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DOCUMENTAIRE. La vie de village, une vie de rêve ?

Le bénévolat prétexte à la convivialité

Champenoux en Meurthe-et-Moselle, est un village de France comme il en existe tant. Situé à la campagne, mais avec sa zone commerciale toute proche. Avec ses habitants historiques et ses nouveaux arrivants. Un monde en miniature, complexe, avec ses fractures et aussi ses désirs de mieux vivre ensemble.

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Ce documentaire aurait très bien pu s'intituler "un village français" mais c'était déjà pris. Des tranches de vies et un condensé d'histoire de France : à ce titre le village de Champenoux en Meurthe-et-Moselle peut faire figure de modèle stéréotypé du village métropolitain. Situé dans la campagne Lorraine, à 20 kilomètres de la ville de Nancy. Avec ses commerces de proximité, et ses derniers paysans. Avec son église et ses ruelles anciennes et plus en périphérie, ses lotissements flambant neufs qui sortent de terre. Avec ses anciens et ses nouveaux habitants.

Quelque part entre fractures sociétales et envie de vivre ensemble. Une société miniature, complexe et perpétuellement en mouvement. Voici trois bonnes raisons de voir Vie(s) de village, réalisé par Jean-Louis André (Ego Productions / FTV).

1. Parce que c'était mieux avant ?

Ah l'éternel débat entre les anciens et les modernes ! Les adeptes du "c'était mieux avant" versus les partisans du "ce sera mieux demain". Les ruraux historiques, paysans, petits commerçants et artisans qui voient d'un œil méfiant leur territoire se modifier au gré des afflux des néo-ruraux et leurs habitudes de la ville.

Ainsi, quand Hubert Petit, pharmacien de son état, cherche à s'installer dans le village, il y a déjà 23 ans, il se retrouve face un vieux propriétaire qui lui demande de but en blanc : "C'est pour quoi faire ?" Son projet d'officine trouve grâce aux yeux de l'ancien, qui accepte la transaction. Ne s'installait pas qui veut, il fallait montrer patte blanche.

Depuis les temps ont bien changé et c'est désormais par vagues successives que viennent s'installer les nouveaux habitants, au gré des constructions de nouveaux lotissements. 30 parcelles par-ci avec autant de familles; puis 22 parcelles par-là, vingt ans plus tard. Et d'un coup, Champenoux voit sa population bondir, rajeunir et bousculer les habitudes. La vie sociale du village s'en voit toute chamboulée et les nouvelles habitudes font grincer quelques dents.

2. Parce que la campagne, c'est pas toujours ce que l'on croit

Loriza Chorfi est une future villageoise. Avec sa fillette dans les bras, elle se rend sur le chantier de sa future maison. Les contours en sont désormais visibles et cela la rend pleine de joie. "Là, on a tout à côté et ça, ça me plait. Ne pas avoir à faire 50 kilomètres pour trouver un médecin, une crèche. Tip Top ! On est à la campagne mais on n'est pas entouré que de champs avec des vaches", se plaît-elle à rêver. 

Les motivations pour s'installer sont souvent les mêmes : "nous avions deux enfants et on a cherché une petite maison à l'extérieur de Nancy. Ici nous étions près des bois, ça nous a beaucoup intéressés" explique Serge Freger, l'actuel maire Campussien.

Tandis que Catherine Buée, autre habitante, le confirme, elle a choisi le village pour ses enfants "je n'imaginais absolument pas gérer mes enfants dans un milieu où ils ne pouvaient pas circuler, fabriquer des cabanes. C'est une histoire de liberté, de jeux et de sécurité." Le rêve d'espace, de nature et de liberté qu'on ne trouve pas en ville convainc de nombreux jeunes parents à la vie rurale.

A la campagne on s'ennuie, mais rarement, alors qu'en ville on s'ennuie souvent.

Gaëtan

Et leurs enfants semblent un temps satisfaits par le choix de leurs parents, car comme le dit si bien Gaëtan "à la campagne on s'ennuie, mais rarement, alors qu'en ville on s'ennuie souvent." Même si quelques années plus tard, l'adolescence aidant, les avis divergent "vivre notre enfance, c'est plus sympa à la campagne, mais à mon âge (16 ans, ndlr), je préfère vivre en ville", s'exclame Camille. Elle partira probablement y suivre ses études, perpétuant le mouvement cyclique des départs et des retours.

Mais la campagne ce sont aussi les cloches qui sonnent les heures, ce sont les coqs qui chantent à l'aurore et tout au long du jour, ou les chiens qui aboient, dérangeant le sommeil des nouveaux installés plus habitués jusqu'alors aux bruits de circulation et aux fracas de la ville. C'est aussi le bruit des tondeuses et des débroussailleuses qui s'activent en semaine ou le weekend faisant fi du repos des autres. Car si le paysan a le droit de travailler le dimanche, perché sur son tracteur, pourquoi les tondeuses ne vrombiraient pas ? Une vie à la campagne mais avec les règles de la ville, où personne ne se soucie de son voisin. 

Et si les vaches meuglent au milieu de la nuit, quelques-uns n'émettent-ils pas d'abord par méconnaissance des soupçons de maltraitance avant de penser au cycle de la vie et à la saison des velages puis du sevrage ? Sans parler des odeurs d'animaux qui viennent heurter les narines rompues aux effluves d'hydrocarbures. Ainsi naissent les incompréhensions entre habitants historiques et anciens urbains.

3. Parce l'union fait la force

Pourtant à ces mésententes viennent s'opposer les envies de vivre ensemble. Comme celle qui anime l'épicier-postier du village. Il a repris l'activité de la poste, quand le bureau de poste a fermé, il y a quatorze ans. "Je suis un petit centre commercial. Le but c'est d'amener du service que les gens ont en ville". Quant à son épicerie, mieux qu'un dépannage de courses, elle crée du lien social : "je livre les associations en matériel pour faire la fête. L'idée, mon cheval de bataille, c'est de faire vivre la campagne", s'enorgueillit-il.

Le marie, qui a pourtant eu du mal à rassembler une équipe autour de lui pour se présenter à la tête de la mairie, a convaincu des producteurs du coin de venir tenir un petit marché du terroir dans l'ancienne cour de l'école. "Ce sont les gens qui sont demandeurs; tous les troisièmes vendredis de chaque mois, on fait ce marché qui attire beaucoup de monde."

Et puis il y a les enfants et l'école qui rapprochent. Une Campussienne explique : "on est arrivé dans un lotissement où tout le monde a construit sa maison en même temps et où les enfants ont grandi avec les copains. On a bâti un réseau d'amis très proches, grâce à l'école et c'est resté."

Tandis qu'ici et là des initiatives individuelles donnent naissance à de petits groupes : ici une chorale, là un jardin partagé, ou encore une association qui promeut "la compagnie des ânes" en vecteur de vie commune. Sans oublier le portage bénévole de repas aux plus anciens, gage de solidarité. Le village d'antan n'est plus, vive le village du présent.

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