Science : un exosquelette pour les sapeurs-pompiers, on vous explique comment cela pourrait fonctionner

Grâce à un exosquellete, les sapeurs-pompiers seront-ils bientôt des "hommes augmentés" ? Le SDIS de Meurthe-et-Moselle et l’Université de Lorraine y travaillent. Ensemble, ils cherchent à mettre au point un ou des exosquelettes pour faire face à certaines des missions des soldats du feu.

Le sapeur-pompier du futur sera un homme augmenté. N’allez pas imaginer Iron Man ou tout autre super-héros Marvel combattant les flammes. L’exosquelette actuellement en cours de recherche à Nancy (Meurthe-et-Moselle) vise d’abord comme nous l’explique Lionel Robert, commandant au SDIS 54 (Service départemental d'incendie et de secours) "à répondre à certaines missions pour renforcer l’endurance et la précision et pour préserver le capital santé du pompier."

"On a réfléchi aux missions qui mériteraient d’être appareillées" ajoute-t-il, "et pour lesquelles on aurait besoin de solutions à court terme : la désincarcération, le brancardage, le transport à dos d’homme en milieu escarpé."

Actuellement, il existe des exosquelettes "passifs " dont le but est de limiter la survenue de troubles musculosquelettiques. L’étude est menée, par le SDIS 54 et plusieurs laboratoires de l'Université de Lorraine : le LORIA (Laboratoire Lorrain de Recherche en Informatique et ses Applications) ;  le laboratoire DevAH affilié à STAPS, sciences du sport et du mouvement avec une expertise en biomécanique, et PErSEUs, pour la partie ergonomique cognitive et  acceptabilité de l'utilisateur, cherche à aller plus loin.  

C’est un véritable défi technologique

Pauline Maurice, chargée de recherche CNRS au Loria (CNRS, Inria, Université de Lorraine)

Le projet qui a débuté il y a deux ans, après une visite du commandant Lionel Robert à l’INRS (Institut national de recherche et de sécurité), est encore dans sa phase exploratoire. Au LORIA, Pauline Maurice, chargée de recherche CNRS au Loria (CNRS, Inria, Université de Lorraine) s’attache dans un premier temps à caractériser les gestes. Elle nous explique : "Cette caractérisation se fait  en collaboration avec Guillaume Mornieux de DevAH et Sophie Lemonnier de PErSEUs. On a commencé à travailler sur la désincarcération. Pour nous, les impératifs sont de trouver la zone du corps qu'il faut assister en priorité et identifier les contraintes en termes d'encombrement et de mouvement. Nous ne sommes pas sur un terrain industriel où l’exosquelette vient soulager un geste répétitif. Ici, il y a une grande variabilité des gestes."

La scientifique se rend sur le terrain avec son équipe pour analyser les gestes lors de séances spécifiques. "Les postures vont être différentes en fonction de l’action. Si le pompier doit découper une voiture qui est sur la route ou dans un fossé sur le côté, les gestes ne sont pas les mêmes. Le brancardage se fera en fonction du poids de la victime, de la configuration des lieux : escaliers, exiguïté, etc. Actuellement, les exosquelettes qui marchent le mieux sont ceux qui sont dédiés à un seul geste. Il faut d’abord identifier les gestes à assister de manière prioritaire. Il faut aussi un système compatible avec les interventions en extérieur.

Il faut prendre en compte les intempéries, par exemple. Il faut aussi garder de l’agilité pour pouvoir se dégager rapidement en cas de danger. Dans le cas d’une désincarcération, ils ont leur tenue de feu. Il faut donc que cela soit aussi compatible avec leur équipement. Il y a un ensemble de contraintes. Plus on veut un système versatile pour assister plusieurs mouvements différents, plus l’exosquelette risque d’être lourd. Car il faut des articulations et des moteurs pour chacune des directions. C’est un véritable défi technologique."

Le LORIA n’est pas concepteur d’exosquelettes, mais il peut aider à établir le cahier des charges pour coller le mieux possible aux missions des sapeurs-pompiers, comme l'explique Pauline Maurice : "Dans un premier temps, on a fait la caractérisation du geste. Ceci nous a permis identifier quelques exosquelettes du marché qui pourraient aller dans la bonne direction. On en a testé un l'été dernier, pour voir ses apports et ses limites. C'est ça qui va nous permettre d'établir un cahier des charges plus précis des besoins".

"Un exosquelette modulaire" qui permettrait aux pompiers d'être véritablement "augmentés" dans des situations variées n’est pas pour tout de suite. Un premier prototype pourrait peut-être s’envisager d’ici quatre ou cinq ans. En tout cas, c'est ce qu'espère le commandant Lionel Robert du SDIS 54. 

Le but est que ce qui pourra émerger ici, pourra servir à tous en France, en Europe, et même au niveau international

Lionel Robert, commandant au SDIS 54

Lionel Robert, commandant au SDIS 54 est optimiste : " C’est dans notre ADN d’inclure dans nos pratiques de nouvelles technologies, de nouvelles missions. Les drones sont arrivés assez rapidement chez les pompiers. Les premiers retours que nous avons sont plutôt positifs. D’ailleurs, nous partageons avec nos collègues pompiers sur le reste du territoire français cette expérience que nous menons. Le but est que ce qui pourra émerger ici, pourra servir à tous en France, en Europe, et même au niveau international."

Désormais, le projet pourrait être porté au niveau européen. Ceci permettrait d'accélérer la recherche pour mettre au point une technologie de pointe au service des pompiers et donc des usagers.

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