Radoine Mebarki, président de l'association "Tous Tes Possibles" à Nancy teste depuis le début de l'année des métiers en tension. Un retour d'expérience qui vise à mieux promouvoir ces emplois mais aussi à inciter les entreprises à changer pour attirer les demandeurs d'emploi.
Au lieu de se la couler douce en vacances, Radoine Mebarki, chef d'entreprise et président de l'association Tous Tes Possibles à Nancy continue de tester des métiers en tension. Et pour cela ce chef d'entreprise n'a pas délégué, il est allé lui même au turbin pour se rendre compte des conditions de travail et d'accueil.
Les entreprises ne savent pas faire avec les nouveaux arrivants. Il faut qu'elles changent si elles veulent recruter.
Radoine Meberki, Président de Tous Tes Possibles
Apprenti poissonnier d'une grande surface, assistant de vie auprès de résidents en Ehpad, en charge des grillades dans un restaurant gastronomique, avec tous ces essais, Radoine Mebarki aura fait le grand écart. Son objectif : mieux comprendre ces métiers et les promouvoir auprès des demandeurs d'emploi qu'il accompagne via son association depuis 2016. Au total depuis le début de l'année, celui qui dirige aussi des agences immobilières aura testé une centaine d'emplois, de quoi avoir un vrai retour d'expérience.
"Ce Vis ma vie avait pour objectif d'aller voir sur le terrain si on pouvait vraiment sans qualification aucune commencer un de ces jobs dit en tension et voir comment ça se passe. L'idée c'est de faire passer le vouloir faire avant le savoir-faire. J'étais dans des conditions normales, et j'ai été globalement très mal accueilli, car les entreprises ne savent pas faire avec les nouveaux arrivants. Il faut que les entreprises changent si elles veulent recruter. Parfois on ne m'expliquait rien, je n'étais pas du tout accompagné pour découvrir la boîte, d'autres fois, l'entrée n'était même pas indiquée, c'est pas comme ça qu'on attire des nouveaux venus et qu'on les fait rester" se désole Radoine Meberki.
Pourtant les entreprises vont bien devoir s'adapter car la donne a changé, encore plus rapidement depuis la crise Covid. Il y a actuellement 150.000 emplois à pourvoir dans le Grand Est (source Pôle emploi) et la moitié d'entre eux sont des métiers en tension.
Pour les aider à s'adapter à ce nouveau contexte, l'association Tous Tes Possibles propose une boîte à outil.
"Les chefs d'entreprises écoutent mes critiques et mes conseils. Ils doivent changer, être plus sexy, donner l'envie d'avoir envie face à la raréfaction de la demande".
Un guichet de l'emploi
Il faut sortir de ce modèle de recrutement : CV, lettre de motivation, entretien d'embauche, il faut passer directement à l'essai.
Radoine Mebarki, président de Tous Tes Possibles
Au delà du conseil en entreprise et de la promotion des métiers des secteurs en tension (restauration, hôtellerie, BTP, service à la personne, informatique, animation etc.) celui qui est aussi élu consulaire à la CCI du Grand Nancy veut faire bouger les lignes sur les conditions de recrutement en tant que tel et créer un guichet de l'emploi.
"Il faut sortir de ce modèle, CV, lettre de motivation, entretien d'embauche et seulement après avoir été retenu, à l'essai. Il faut passer directement à l'essai. Les demandeurs d'emploi devraient pouvoir tester certains métiers et s'en faire une idée concrète avant de savoir s'ils veulent être embauché ou non. Certains ne seront pas à l'aise dans un Ehpad mais chez un transporteur ou à l'usine. Pour d'autres ça sera le contraire, comment savoir si on est motivé et si on va faire l'affaire avant de tester" s'enflamme celui qui vient des quartiers, ancien élu en charge du Haut du lièvre, qui s'ingénie à créer des passerelles dans le monde de l'emploi.
Depuis des mois, Radoine Mebarki fait la promotion de ce nouveau système en espérant semer de petites graines au sein des entreprises et faire germer de nouveaux modes de fonctionnement.