Depuis quelques semaines, des particuliers rénovent, eux-mêmes, l’église du village de Messein en Meurthe-Moselle pour pouvoir y faire baptiser leur futur bébé. Une initiative, qui a beaucoup séduit le maire, qui leur fournit le matériel.
On savait que les Français sont de plus en clin à faire de la rénovation eux-mêmes. Mais c’est une histoire étonnante qui se déroule à Messein en Meurthe-et-Moselle. Un couple a entrepris la rénovation de la petite église du village depuis début janvier 2024. Jean-Louis et Marie-Lorraine, son épouse, attendent un heureux événement pour la mi-février et souhaitaient faire baptiser leur futur enfant dans l’église en face de laquelle ils habitent. Ils ont proposé au maire de redonner vie au lieu qui n’est plus très utilisé.
Marie-Lorraine nous raconte : "Cela faisait deux ans que l'on habitait en face. On était triste de voir cette église utilisée uniquement pour les enterrements. Mon mari a eu cette idée de proposer à la mairie de la rénover. J’étais partante." Le couple n'est pas spécialement qualifié en travaux, mais la tâche ne l’effraie pas. "J'ai la chance de faire partie d'une grande famille", nous raconte Marie-Lorraine. "La première semaine, ils sont venus nous aider et ils continuent depuis. Il n'y a pas de gros travaux, essentiellement du ponçage, de la peinture et du nettoyage. On est aussi bien encadré et aidé par des gens qui s'y connaissent pour le reste." Marie Lorraine continue d'intervenir sur place. "Évidemment, je ne monte pas sur les échafaudages. Je me contente de faire les choses, que je peux encore faire avec un gros ventre."
De son côté, Daniel Lagrange, le maire de Messein, n’y a pas vu pas d’inconvénient. Il nous raconte : "J’ai reçu une jolie lettre qui proposait de rénover l’église. J’ai soumis le projet au conseil municipal qui a validé l’idée. Avec la lettre, il y avait une liste de matériel que nous avons acheté. Il y a l’initiateur du projet et avec lui deux amis qui ont proposé de se lancer dans cette rénovation. La mairie a lancé un appel à bonnes volontés et plusieurs personnes du village ont répondu : Serge, un ancien menuisier à la retraite, a proposé ses services tout comme Michel qui lui se charge de l’orfèvrerie".
Les travaux ont commencé la première semaine de janvier, le week-end. La mairie a investi moins de 4.000 euros.
4 m³ de fientes de pigeons
L’édifice est en bon état, c’est un simple rafraîchissement même s’il a fallu évacuer 4 m³ de fientes de pigeons, accumulées dans le clocher pour commencer. "Il y avait surtout des soucis d’humidité et de nettoyage", nous indique le maire. Les travaux de peinture et de remise au propre constituent l'essentiel du chantier.
La dernière restauration a eu lieu dans les années 2000. Mais depuis, l’église ne servait que pour les enterrements. L’édifice de départ est difficile à dater. Dans son ouvrage, "Messin des origines à nos jours", Jean-Paul Lagadec, historien local écrit : "quelques dates, glanées dans les archives locales, nous autorisent à avancer la période fin 17ᵉ, début 18ᵉ pour des travaux importants. En effet, la sacristie a été construite en 1736, en s'appuyant sur les murs de la chapelle et de l'église, qui sont donc antérieurs à cette date. L’église actuelle serait ainsi due aux Dubois de Fretières ou à la Belle de Ludres. La chapelle seigneuriale, enfin, était nécessairement dans un état convenable pour la célébration des funérailles d’Antoine de Fretières et de son épouse à la fin des années 1680".
Un nouveau souffle pour l’édifice
"Si l’édifice revit, je ne demande que cela", explique Daniel Lagrange, enchanté de cette initiative. Il entend poursuivre l’aventure. "On pourrait lancer un mouvement participatif et rénover les extérieurs avec l’aide des habitants. Ainsi, ce lieu, pourrait à nouveau être utilisé, y compris pour des événements culturels". Un contact a déjà été pris avec le curé de l’église de la commune voisine, Neuves-Maisons.
Il reste encore quelques week-ends de travaux pour l'équipe de bénévoles, emmenée par Jean-Louis et Marie-Lorraine, avant le baptême prévu en mars. Le bébé, lui, ne devrait plus tarder.