Attentat de Nice : la commune endeuillée d'Herserange à l’heure du procès

Quatre membres d'une même famille originaire d'Herserange (Meurthe-et-Moselle) sont décédés lors de l'attentat de Nice, le 14 juillet 2016. Alors que s'est ouvert lundi 5 septembre le procès de cette attaque terroriste à Paris, la commune du Pays Haut se souvient avec douleur de cet évènement et attend que justice soit faite.

"Je connaissais très bien la famille Locatelli. Ils étaient très gentils. [...] Des choses comme ça ne devraient pas arriver. Ce sont des crimes gratuits", estime Martine, postière à Herserange, en Meurthe-et-Moselle, alors que le procès de l'attentat de Nice s'est ouvert lundi 5 septembre 2022. Six membres de la famille Locatelli-Lyon-Pellegrini, dont quatre étaient originaires d'Herserange, ont été tués sur la promenade des Anglais lors de l'attaque terroriste. 

Michaël Pellegrini, 28 ans, sa mère Véronique Lyon, 55 ans, et les parents de cette dernière, François et Christiane Locatelli, 82 et 78 ans, étaient tous les quatre originaires de la commune du Pays Haut, près de Longwy. Gisèle et Germain Lyon, les beaux-parents de Véronique Lyon, retraités depuis peu, résidaient à Bram, dans l’Aude. 

Au total, l'attaque terroriste a fait 86 morts, dont 15 enfants et adolescents, et plus de 450 blessés. Il s'agit du second attentat le plus meurtrier sur le sol français, après ceux du 13 novembre 2015. L'auteur des faits, Mohamed Lahouaiej-Bouhlel, un Tunisien de 31 ans, avait foncé dans la foule réunie pour assister au feu d'artifice et aux concerts organisés ce soir-là, au volant d'un camion de 19 tonnes. Tué par la police, il sera donc le grand absent de ce procès terroriste hors normes. Huit accusés, dont sept hommes et une femme, comparaissent à partir de lundi devant la cour d'assises spéciale de Paris.

"J'espère que les accusés vont finir leur vie en prison"

De ce procès, les habitants d'Herserange attendent qu'il rende justice à cette famille connue et très appréciée de la commune. François Locatelli y avait été artisan chauffagiste et sa fille, Véronique, était assistante maternelle. "Ça a été un sacré choc. Je les ai bien connus. [...] J'espère que ces gens-là [les accusés, ndlr] vont finir leur vie en prison", appuie Daniel, employé de la commune.

Martine, postière, a également bien connu la famille Locatelli, à qui elle distribuait le courrier. Elle dit ressentir "de la colère". Viviane Hammou attend, elle, que les accusés "soient punis à perpétuité". "Ça ne doit plus se reproduire", souligne cette parente de la famille. "Franco était le cousin germain de ma mère. J'ai participé à la marche et à l'enterrement. [...] C'était poignant. Même si on ne se fréquentait pas tellement, ça m'a marquée", confie-t-elle avec émotion. 

Lorsque Herserange apprend la mort des six membres de la famille Locatelli-Lyon-Pellegrini, l'émotion est vive parmi les 4.300 habitants de la commune. Le lendemain de l'attaque, 300 personnes se réunissent pour un hommage spontané sur la place Darche de Longwy. "La ville et ses habitants ont réagi rapidement en organisant une marche blanche quelques jours plus tard [le 20 juillet, ndlr] qui a rassemblé 1.500 personnes. Nous avons parcouru la ville et déposé des gerbes aux domiciles des victimes", relate Gérard Didelot, le maire sans étiquette d'Herserange. Le 22 juillet, près d'un millier de personnes assistent aux obsèques de la famille. 

"En accord avec l'Education nationale et la directrice de l'école, nous avons convenu de renommer l'ancienne école des Chalets et de l'appeler école Michaël Pellegrini", ajoute Gérard Didelot. Un hommage "qui coulait de source" selon le maire puisque Michaël Locatelli habitait près de cette école et était professeur de sciences économiques au lycée des Récollets de Longwy.

Émotion et attente de réponses

Six ans après l'attentat, le procès "va malheureusement faire revivre cette tragédie et toucher bon nombre de personnes, particulièrement les familles qui vont devoir rouvrir une histoire qui n'est pas terminée", redoute le maire d'Herserange. "Peut-être auront-ils des réponses à toutes les questions qu'ils peuvent se poser dans le cadre de ce procès", espère néanmoins Gérard Didelot.

Gérard Didelot, le maire d'Herserange s'exprime le jour de l'ouverture du procès de l'attentat de Nice, le 5 septembre 2022. ©René Elkaim / France Télévisions

Âgés de 27 à 48 ans, les accusés sont des membres de l'entourage de Mohamed Lahouaiej-Bouhlel ou des intermédiaires présumés dans le trafic d'armes destinées au terroriste. Trois accusés (Ramzi Kevin Arefa, Chokri Chafroud et Mohamed Ghraieb) sont poursuivis pour association de malfaiteurs terroriste. Le premier, en état de récidive légale, encourt la réclusion à perpétuité, les deux autres vingt ans de prison. Les cinq autres (Maksim Celaj, Endri Elezi, Artan Henaj, Brahim Tritou et Enkeledja Zace) sont poursuivis pour association de malfaiteurs et infractions à la législation sur les armes. Ils risquent cinq à dix ans d'emprisonnement. 

Seuls trois accusés seront dans le box des détenus. Quatre comparaîtront libres, sous contrôle judiciaire. Le huitième, Brahim Tritrou, est visé par un mandat d'arrêt après avoir rompu son contrôle judiciaire. Selon son avocate, il serait détenu en Tunisie. La complicité d'assassinats n'a été retenue contre aucun des accusés.

L'attaque a été revendiquée par l'organisation Etat islamique mais l'enquête n'a pas établi de lien direct entre l'auteur et le groupe jihadiste. Le verdict est attendu le 16 décembre.

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