Dans les coulisses d’une maternité : le travail des sage-femmes dans leur quotidien, c’est dans "Salle des naissances"

durée de la vidéo : 00h01mn36s
La maternité régionale de Nancy accompagne 2900 naissances par an.
Le quotidien du personnel soignant à la maternité régionale de Nancy. ©Carine Lefebvre-Quennell

La salle des naissances est un peu le lieu de tous les fantasmes liés à la vie. Nombre de parents associent l'accouchement, l'arrivée de leurs enfants, au plus beau jour de leur vie. Mais le quotidien hospitalier des personnels de maternités est bien loin de cette image d'Épinal. Suivez le quotidien des soignants de la maternité régionale de Nancy dans ce documentaire "Salle des naissances" de Carine Lefebvre-Quennell.

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C'est un quotidien, fait de gestes routiniers, dans lequel vous invite le documentaire "Salle des naissances" de Carine Lefebvre-Quennell. Le quotidien de ces femmes — car elles y sont en très grande majorité — qui officient à la maternité régionale Adophe PInard de Nancy en Meurthe-et-Moselle.

Sage-femmes, puéricultrices et médecins en gynécologie obstétrique mènent un ballet incessant centre les salles d'accueil, d'accouchements, mais aussi les salles des infirmières ou celle de repos. Un calme apparent y règne, mais la tension est permanente.

"Salle des naissances" C'est un documentaire de Carine Lefebvre-Quennell à voir en intégralité ici. Voici trois bonnes raisons de le regarder.

1. Parce qu'un jour, nous sommes tous passés entre leurs mains

Elles sont sages-femmes ou gynécologues obstétriciennes. Elles sont aussi auxiliaires de puériculture ou pédiatres. Le milieu de travail en maternité reste encore majoritairement féminin. Une affaire de femmes. Les hommes ont certes pris leur place légitime aux côtés de leurs compagnes, mais ils restent rares à endosser les fonctions de sage-femmes ou de puéricultrices. Ils occupent davantage les places de médecins, gynécologues, obstétriciens, anesthésistes ou pédiatres. 

À Nancy, la maternité du CHRU compte de nombreuses soignantes parmi son personnel. Elle est classée en niveau 3, c'est-à-dire qu'elle accueille toutes les grossesses, des plus simples aux plus compliquées. Chaque année, ce sont environ 2900 enfants qui y prennent vie. Et là, comme ailleurs, chacun d'entre nous peut se dire qu'il leur est redevable à ses soignants spécialisés dans l'accouchement et la toute petite enfance d'une arrivée en sécurité.

2. Pour passer coté coulisses 

Que connait-on vraiment d'une maternité ? De ses activités, de son fonctionnement ? Pas grand chose, en réalité. On se contente d'y traverser de longs couloirs en direction d'un numéro de chambre. Chambre dans laquelle on s'engouffre, fleurs dans une main et petites tenues plus "choupinou" les unes que les autres dans l'autre, pour féliciter une jeune maman aux traits tirés et un papa, à l'air ravi.  Le personnel médical, qui gravite autour des parturientes et des nouveaux-nés, y fait figure de décor, sans qu'on les regarde vraiment. 

Le documentaire de Carine Lefebvre-Quennell permet d'y pénétrer et de saisir chaque instant. De l'arrivée d'une future maman angoissée, à celle d'un nouveau-né qu'il faut aider dans ses premiers instants de vie pour qu'il respire mieux et pousse le cri tant espéré. 

Mais surtout, la caméra surprend les gestes experts, les paroles rassurantes pour les patientes. Elle s'attarde sur les longues heures au téléphone, ou derrière les ordinateurs pour faire les rapports. Elle filme la médecin qui use de son influence pour convaincre un papa de venir assister sa femme. Ou la chaine solidaire qui permet de trouver un interprète pour traduire les mots et comprendre les maux d'une dame géorgienne qui ne parle français.

3. Pour entendre la fatigue face aux réalités

Car on est bien loin de l'image d'Épinal, quelque part entre le nid de cigogne, le potager débordant de choux et le jardin de roses. Une réalité bien loin de cette crédule poésie. Derrière les mots posés avec calme par les soignantes, derrière leurs attitudes maitrisées, la tension de certaines situations d'urgence se fait sentir. Les gestes s'enchainent, les mots sont brefs. Chacun sait ce qu'il a à faire. À tel point que les mamans et les papas réalisent peut-être après coup seulement qu'ils sont passés à deux doigts de la catastrophe. 

Mais cette maîtrise permanente face aux responsabilités et aux risques a un coût. Celui du surmenage, du burn out. Et les témoignages recueillis par la réalisatrice, dignes, factuels, mettent en lumière le côté sombre de ces fonctions qui ne font pas qu'accompagner dans la joie l'arrivée de bouts de choux adorés. Il y a aussi les décès in utéro, les interruptions volontaires de grossesses et même les deuils. Camille Dumortier-Clermont, sage-femme l'exprime ainsi : "dans mon boulot, je vis des moments qui sont hyper stressants, mais il ne faut pas que je donne mon stress aux patientes, donc j'ai l'habitude de l'emmagasiner. Et je pense que le corps n'est pas fait pour emmagasiner toute la tristesse, la joie, la colère et la frustration de tout le monde".

Et puis il y a le contexte global de manque de personnel, de multiplication des arrêts maladies que les hôpitaux connaissent. Les conditions de travail compliquées, avec les gardes qui s'enchainent et les appels sur les jours de repos. Les horaires à rallonge, les vacations des nuits, de weekends, de jours fériés. Sans oublier la frustration du travail effectué certes, mais comme survolé par manque de temps et de moyens. 

Un état des lieux sans concession ni larmoiement.

"Salle des naissances" de Carine Lefebvre-Quennell à voir en intégralité ici.

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