Contrôle technique : "n'y allez pas !" appelle la Fédération des Motards en Colère

Les motos devront passer le contrôle technique à partir du 15 avril 2024. La Fédération des motards en colère appelle au boycott. Le président de la FFMC54 explique les raisons de ce refus

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Les motos immatriculées avant le 1er janvier 2017 devront passer le contrôle technique à partir du 15 avril 2024. La Fédération Française des Motards en Colère (FFMC) est vent debout contre cette obligation. Elle appelle au boycott des centres de contrôle technique.

Si le Gouvernement n'était pas pressé de l'imposer, c'est la réglementation européenne qui oblige de soumettre au contrôle technique les véhicules à moteur de deux, trois ou quatre roues de cylindrée supérieure à 125 cm (catégories L3e, L4e, L5e, L7e). Saisi en 2022 par les associations militantes pour la Sécurité routière, le Conseil d'État dans son jugement rappelle pour assoir sa décision, qu'un "usager de deux-roues motorisés a vingt-deux fois plus de risques d’être victime d’un accident mortel qu’un usager de véhicule léger".

C'est un nouveau racket des motards

Serge Bounaix, le coordinateur de la FFMC 54-55

La FFMC est un interlocuteur historique de l'État concernant les questions de sécurité routière et a toujours fait de l'éducation à la conduite et de la prévention des risques, ses priorités. Cet appel au boycott du contrôle technique censé améliorer la sécurité peut donc surprendre. Nous avons interrogé Serge Bounaix, le coordinateur de la FFMC 54-55 afin de connaître les raisons de cette opposition au contrôle technique des motos.

Pour quelles raisons la FFMC appelle-t-elle au boycott du contrôle technique ? 

Les statistiques montrent que moins de 1% des deux-roues présente des défauts techniques. On s'attaque à la cause d’un accident sur deux cent ! L'Observatoire national interministériel de la sécurité routière (ONISR), dans son rapport 2023, mentionne que 30 % voire 38 % des accidents de deux-roues motorisés sont causés par l'état des infrastructures routières ou leur inadaptation. Quelles sont les priorités du gouvernement ? Est-ce que ce sont ces 38% ? Ou le 1% des accidents dus aux défauts techniques des véhicules ? 

Le Gouvernement affirme que c'est une obligation européenne qui oblige à la mise en place du contrôle technique ?

C'est faux ! C'est le lobbying intense de Dekra en Allemagne qui a poussé pour imposer le contrôle technique à Bruxelles. Plusieurs États avaient refusé sa mise en place, dont la France. Il faut se rappeler qu'en 2012 le gouvernement français, le Sénat et l'Assemblée nationale l'avaient refusé. L'Europe n'a pas eu le choix, il lui fallait un accord de tous les pays, sinon elle ne pouvait pas faire passer la mesure. Dans la directive, elle laisse le choix aux États membres : le contrôle technique ou des mesures alternatives.

On avait le choix des mesures alternatives, ce qui d'ailleurs avait été discuté en 2021 entre la FFMC et le Gouvernement puis transmis à Bruxelles. Donc non, ce n'est pas une obligation de l'Europe, mais bien au final, un choix du Gouvernement.

Sécurité et lutte contre le bruit sont les arguments invoqués par les défenseurs du contrôle technique

On constate depuis dix ans une baisse de 9% de la mortalité des usagers de deux roues motorisés alors que le parc a augmenté de 30 %. La baisse de l'accidentologie est visible et va se poursuivre. Donc, on n'avait pas besoin d'un contrôle technique. Se pose aussi la question des compétences dans les centres de contrôle technique. Il existe beaucoup plus de modèles de motos que de voitures, d'ailleurs certains centres ne veulent pas prendre des motos de certaines marques parce qu’ils n’ont pas la valise diagnostic ou n'ont pas les compétences requises pour les contrôleurs. Ces derniers ont une formation de trente heures dont sept à manier la moto. On peut s'attendre à ce qu'il y ait des deux-roues de trois cents kilos qui tombent par terre.

Quant à la lutte contre le bruit, elle est une priorité de la FFMC. L'association mène des campagnes de sensibilisation pour faire respecter les normes. Le contrôle technique ne sera là encore d'aucune utilité : le motard, incivique et bruyant, démontra son pot non conforme avant la visite, puis le remontera après. Il sera tranquille pour trois ans. 

Que risque un motard qui n'a pas passé le contrôle technique en cas d'accident ?

C'est une bonne question. Des compagnies d'assurances ont déjà annoncé qu'elles ne demanderaient pas le certificat de contrôle technique en cas d'accident. Du point de vue juridique, il faut que ça fasse partie des conditions d'exclusion. Or, vu que le contrôle technique n'existait pas jusqu'au 15 avril 2024, ça n'existe dans aucun contrat d'assurance. Il faut que les compagnies rédigent un avenant et demandent la signature de l'assuré pour les contrats actuels. Par contre, contrôle technique ou pas contrôle technique, si l'accident est provoqué par un défaut d'entretien des freins, un mauvais état des pneus, un défaut d'éclairage, la responsabilité du motocycliste reste engagée. Il est responsable de la bonne tenue de sa moto.

La FFMC appelle à une manifestation nationale, samedi 13 avril 2024, afin d'exprimer dans la rue, son refus du contrôle technique.  

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