pour le Dr. Materne Andres, l'humain est au cœur du dispositif. Il a travaillé durant plus de quatre décennies comme médecin urgentiste et anesthésiste à l'hôpital de Sélestat, capitale de l'humanisme rhénan. Un choix de vie : "J'aurais pu travailler dans le privé, mais j'ai préféré l'hôpital. J'étais moins bien payé, mais cela me permettait de donner des cours à de jeunes médecins et infirmières, ainsi qu'au lycée Koeberlé." Ce besoin de transmettre, et de rester en contact avec des gens de toutes les générations ne l'a pas quitté. Au moment de son départ en retraite, en 2004, il a accepté la présidence de l'association Arsea (Association régionale spécialisée d'action sociale, d'éducation et d'animation), qu'il assume pleinement depuis.

     
Materne Andres est resté vivre dans sa grande ferme familiale, près d'Erstein. Ses aïeux, de riches paysans, l'ont construite vers 1750, et agrandie au fil des ans. Lui-même s'y est beaucoup investi pour lui rendre son aspect d'antan. Il a entièrement décapé et ciré le salon du 1er étage, lambrissé du sol au plafond. La majeure partie du mobilier est d'époque…  ou plutôt des différentes époques auxquelles ses ancêtres l'ont acquis. Dans cette maison, il se sent profondément en accord avec lui-même : "Ce sont les racines des générations qui ont vécu ici, et dont je suis issu. C'est primordial."

Pourtant, dès son plus jeune âge, Materne Andres a connu des heures très sombres. Il avait 1 an en 1940, lorsque la Gestapo a voulu expulser toute sa famille, car son père, Edmond, journaliste à l'agence Havas (ancêtre de l'Agence France Presse) avait écrit des articles trop francophiles. Finalement, son père part seul, en France libre. Resté dans la ferme familiale avec sa mère et son grand-père, le petit Materne est interrogé par la Gestapo avec son frère, en 1944. Il a 4 ans, son frère, 7. La peur ressentie ce jour-là, il s'en souvient encore : "D'un côté de la table, le policier de la Gestapo avait posé un bol de cerises, et de l'autre, un revolver. Heureusement, on nous avait appris à mentir."

L'été 1944, son père disparaît avec quatre collègues, du côté de Limoge. Son corps ne sera jamais retrouvé. Elevé par sa mère, Materne Andres se sent mûrir très - trop - vite. Il garde un souvenir ému de ses huit années passées en internat, au collège de Matzenheim : "Les religieux ont joué le rôle de pères de substitution. Et ils m'ont transmis leur intérêt pour la personne humaine."

Après sa carrière à l'hôpital de Sélestat, c'est donc tout naturellement qu'il accepte la présidence de l'Arsea. "Après mon métier, très prenant, je ne pouvais pas rester sans rien faire. Il fallait trouver une activité qui remplace la pression de la profession médicale. Beaucoup de collègues ont le même parcours. Quand ils n'exercent plus, ils se lancent dans le social. Ce que j'ai fait." Une activité bénévole qu'il endosse avec joie depuis près de quinze ans.

L'Arsea compte 46 établissements dans toute l'Alsace, destinés à 12 000 bénéficiaires de tous âges. L'Arsea est engagé dans trois grands domaines : Protection de l'enfance, avec des jeunes sous tutelle de l'Etat, placés en institutions. Handicap et insertion, avec tous types d'établissements, allant de la Maison d'accueil spécialisée à l'Esat. Et développement social, pour des personnes en très grande précarité. "En tant que président, on est responsable de tout ce qui se passe dans l'association, explique Materne Andres. Je me retrouve devant le tribunal en cas de problème ou d'accident – cela m'est déjà arrivé. Et je soutiens aussi le développement de l'association et de ses activités." Un engagement salué par de nombreux directeurs d'établissement, qui apprécient ce président qui paie de sa personne. "Monsieur Andres est vraiment responsable à nos côtés, estime Philippe Wehrung, directeur du Château d'Angleterre, l'un des établissements de l'association. Pour lui, ce n'est pas un poste honorifique, mais un véritable travail, qu'il assume depuis des années. Et c'est important pour nous."

Pour le Dr Andres, assumer pleinement des responsabilités même très lourdes est une évidence. Et son plaisir est de faire régulièrement le tour des 46 établissements de l'association, pour s'informer au plus près de leurs situations concrètes, et afin que chacun, salariés et bénéficiaires, puisse le connaître. "J'ai toujours plus confiance en l'humanité", confie-t-il. Pour lui, le maître mot, c'est l'empathie. Une empathie qui, selon lui, "est ce qui manque beaucoup dans les situations que nous vivons actuellement en France."

 
 

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