Arrivée sur place le 15 juillet 2020. L'équipe de treize soignants du Centre Hospitalier Universitaire Régional de Nancy spécialisée en réanimation témoigne. Confrontée à une situation sanitaire inédite elle a dû vite s'adapter aux besoins de la population locale.
Sitôt arrivée à Cayenne l’équipe du Centre Hospitalier Universitaire Régional de Nancy spécialisée en réanimation est prise en charge par l’Agence régionale de santé et plongée dans le bain. Direction le centre hospitalier de l’ouest guyanais à Saint-Laurent-du-Maroni.
Hélène Lefort, cadre du pôle pharmacie et stérilisation confie son soulagement : Les membres de l’équipe ne sont pas éparpillés dans les trois centres hospitaliers. Ils restent ensemble, ce sera plus facile à gérer.
Une surprise de taille
Le premier contact commence… par une déconvenue et une surprise de taille. Si la population est confrontée à une circulation virulente du coronavirus COVID-19, peu de patients nécessitent une prise en charge en réanimation.L’ensemble de l’équipe est spécialisée, rompue à la réanimation. On a fait de tout sauf de la réa.
Les Guyanais ne présentent pas les mêmes symptômes respiratoires graves que les malades en métropole. Les organismes se défendent mieux face au virus. Cette résistance intrigue beaucoup les soignants. Est-ce dû à la jeunesse de la population ? Aux soins traditionnels à base de plantes ? Pour notre équipe lorraine, la question mérite d’être étudiée.
Savoir rester humble
Si la réanimation est peu sollicitée ce n’est pas le cas des autres services de médecine pleins à craquer. Avec la COVID-19 sévit aussi l’épidémie de dengue. Beaucoup de soignants sont en arrêt maladie et les renforts indispensables. L’équipe lorraine ne chôme pas. Habituée aux techniques de pointe des salles de réanimation, elle découvre la médecine publique, le contact avec la population guyanaise. Entre autres missions de terrain elle pratique le dépistage.C’est à l’opposé de notre spécialité mais très enrichissant. Il faut savoir se faire humble pour convaincre une population méfiante vis-à-vis des prélèvements.
Leur intervention se concentre sur Saint-Laurent-du-Maroni mais aussi à l’intérieur des terres. La Guyane a des frontières communes avec le Brésil et la Surinam, deux pays qui n’appliquent pas les règles sanitaires pour stopper la propagation du coronavirus. Deux infirmières sont parties en pirogue afin de mener une campagne de dépistage.
Les soignants craignent que ces pays frontaliers ne soient dans un proche avenir la source d’une seconde vague épidémique.
Une expérience positive ? Au-delà !
Hélène Lefort a ce cri du cœur et se fait porte-parole de l’équipe. Cette expérience restera inoubliable, tant sur le plan professionnel que personnel.C’est une chance extraordinaire que la direction du CHRU ait accepté de nous libérer pour cette mission. Surtout après le pic épidémique que nous avons dû gérer à Nancy.
L’équipe lorraine plie bagages ce samedi 25 juillet. Elle revient en métropole avec le fort sentiment d’avoir été utile. De beaux souvenirs aussi : le contact avec une population et des soignants locaux très accueillants, sans parler du climat, de la végétation luxuriante, des paysages, du charme fou de ce territoire d’outre-mer.