Dans les locaux de la Chambre de Commerce et d'Industrie de Meurthe et Moselle, ces vitraux rendent hommage à la puissance de l'industrie. Une industrie mise au service de la guerre de 1915 à 1917 par Albert Thomas. Le socialiste aura contribué à la victoire mais son nom a été oublié pour des raisons politiques.
Député socialiste du département de la Seine, Albert Thomas entre au gouvernement d'Union nationale en août 1914. Ses qualités d'organisateur sont remarquées et il est nommé Sous-secrétaire d'Etat à l'Artillerie et aux munitions puis ministre de l'Armement. Profondément patriote, il met en place une organisation du travail destinée à donner la victoire à la France. Mais Albert Thomas souhaite aussi faire de son ministère un laboratoire social pour que la SFIO devienne le parti qui mènera la France vers le socialisme.
En quelques semaines, le ministre persuade les industriels de ne plus penser en termes de concurrence. Les commandes de l’État sont réparties. Les usines sont agrandies. La production passe de 13 000 obus par jour à 100 000. Le nombre d'ouvriers augmente en conséquence. En 1918 ils sont 1 700 000 ouvriers, dont 430 000 femmes. Albert Thomas met en place une série de mesures pour améliorer leur condition : salaires décents, services médicaux, élection de délégués ouvriers. Avec l'espoir que ce « socialisme de guerre » permettra aux classes capitalistes et ouvrières de transformer la France après la victoire.
Mais en septembre 1917, la discipline de parti l'empêche d'entrer dans le gouvernement Clemenceau. Qualifié de « ministre des obus », Albert Thomas est accusé de compromission avec un gouvernement « bourgeois ». Marginalisé, sa conception d'une collaboration entre les classes est rejetée massivement. S'il fut l'un des artisans de la victoire, jamais il n'en a recueilli la gloire. Il meurt en 1932, qualifié de « social traître » dans la nécrologie de L'Humanité.
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