L'Abbé Pierre accusé de violences sexuelles : la ville de Nancy retire sa plaque en hommage au créateur d’Emmaüs

La plaque commémorative avait été dévoilée il y a quelques mois seulement à Nancy. Après les dernières révélations contre l'Abbé Pierre, relatant des violences sexuelles et notamment des viols commis par le créateur d’Emmaüs, la mairie de Nancy a annoncé son retrait imminent.

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"Toi qui souffres, qui que tu sois, entre, dors, mange, reprends espoir, ici on t’aime", peut-on lire sur la plaque commémorative, située au 55 rue des Dominicains à Nancy (Meurthe-et-Moselle). Ces mots sont ceux de l’Abbé Pierre, lors de son célèbre appel à la solidarité et l’humanité envers les plus démunis, le 1ᵉʳ février 1954 sur Radio Luxembourg. Soixante-dix ans plus tard, en février 2024, la ville de Nancy dévoilait cette plaque à l’endroit précis où Henri Grouès (le nom à l’état civil de l’Abbé Pierre) tenait sa permanence parlementaire, lorsqu’il était député de Meurthe-et-Moselle, entre 1945 et 1951. Quelques mois après, des révélations concernant des viols et des violences sexuelles viennent ternir le mythe de l'Abbé Pierre. La plaque va être retirée dans les prochains jours.

24 femmes accusent le prêtre de violences sexuelles

Baisers imposés, fellations forcées, propos à caractère sexuel... Le religieux, mort en 2007 à l’âge de 94 ans, est accusé par plusieurs femmes d'avoir commis des violences sexuelles et notamment des viols entre 1970 et 2005, selon deux rapports commandés par Emmaüs. "En juillet dernier, Emmaüs International, Emmaüs France et la Fondation Abbé Pierre ont rendu public le travail d'écoute de personnes faisant état d’agressions sexuelles commises par l’Abbé Pierre. Depuis, de nouveaux témoignages renvoyant à des faits très graves ont été recueillis. Dix-sept personnes témoignent de violences sexuelles commises par l’Abbé Pierre. Parmi elles, plusieurs personnes étaient mineures au moment des faits. Ces témoignages viennent s’ajouter aux sept rendus publics au mois de juillet", indique sur son site la Fondation Abbé Pierre.

La société française change, lentement, trop lentement, mais désormais des actes longtemps tolérés, ou du moins ignorés, sont jugés intolérables et de plus en plus sanctionnés

Ville de Nancy

Dans ce contexte, le maire socialiste de la cité ducale, Mathieu Klein, a annoncé que la plaque en hommage au défenseur des déshérités et des sans-logis, située en plein centre-ville de Nancy, allait être décrochée dans les prochains jours. "Compte tenu de ces graves révélations, la Municipalité de Nancy a donc décidé du retrait définitif de la plaque en la mémoire de l’Abbé Pierre. Cette décision ne constitue pas une remise en cause de l’engagement et de la générosité des membres d’Emmaüs, engagés pour une société plus juste et plus humaine. La société française change, lentement, trop lentement, mais désormais des actes longtemps tolérés, ou du moins ignorés, sont jugés intolérables et de plus en plus sanctionnés", indique le communiqué.

Nous ressentons une immense déception face au visage de cet homme qui représentait une action si importante dans notre société

Claude Ellena, président de la communauté Emmaüs 54

Pour Claude Ellena, le président de la communauté Emmaüs 54 (Meurthe-et-Moselle), les nouveaux éléments qui viennent corroborer les actes de l'Abbé Pierre sont particulièrement graves : "Ces éléments viennent entacher à raison, l'image de l'homme mais aussi l'image de la communauté Emmaüs. Nous ressentons une immense déception face au visage de cet homme qui représentait une action si importante dans notre société. Par le retrait de cette plaque, nous souhaitons apporter notre soutien aux victimes et à leurs familles. Malgré tout, nous nous devons de poursuivre l'action qui est désormais la nôtre. Celle de l'action contre une précarité et une exclusion exponentielle".

Je ne l’ai jamais idolâtré mais je retiens son œuvre, ce qu’il a fait pour que l’on traite les pauvres autrement

Jean-Luc Ferstler, prêtre et fondateur d’Emmaüs Forbach

Jean-Luc Ferstler est prêtre et fondateur d’Emmaüs Forbach (Moselle). Il revient sur l'idolâtrie autour de l’Abbé Pierre, qu’il a bien connu : "L’Abbé Pierre était un confrère, un compagnon de route. J’ai connu son œuvre avant de connaître l’homme. J’ai rapidement senti en lui une très grande souffrance. Je regrette simplement que les personnes qui étaient au courant de ses agissements n’aient pas réagi avant, pour ne pas casser l'idole. Je considère d’office que ces révélations sont certainement vraies mais il ne faut pas en faire un moins que rien. Je ne l’ai jamais idolâtré mais je retiens son œuvre, ce qu’il a fait pour que l’on traite les pauvres autrement. L’essentiel, c’est le message qu’il nous a laissé".

Figure emblématique de la lutte sociale, l'Abbé Pierre a longtemps été l'une des personnalités préférées des Français. Désormais décrit comme un prédateur sexuel, il voit son image se dégrader. La Fondation Abbé Pierre a décidé de changer de nom et a confirmé la fermeture définitive du lieu de mémoire dédié au prêtre à Esteville (Seine-Maritime).

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