Bryan Griffin circule en Europe depuis une vingtaine d’années avec jusque-là un permis de résident délivré en Angleterre. Mais les Britanniques ont quitté l’Europe, laissant Bryan dans la galère. Il est menacé d’expulsion par la préfecture de Nancy.
Drôle d'histoire que celle de Bryan Griffin, un Néo-zélandais de 83 ans, ancien pilote de ligne pour une grande compagnie australienne. Il a d'ailleurs la double nationalité. Il vit en Europe depuis plus de 10 ans. Il s'est installé sur une péniche, il y a environ cinq ans. Elle est amarrée depuis décembre 2020 au port de Nancy. Le 23 décembre 2021, veille de Noël, il reçoit un recommandé de la préfecture de Nancy, daté du 17 décembre, lui ordonnant de quitter le territoire sous 30 jours. Bryan est en possession d'une carte de résidence établie en Angleterre en 2014. Mais le Brexit est passé par là. Les Britanniques sont sortis de l'Europe. Ironie de l'histoire, c'est lui qui s'est signalé en faisant, l'été dernier, une demande officielle de résident en France pour régulariser sa situation. Ce qu'il pensait être une simple formalité se transforme en véritable cauchemar.
Je suis proche de la fin de ma vie. C'est ici, sur ma péniche, en France, que je veux la finir et pas dans une impasse en Nouvelle-Zélande ou en Australie.
Bryan Griffin
Dans le courrier, on lui indique, par exemple, qu'un voyage en Inde entre novembre 2019 et avril 2020 constitue une interruption de son séjour en France. Il est aussi écrit qu'il ne mentionne pas de liens familiaux sur le territoire, qu'il ne travaille pas, qu'il ne maîtrise pas le français. Le retraité est abasourdi. Mais il nous confie : "des combats, j'en ai mené d'autres. Je me suis battu contre la compagnie australienne qui m'employait comme pilote". Bryan se sent, tout de même, fatigué : "Je suis proche de la fin de ma vie. C'est ici, sur ma péniche, en France, que je veux la finir et pas dans une impasse en Nouvelle-Zélande ou en Australie. Je ne fais de mal à personne. Je contribue à l'économie en payant mes taxes. Je ne demande rien. C'est la vie qui me convient, au calme, sans stress. Il y a toujours quelque chose à faire sur ma péniche. Quand les beaux jours arrivent, je m'occupe de mes géraniums". Bryan nous confie avoir passé un "merveilleux réveillon de Noël", invité chez un ami, ici à Nancy avec son épouse et leurs enfants. " C'était tellement adorable".
Je n'ai aucune envie de retourner dans un de ces deux pays
Bryan Griffin
Bryan a acheté la péniche "Fidutia" aux Pays-Bas, il y a quelques années, "avec l’argent du procès que j'ai gagné contre mon ancien employeur", précise-t-il. "Fidutia, signifie confiance en latin. Fidutia mesure 24 m de long, 4,0 m de large et pèse environ 45 tonnes. Elle a été construite à Zwartsluis en Hollande en 1903 et s'appelle un Hasselter Aak. Elle dispose de deux cabines doubles avec leur propre salle de bains. Que pourrais-tu vouloir de plus ?" Bryan aime particulièrement passer les écluses. Sur sa péniche, tout va bien moins vite, une vie au ralenti dont il a toujours rêvé. Il a quitté la Nouvelle-Zélande et l’Australie après des problèmes professionnels et personnels qu’il veut laisser derrière lui. Il ajoute :"Je n'ai aucune envie de retourner dans un de ces deux pays".
Voyez ce reportage réalisé le 27 décembre 2021.
À 83 ans, Bryan a un site internet sur lequel il raconte ses aventures en péniche. Mais il propose aussi des histoires pour enfants. Ainsi, vous trouverez sur son site une histoire intitulée : l'histoire de la vie du père Noël.
Dans quelques jours, Bryan sera "expulsable". La fermeture des canaux pendant l'hiver et la pandémie de covid-19 n'arrangent pas sa situation. Il espère trouver une solution rapidement pour pouvoir vivre la vie dont il a toujours rêvé sur sa péniche.