Lait : le trop plein. Exemple en Lorraine

L'Europe est inondée de lait depuis la fin des quotas, il y a neuf mois. Les producteurs ont désormais la possibilité de faire du chiffre et se lancent dans une fuite en avant pour tenter de rentrer dans leurs frais. Résultat : les prix chutent. Un cercle infernal qui étrangle les plus petits.

30 centimes le litre fin 2015, contre 35 un an plus tôt. Et l'année 2016 s'annonce très mauvaise. Les volumes de lait ne cessent d'augmenter depuis que l'Europe a supprimé les quotas, laissant la "libre concurrence" à l'oeuvre. La France, bon élève, n'a augmenté que de 1% sa production en 2015. Mais la Belgique (+9%), les Pays-Bas (+10%), l'Irlande (+13%) inondent le marché avec leurs exploitations géantes. 
Si des projets de "fermes aux 1000 vaches" existent en France (où ils sont très contestés), la Lorraine reste attachée à son modèle de polyculture-élevage. L'agriculteur produit foin et céréales qui alimentent, au moins en partie, ses propres vaches.

Mais il ne maîtrise pas les prix : le lait est un marché mondial. Pour amortir les fluctuations du marché, un système de contrat a certes été mis en place entre producteurs et transformateurs. Concrètement pourtant, le paysan du canton de Colombey-les-Belles n'a pas le choix entre trente-six coopératives. Il reste donc dépendant du prix proposé par son collecteur de lait habituel.

Nous avons rencontré deux producteurs laitiers de Gye, en Meurthe-et-Moselle.
Témoignages croisés de Cyrille et Michaël, agriculteurs à Gye (54) ©France 3 Lorraine
On voit que le producteur bio s'en sort un peu mieux malgré des rendements plus faibles : il vend son lait plus cher.
Bio ou pas, la course au gigantisme pour améliorer la rentabilité est une impasse, puisqu'elle conduit à des prix toujours plus bas. Certaines grosses coopératives (Even, en Bretagne) commencent d'ailleurs à verser des primes aux éleveurs qui acceptent... de produire moins ! Une manière de rétablir les quotas...

Des solutions existent pourtant, elles sont connues mais demandent des efforts d'adaptation :
- Diversifier sa production, ne pas dépendre d'un seul marché ;
- Valoriser ses produits en misant sur la qualité, éventuellement en se lançant dans des produits transformés (fromages, yaourts...)
- Privilégier les filières locales. Il ne faut pas trop compter en 2016 sur un redressement du marché mondial. La Chine, principal importateur de lait en poudre, a des stocks énormes.

L'année s'annonce donc difficile pour les 67 000 exploitations laitières françaises - il en disparaît plus de 2000 par an. Et derrière elles, une filière qui pèse 250 000 emplois.
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