Face à la hausse globale des prix de l’énergie et notamment du gaz, le bois résiste et constitue une alternative économique pour de nombreux foyers. Résultat : le secteur de vente de poêles à bois et de bois est en plein boum. Exemple dans le Grand Nancy.
La hausse des prix du gaz (+8,7 %) pour le gaz domestique au premier septembre profite au secteur du chauffage au bois. Et même si cette envolée tarifaire sans précédent a été bloquée par le premier ministre jusqu’en avril 2022, les foyers cherchent des solutions pour se chauffer moins cher, d’autant qu’une hausse des prix de l’électricité conséquente est elle aussi attendue en février 2022 d’après la Commission de Régulation de l’Energie.
"C’est l'horreur, les gens s’affolent depuis les annonces à la télé, je n’arrive plus à suivre" nous confirme Florence Gascouin qui vend des poêles à bois chez Invicta Shop à Pulnoy, près de Nancy (meurthe-et-Moselle). "J’ai 10 demandes de devis de poêles par jour contre 2 ou 3 habituellement à cette période de l’année. Ils veulent tous des devis à cause de la hausse des prix du gaz, c’est ce qu’ils me disent, et les annonces de blocage des prix n'y ont rien changé" précise la commerciale.
L’entreprise Piskorski spécialisée dans la vente de bois de chauffage, installée dans la Meuse a elle aussi enregistré de nouveaux clients cette année.
Pour certains ménages, un poêle est devenu un investissement pour pallier à l'augmentation du prix du gaz et de l'électricité
"La demande est en pleine expansion avec des personnes qui viennent de s'équiper en poêles à bois, ça commence à être tendu en approvisionnement. Pour certains foyers, s'équiper d'un poêle à bois, c’est vraiment un investissement pour pallier à l’augmentation du prix des énergies fossiles et de l’électricité. Il y a aussi ceux qui passent de la chaudière au fioul à la chaudière à granulé avec les aides à la transition écologique", nous explique Arnaud Huin, responsable d’agence Bois-énergie chez Piskorski pour le Grand Nancy.
Pas de pénurie à l’horizon pour autant car cette entreprise d’exploitants forestiers meusiens s’approvisionne en local et réalise le séchage sur place, le bois peut donc être vendu rapidement dans la foulée.
"Nos prix ont légèrement augmenté avec l’augmentation des charges, mais cela reste minime, de l’ordre de 2 à 3 euros pour un double stère, et cela reste compétitif par rapport aux autres énergies", précise Arnaud.
Les atouts du chauffage au bois
Le chauffage au bois présente de nombreux avantages économiques et écologiques, à condition d'avoir des équipements aux normes :
- Le prix du bois reste stable et en deçà des prix du gaz et de l'électricité, c'est le premier atout. D'après une étude d'Effy pour 2020, la facture moyenne d'un ménage se chauffant au bois était de 1.147 euros par an en moyenne contre 1.777 euros pour un chauffage électrique.
- Les aides de l'état constituent un deuxième facteur de motivation à l'achat d'un poêle à bois ou d'une chaudière à granulés grâce à La prime énergie et MaPrimeRénov'
- L'aspect local et environnement, la plupart des poêles fonctionnant aux granulés de bois séduit également. Les pellets sont en effet fabriqués en France à partir de petits morceaux de bois et de résidus de sciage.
Pas de hausse des demandes sur le chauffage au bois en revanche au niveau de l'ALEC, l'Agence Locale de l'Energie et du Climat de Nancy qui constate par contre une hausse des demandes sur la fin des tarifs réglementés d’énergie, l’augmentation des tarifs et les changements d’offres.
D'après Bérenger Birkel, conseiller à l'ALEC Nancy, plusieurs raisons peuvent expliquer que les foyers ne cherchent pas à en savoir plus sur ce mode d'énergie pour l'instant : "La difficulté de remplacer un système de chauffage central au gaz par un poêle à bûches ou granulés. Les systèmes de chauffage central au bois (chaudières à bûches ou chaudières granulés) sont peu connus, peu proposés par les professionnels et encore assez cher à l’achat (malgré des aides très intéressantes), ces systèmes de chauffage central au bois sont concurrencés par la Pompe à Chaleur dite air/eau qui a le vent en poupe (et pourtant qui ne s’adapte pas toujours au logement)".
Pour cette année, la vente de 190.000 poêles à bois était prévue par les professionnels, ce serait 30.000 de plus qu'en 2019. 25.000 chaudières à bois pourraient également trouver preneur contre 14.500 il y a deux ans.