Le PDG de la SNCF, Jean-Pierre Farandou, assume la fin des lignes à bas coût Ouigo entre Nancy et Paris. Invité de l'émission politique “Le Grand Jury” ce dimanche, il a répondu directement au maire de Nancy, Mathieu Klein, qui refuse que la ville devienne un "cul-de-sac ferroviaire".
Après l’annonce de la suppression des lignes à bas coût Ouigo entre Nancy et Paris pour le mois de décembre, le mécontentement des usagers et des élus nancéiens est remonté jusqu’au PDG de la SNCF. Invité de l'émission politique “Le Grand Jury” (RTL - Le Figaro - LCI) dimanche 12 septembre 2021, le PDG de la SNCF, Jean-Pierre Farandou, s'est adressé directement au maire socialiste de Nancy, Mathieu Klein.
Suppression de la ligne OUIGO entre Paris et Nancy : "il sera remplacé par un TGV INOUI. C'est l'art de faire monter des polémiques", répond Jean-Pierre Farandou au maire de Nancy, Mathieu Klein #LeGrandJury pic.twitter.com/edGZ5B2MQK
— Le Grand Jury (@LeGrandJury) September 12, 2021
L’annonce de la suppression des trains “low cost” Ouigo a fait bondir les élus locaux et les usagers qui interpellent la SNCF depuis début septembre. Trop peu rentables et sous-fréquentés, selon la compagnie ferroviaire, les trains Ouigo entre Nancy et Paris doivent cesser de circuler d’ici la fin de l’année. D'autres trajets, plus haut de gamme et donc plus chers, seront proposés. Une décision vivement critiquée par les usagers et les élus locaux comme le maire de Nancy (PS), Mathieu Klein.
La SNCF a une responsabilité publique. (...) La période du Covid a certes impacté la fréquentation des trains mais ne me faites pas croire qu’en temps normal cette ligne n’est pas empruntée. J’espère que la SNCF a une solution à nous proposer. Je refuse que Nancy soit un cul-de-sac ferroviaire.
Après une lettre envoyée le 2 septembre 2021, restée sans réponse, le maire de Nancy a interpellé le PDG de la SNCF dans un message vidéo. “À quand une réunion pour inventer ensemble de vraies solutions ferroviaires pour notre territoire?”, lance Mathieu Klein. L’élu nancéien rappelle au PDG que le Grand Nancy est “la deuxième aire urbaine étudiante de France”, avec ses 55.000 étudiants, et regrette la suppression des trains de nuit en 2016 ainsi que la dégradation des liaisons vers Lyon, qui se réduisent à “peau de chagrin”. “La situation de la Lorraine est difficile. La SNCF a une responsabilité publique. (...) La période du Covid a certes impacté la fréquentation des trains mais ne me faites pas croire qu’en temps normal cette ligne n’est pas empruntée. J’espère que la SNCF a une solution à nous proposer. Je refuse que Nancy soit un cul-de-sac ferroviaire”, réitère Mathieu Klein ce lundi 13 septembre.
Ce cas est intéressant, on n'est pas dans le service public là, il ne faut pas tout mélanger, c'est le risque propre de la SNCF. Il y a eu des confinements et le trafic a baissé très fortement sur Nancy. On a adapté l'offre, on n'allait pas faire circuler des trains vides.
Dimanche 12 septembre, le PDG de la SNCF, Jean-Pierre Farandou, invité de l'émission politique “Le Grand Jury” (RTL - Le Figaro - LCI), assumait pleinement sa stratégie. Le PDG de la SNCF Jean-Pierre Farandou n’a pas mâché ses mots: “La réunion, c'est quand veut le maire socialiste de Nancy! (...) SNCF Voyageurs est prêt à se rendre à Nancy pour discuter avec les élus et avec la Région. (...) Ce cas est intéressant, on n'est pas dans le service public là, il ne faut pas tout mélanger, c'est le risque propre de la SNCF. Il y a eu des confinements et le trafic a baissé très fortement sur Nancy. On a adapté l'offre, on n'allait pas faire circuler des trains vides. (...) C’est notre devoir de management de l’entreprise de le faire. Le fameux Ouigo qui a été supprimé, on le remplace par un TGV Inoui et on peut avoir accès à des prix importants. Franchement, là c'est l'art de faire monter des polémiques. Pas de problème pour organiser une réunion avec l'ensemble des élus mais que l'on considère bien qu'il y a une réforme de la SNCF, nous sommes en société anonyme (SA). Nous devons faire attention à notre résultat, nous devons faire attention à notre dette. On ne peut pas demander tout et n'importe quoi à l'entreprise”.
Nancy est une ville universitaire importante, avec la suppression des Ouigo, c’est un cumul de handicaps. Les Ouigo sont un véritable succès commercial en temps normal, or le bilan SNCF a été fait en pleine période de Covid.
Pour Louis Blaise, président de l'AUT Lorraine (Association d'Usagers des Transports), membre de la FNAUT Grand Est, la situation est inquiétante: “C’est une mauvaise nouvelle pour les usagers, l’offre est déjà réduite avec sept TGV seulement dans la journée. Nancy est une ville universitaire importante, avec la suppression des Ouigo, c’est un cumul de handicaps. Les Ouigo sont un véritable succès commercial en temps normal, or le bilan SNCF a été fait en pleine période de Covid. Nous, usagers, nous sommes mal à l’aise, l’information est descendante, cette question n’a jamais été évoquée lors de nos réunions. L’offre ferroviaire dans la région devient catastrophique. Pourtant le réseau du Grand Est est l’un des plus importants, on a des opportunités qu’on ne valorise pas”.
Le Parti communiste, quant à lui, a lancé une pétition contre la suppression des Ouigo qui rassemble déjà plus de 4.000 signatures.