Menaces de morts contre des députés : Charles De Courson et François Cornut-Gentille réagissent, une enquête en cours

Une cinquantaine de députés ont reçu des menaces de morts accompagnées de photos violentes. Charles De Courson, député centriste de la Marne et François Cornut-Gentille, député (LR) de Haute-Marne, destinataires de ces mails, réagissent. Une enquête est ouverte.


 

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Tout a commencé vendredi 5 mars. Des messages de menace sont arrivés sur les mails d'une cinquantaine de députés. Des mails comportant des menaces de mort, bientôt accompagnés de photos particulièrement choquantes. "Ils nous menacent de ce qu'ils appellent un égorgement symbolique", s'exclame le député du groupe Libertés et territoires, Charles De Courson, l'un des destinataires des mails. Son assistante parlementaire l'a alerté dès vendredi. Puis les menaces sont allées crescendo. "les mails étaient accompagnés de photos. La dernière montrait un homme à qui on tranchait la gorge, avec un énorme couteau sanguinolent."

Les noms en C et M

Ce n'est pas une attaque contre un groupe politique. Des parlementaires de tous bords ont reçu des messages, le député Les Républicains Eric Ciotti, André Chassaigne du Parti Communiste Français ou Alexis Corbière de La France Insoumise. En revanche, celles et ceux qui ont reçu des menaces ont un nom qui commence par la lettre "C" ou la lettre "M". Pour quelles raisons ? L'enquête vise à le déterminer. Le député Charles De Courson est choqué. "En 27 ans de travail parlementaire, je n'ai jamais vu ça. J'ai déjà été menacé, dans les années 2000, par des indépendantistes Corses. Le Préfet de l'époque avait mis ma maison sous surveillance. Mais ça n'avait rien à voir, je n'étais pas inquiet. J'avais même écrit au Préfet pour qu'il arrête de faire surveiller ma maison." Les menaces, à l'époque, il ne les prenait pas vraiment au sérieux.

Cette fois c'est différent. Le climat a changé. Le parlementaire s'inquiète de cette défiance qui touche peu à peu tous les représentants de l'autorité, les politiques, les gendarmes et même les enseignants: "Lorsque je me promène dans ma circonscription de la Marne, je suis souvent interpellé par des enseignants qui se plaignent du fait que 15 à 20% des élèves ne respectent plus rien. Il n'y a plus d'autorité, plus de peur du gendarme, plus de peur de la sanction." ajoute-t-il.

Pour lui, c'est le sentiment d'impunité qui explique cette flambée de la violence, et ce sentiment de pouvoir dire ce qu'on veut est encore plus fort sur Internet : "la violence est devenue folle, on dit n'importe quoi, or les mots peuvent tuer!", conclut-il.

 

L'acte d'un déséquilibré

François Cornut-Gentille, député depuis 27 ans lui aussi, est plus mesuré. Il a découvert ces messages seulement mardi, lorsqu'il a croisé Charles De Courson dans un couloir de l'Assemblée Nationale. "Tu n'as pas vu tes mails?" lui a demandé le parlementaire Marnais, "Tu es visé toi aussi". Arrivée dans son bureau, François Cornut-Gentille a découvert les messages, les a lus, mais préfère rester serein. "Pour moi c'est rien du tout. Des mails menaçants comme nous en recevons régulièrement. Je ne pense pas qu'il y ait de menace sérieuse."

Bien que son patronyme commence par un "M", Lise Magnier, députée de la Marne du groupe Agir-La droite constructive, ne s'est pas retrouvée dans la liste de diffusion. "Nous surveillons les mails tous les matins et je n'ai rien reçu", confirme la la jeune députée. Elle n'est pas vraiment inquiète, car ce n'est pas la première fois que cela arrive, nous confie-t-elle. "Nous sommes des personnes publiques et à ce titre susceptibles d'être menacées. Je l'ai moi-même été il y a quelques temps. Nous avons la consigne de rester très vigilants." Cela dit, elle admet que la violence et les tensions envers les élus sont plus fréquentes.
 

La défiance envers la classe politique ne cesse d'augmenter, et cachés derrière leur écran d'ordinateur, certains individus sont capables du pire.

Lise Magnier, députée de la Marne

En 4 ans à peine, la députée a appris que les élus politiques sont des cibles faciles. Mardi 9 mars, le président de l'Assemblée Nationale, Richard Ferrand a saisi la justice et une enquête a été ouverte par le Parquet de Paris pour "Menaces de mort ou d'atteinte aux biens dangereuses pour les personnes à l'encontre d'élus". Cette enquête a été confiée à la brigade de répression de la délinquance aux personnes.

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