Jardinage : les plantes sobres en eau sont-elles utiles dans nos jardins

Même si ce printemps et cet été 2024 ont apporté leur lot de pluie suffisant pour arroser les jardins, il est utile de prendre du recul et d'imaginer nos jardins de demain. Au gré des aléas du changement climatique et des épisodes de sécheresses récurrents. Penchons-nous sur les plantes sobres en eau et leur utilité selon votre configuration de jardin.

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C'est encore un défi écologique contradictoire qui n'a pas fini d'alimenter les débats. Devant le dérèglement climatique, faut-il favoriser la replantation de plantes de steppes dans les zones urbaines ou faut-il au contraire rendre aux sols leur fertilité et améliorer leurs réserves d'eau qui ne semblent pas inépuisables ? 

Pour les collectivités, le dilemme est assez simple à résoudre : Il s'agit avant tout de remettre de la nature au cœur des cités : fleurir des ronds-points, des cours d'école, des parcs tout en ne surchargeant pas les équipes des espaces verts et en ne faisant pas exploser les budgets de consommation d'eau pour l'arrosage. Ces zones de nature au cœur des villes sont d'autant plus importantes qu'elles apportent de la fraîcheur dans un environnement bétonné.
Aussi de nombreuses villes promeuvent le recours aux plantes "sobres en eau" ou devrait-on dire "sobres en arrosage".

Eric Charton, expert jardinier, chroniqueur du podcast "on sème fort", tout en étant un fervent défenseur de la nature, nous décrypte la complexité d'un tel raisonnement.
Et s'il le juge utile pour les communes bétonnées, il est moins convaincu de l'intérêt du recours à ces plantes pour nos jardins. Et cela va de soi, mais cela va mieux en le disant, cela ne concerne en aucun cas votre potager, qui va toujours nécessiter un arrosage régulier, mais moins fréquent.

Observer, toujours observer

Quelles sont les espaces naturels qui reçoivent peu d'eau ? Et comment réagissent-ils ?
Si l'on schématise à l'extrême, les zones les moins pluvieuses sont concentrées dans le Sud de la France et sur certaines zones montagneuses arides. Les plantes y ont développé des stratégies d'optimisation du peu d'eau qu'elles reçoivent. 

Tous les espaces naturels sont arrivés à l'équilibre en constituant des strates arborescentes et arbustives, alternées de prairies fauchées ou laissées libres. La moindre goutte d'eau y est exploitée et participe à fabriquer son propre climat. L'arbre garde peu d'eau et le restitue au milieu qui l'entoure, alimentant les végétaux en dessous de lui. La matière organique, quant à elle, maintient l'humidité et contribue à enrichir le sol en humus. Le sol y est vivant, poreux, fertile. Petit à petit, le milieu de vie s'équilibre pour atteindre ce que les scientifiques appellent un climax. La nature trouve seule un équilibre en relation avec son climat, son sol et même la faune qui l'entoure.

Dans le Sud de la France en revanche, la flore est restée près du sol et a favorisé la garrigue. Ces plantes-là se sont adaptées à la faible quantité d'eau qu'elles reçoivent et sont donc peu gourmandes en arrosage. 

La première question à vous poser, c'est donc : habitez-vous dans le Sud de la France ? Si la réponse est oui, alors vous avez raison de vous intéresser à ce thème. En revanche, si vous résidez dans l'Est de la France, quel est l'intérêt de planter de la flore ou des arbustes peu gourmands en eau ? Si c'est juste pour limiter votre consommation d'eau, il existe des alternatives assez simples à mettre en œuvre. Améliorez la fertilité de votre sol, investissez dans des bacs récupérateurs d'eau de pluie et votre facture vous dira merci. La question à vous poser, c'est vous faut-il absolument des plantes sobres en eau parce que votre jardin le nécessite ou souhaitez-vous des plantes sobres en arrosage pour alléger votre facture d'eau ?

Et de plus près ça donne quoi ?

Penchez-vous sur votre espace de jardin : est-il spacieux, avec peu de zones bétonnées ? Prenez-vous soin de votre sol, l'amendez-vous régulièrement, n'y mettez-vous aucun pesticide ou engrais de synthèse ? En un mot comme en cent, avez-vous, au fil du temps, obtenu un sol de qualité, profond, aéré ?  Si la réponse est oui, chaque goutte de pluie y sera optimisée par les plantes. Nul n'est besoin de choisir des plantes sobres en eau. Laissez libre cours à vos envies en respectant les caractéristiques des plantes (rusticité, ensoleillement…). Elles sauront trouver dans la profondeur du sol et dans les pluies naturelles la plupart de leurs besoins. Si des périodes de sécheresse durent, il faudra bien sûr verser de ci de là un arrosoir par précaution, mais rien de plus. 

Vous pouvez néanmoins donner un petit coup de pouce aux plantations en les répartissant en bosquets et massifs, qui conservent mieux l'humidité. Comme dans les milieux naturels.

Pour votre gazon, préférez un gazon rustique, voire laissez s'épanouir des prairies de fauche qui deviennent fleuries en les fauchant à l'automne et en exportant le déchet de fauche. 

Les plantes couvre-sol sont également un excellent moyen de garder l'humidité de la terre. Pourquoi ne pas remplacer certaines surfaces engazonnées peu fréquentées par la plantation de serpolets ?

Si vous plantez des haies, imaginez-les sur plusieurs rangées qui viendront s'épauler contre les vents et se faire de l'ombre mutuellement. Évitez d'isoler vos plants. Un arbre, un arbuste seul dans une étendue de gazon se fragilise. L'idée à retenir c'est de constituer des masses végétales, qui à leur tour vont protéger le sol de l'évaporation en créant de l'ombre, puis à l'automne, de l'alimenter avec les feuilles en décomposition. Car là où il y a de l'humus, il y a de l'humidité, et moins le point de flétrissement permanent est atteint. Une sorte d'autarcie végétale et hydrique. On réinvente la nature, quoi !

Laisse béton

C'est l'ennemi numéro un du jardinier : le béton qui imperméabilise les sols et facilite leur érosion. Le second ennemi étant le sol nu qui n'est protégé en rien des rayons du soleil (Ce qu'on évalue par l'effet d'albédo).

Si vous possédez un tout petit espace de jardin, coincé entre murs, terrasses et allées bétonnées, vous êtes les seuls vraiment concernés par le choix des plantes sobres en eau. Il va falloir vous pencher sur les catalogues de plantes et feuilleter les pages des steppes*, ou de la garrigue, ou laisser nos belles spontanées : absinthe, achillée millefeuille, fenouil, vipérine, thym, du serpolet et autres plantes aromatiques. Votre sol est trop resserré au milieu de tout ce béton, il est peut-être même peu profond et seules les plantes adaptées à ces conditions difficiles pourront s'y maintenir. En plus grand, votre espace jardiné est comme un vaste pot de fleur. La terre y est vite sèche et compactée, les arrosages doivent être fréquents et les matières organiques n'y viennent pas naturellement. Comme pour une plante en pot, il va falloir amender et enrichir la terre, veiller à ce qu'elle ne sèche pas et la renouveler régulièrement. Il devient là indispensable de choisir des plantes sobres en eau, car peu de plantes résistent à ces conditions, à moins d'un entretien trop rigoureux. 

En clair et en résumé, ne cédez pas aux tendances, posez-vous les questions de l'usage de votre jardin : un petit bout de nature ou un terrain de foot (Terrain empoté) ? Un espace à partager avec la biodiversité ou un jardin de bagnard pour casser du caillou (minéral quand tu nous tiens) ? Toutes vos idées sont les bonnes et certaines respectent plus la nature que d'autres. Sobriété aqueuse pourquoi pas, mais d'abord pourquoi ?

(*)  Plante des steppes — espèces d'espaces ouverts tolérants à la sécheresse (liste non exhaustive) • Fin d’hiver et floraison printanière Iris (Groupe Iris Germanica), Iris reticulata, Narcissus jonquilla, Pulsatilla vulgaris, Tulipes sauvages (Tulipa humilis, T.urumiensis, T. tarda)  

• Floraison de fin de printemps et début d'été Achnatherum calamagrostis, Allium flavum, Anemone sylvestris, Artemisia abrotanum, Artemisia, Centaurea pulcherrima, Dictamnus albus, Eremurus, Euphorbia polychroma et E. myrsinites, Lavandula angustifolia, Linum perenne, Stipa barbata, Salvia sclarea, Stipa gigantea et S. pulcherrima 

• Floraison pour la fin de l'été et d'automne Agastache foeniculum, Amorpha canescens, Andropogon gerardii, Aster oblongifolius, Gaillarda aristata, Echinacea purpurea, Liatris aspera, Monarda fistulosa, Penstemon hirsutus, Sporobolus heterolepis 

Article initialement publié le 19 février 2022

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