Canicule : comment se protéger chez soi des fortes chaleurs sans climatisation

La canicule atteint son pic mardi 30 juillet 2024 dans la région Grand Est. Pour se protéger de la chaleur dans son habitation, la climatisation n'est pas la solution. Revue des trucs et astuces pour rester au frais.

Si les régions de la moitié sud connaissent mardi 30 juillet 2024 les pics de chaleur les plus élevés, dépassant parfois les quarante degrés, la Lorraine est aussi concernée. Nancy (Meurthe-et-Moselle), Épinal (Vosges) et Metz (Moselle) voient cet après-midi le mercure flirter avec les trente-quatre degrés. 

Météo France qualifie l'épisode caniculaire de "relativement courte durée, mais particulièrement intense et nécessite une vigilance particulière, notamment pour les personnes sensibles ou exposées".

Pour se protéger de la chaleur dans son habitation, la climatisation n'est pas la solution recommandée par l'Agence nationale Santé Publique France. Outre son coût financier élevé, elle consomme beaucoup d'électricité et crée des îlots de chaleur à l'extérieur. Quant aux modèles portatifs, ils sont peu efficaces, car il faut laisser une issue ouverte pour évacuer l'air chaud vers l'extérieur.

Limiter les rayons du soleil dans le logement

Selon Agnès Verrier, épidémiologiste à Santé Publique France, il existe des solutions simples et peu coûteuses pour se préserver de la chaleur dans son logement : "la première chose à faire c'est de limiter l'augmentation de la température à l'intérieur du logement en réduisant l'impact des rayons solaires sur les surfaces vitrées. Le plus classique, c'est de fermer les volets, mais vous avez d'autres solutions : vous pouvez poser des stores à l'extérieur, mettre un linge ou ouvrir un parasol afin d'empêcher les rayons de taper sur les surfaces vitrées".

L'épidémiologiste recommande aussi de fermer les pièces : "contrairement à ce qu'on pense, il est préférable, quand il fait chaud, de fermer toutes les portes intérieures afin de conserver la pièce la plus fraîche". Le sous-sol peut constituer une zone de repli intéressante. En anticipant, il est possible d'y aménager un lieu confortable et même y dormir, car le corps a besoin de descendre en température pour déclencher le sommeil.

Bien utiliser son ventilateur

La douche est bienfaisante. Fraîche, mais surtout pas froide. Le ventilateur est utile pour retrouver une sensation de bien-être. On peut optimiser son efficacité grâce à une astuce très simple : "vous pouvez  placer un linge humide devant votre ventilateur pour améliorer la fraîcheur de l'air diffusé". 

Il convient aussi de traquer les sources de chaleur inutiles : les appareils en veille, le lave-linge ou le lave-vaisselle qu'il est préférable de faire tourner à basse température aux heures les plus fraîches. Éviter bien entendu d'utiliser le four pour cuisiner. Tous les trucs et astuces sont à retrouver sur le site "Vivre avec la chaleur", une mine d'idées pour se préserver des effets négatifs de la canicule.

En 2019, la surmortalité observée chez les jeunes adultes montre que la canicule peut toucher tout le monde.

Agnès Verrier, épidémiologiste à Santé Publique France

Les sportifs, une catégorie à risque

 Il est question aussi de conseils pour les sportifs, car contrairement à une idée reçue, cette catégorie de la population est très exposée aux risques sanitaires : "nos études montrent que c'est une population vulnérable à la chaleur et qui n'était pas du tout identifiée en tant que telle. Il s'agit des sportifs non encadrés. Ce sont par exemple les personnes en vacances qui vont faire un jogging ou qui décident de faire un tennis".  

Le coup de chaleur, ce n'est pas que pour les autres

Si les gestes de prévention sont bien connus du public pendant les épisodes de fortes chaleurs, il existe encore des freins en matière de prévention. Les épidémiologistes soulignent que les canicules de 2023 ont provoqué une surmortalité de cinq mille décès et en 2019, la surmortalité a touché en particulier les 15-44 ans. Les risques ne concernent dont pas uniquement les personnes âgées et vulnérables.

Le défaut de perception du risque pour soi-même 

Dans une étude parue dans le Bulletin épidémiologique hebdomadaire (BEH) du 22 mars 2022, les chercheurs observent que si les personnes interrogées connaissent les gestes de prévention, elles présentent un défaut de perception du risque pour elles-mêmes. Elles citent comme catégories vulnérables : les personnes âgées, les malades, les enfants et les femmes enceintes, mais pas les travailleurs, les sportifs ou les personnes mal-logées. 

Et pourtant, les travailleurs sur les chantiers extérieurs, la nécessité d'emprunter des transports en commun surchauffés, le souhait de ne pas renoncer à ses entraînements sportifs ou survivre dans la rue sont autant de facteurs de surexposition à la chaleur et de risques pour la santé.

Entre 2015 à 2020, le coût financier des canicules pour la collectivité s'élève à 22 milliards d'euros.